Recueil des notices et mémoires de la Société Archéologique de la Province de Constantine (Sér. 2,4=14.1870)

tranchées et abatis d'arbres, que la colonne turque eul le
malheur de s'engager. Elle se vil bientôt entourée de tou-
tes parts d'un cercle de combattants acharnés et souvent
invisibles, qui l'enveloppaient, disent les chroniques indigè-
nes dans leur langage imagé, comme une meule de moulin.

La fusillade, tombant comme grêle sur cette masse
confuse et éperdue, cause un affreux désastre; cavaliers
et fantassins glissent, trébuchent et s'enfoncent dans la
vase, impuissants contre un ennemi embusqué et hors
d'atteinte, qui les fusille et les lapide sans relâche de
droite et de gauche. Le Bou-R'eddar est bientôt couvert
de cadavres. Osman-Bey s'efforce de rétablir l'ordre ; mais
son cheval, meurtri par les pierres et les troncs d'arbres
que les Kabiles font dégringoler avec fracas de la mon-
tagne, devient furieux, s'emporte et roule aussi dans le
bourbier, frappé d'une balle au poitrail. La situation de
la colonne turque était déjà des plus critiques ; mais la
mort de son chef mit le comble à la déroule: cavaliers
ou asker, fuyent clans toutes les directions, jetant leurs
armes pour s'alléger.

Tue, tue ! point de quartier ! vociférait au milieu du
tumulte la voix stridente du farouche Zebouchi ; et les cris
aigus des femmes, encourageant leurs maris, se mêlaient
au tumulte. Les Kabiles, se levant de tous côtés en pous-
sant des hurlements sauvages, barraient toutes les issues
par lesquelles les Turcs auraient pu s'échapper, a Ce fut
une immense boucherie, me racontait sur les lieux de
l'action un témoin occulaire; les chevaux se cabraient et
s'abattaient les uns sur les autres, écrasant leurs cavaliers
que nous assommions à coups de pierre ou de bâton;
très peu eurent le bonheur de se sauver : aussi cet endroit