Recueil des notices et mémoires de la Société Archéologique de la Province de Constantine (Sér. 2,4=14.1870)

Harous, chez les Berii-Meslem, le bey, harcelé sans inter-
ruplion par une vive fusillade, fut arrêté par de nou-
veaux conlingenls bien plus nombreux que les premiers :
c'élaient les Oulad-Aïdoun, les Achache, les Mechat et
antres, qui, malgré leurs récentes promesses pacifiques,
avaient fait défection de nouveau et accouraient au bruit
de la poudre. Un seul passage restait libre : celui du
Khenag-Alihem, où existe un gouffre vaseux nommé Bou-
R'eddar. Ce défilé est formé par un resserrement de la
vallée de l'oued El-Keblr (bas Boumel), qui a plusieurs
kilomètres de longueur, où les montagnes se rapprochent
au point de ne laisser entre elles que le lit de la rivière.
A droite et à gauche, s'étage une succession de collines
abruptes, dont les flancs sont couverts de chênes très
touffus, de taillis impénétrables, parsemés de bouquets
d'oliviers, contraste d'une nature sauvage et d'une riche
nature. Le sentier qui mène dans celte gorge est coupé
à chaque pas par les éboulements qu'occasionnent les
eaux d'une infinité de ravins latéraux. Taillé en corniche,
tantôt sur une rive et tantôt sur l'autre, il côtoie les ber-
ges schisteuses de la rivière, qu'on est obligé de traver-
ser à plusieurs reprises sur des gués de sable mouvant et
de vase qui se déplacent chaque hiver. Ce sentier s'élève
parfois sur les contreforts ou au milieu des bois, en dé-
crivant de nombreux zig-zags, et redescend ensuite au
niveau des eaux de la rivière qui le submergent. Le gouf-
fre dangereux, justement appelé Bou-R'eddar, le perfide,
touche à l'un des principaux gués.

C'est dans le Khenag, qui déjà extrêmement difficile
par sa nature même, l'avait élé rendu encore davantage
par tous les obstacles préparés par les Kabiles, tels que