nous fournit, encore des détails pleins d'intérêt sur les
circonstances qui précédèrent la mort de son chef, le
commandant Horain.
« Aux avant-postes devant Gigelli, le 18 mai 1839.
« Ah! frère, quel métier que le nôtre ! Depuis le 13
que je suis ici, que d'émotions diverses, que d'événe-
ments, que de douleurs poignantes. Tous lesjours, frère,
tous lesjours sans exception, pendant des cinq et six
heures de suite, des combats de géants ! car nous avons
eu affaire â au moins quinze cents hommes et deux fois
à quatre mille. Attaqués de toutes parts sur toute notre
ligne beaucoup trop étendue pour notre petit monde,
nous avons été obligés de charger à la baïonnette et
nous l'avons fait avec un élan, une vigueur, dignes d'un
plus grand théâtre. Livrés à nos propres ressources, nous
avons fait des miracles, et cela nous a donné de la fierté
dans l'âme. Ma compagnie a enlevé des positions cou-
vertes de Kabiles qui se battent corps à corps, qui mor-
dent à terre et meurent en frappant. Juge du combat
par la perte. Dans les journées du 15 et du 17, j'ai perdu
vingt voltigeurs. Mon sous-lieutenant est blessé... Ces Ka-
biles sont les soldats les plus braves de toute l'Afrique. Il
y en a qui sont venus sur nos pièces, et qui ont été tués
par la mitraille à dix pas. Le cadavre du père était tombé;
les deux fils se sont fait tuer dessus à coups de baïon-
nettes. Ce n'est déjà pas si sauvage; en civilisation, on ne
fait pas mieux que cela..... A l'exception de l'assaut de
Constantine, je n'ai rien vu de comparable aux combats
que nous livrons ici.
Depuis le 13, je ne me suis pas couché, je n'ai pas
circonstances qui précédèrent la mort de son chef, le
commandant Horain.
« Aux avant-postes devant Gigelli, le 18 mai 1839.
« Ah! frère, quel métier que le nôtre ! Depuis le 13
que je suis ici, que d'émotions diverses, que d'événe-
ments, que de douleurs poignantes. Tous lesjours, frère,
tous lesjours sans exception, pendant des cinq et six
heures de suite, des combats de géants ! car nous avons
eu affaire â au moins quinze cents hommes et deux fois
à quatre mille. Attaqués de toutes parts sur toute notre
ligne beaucoup trop étendue pour notre petit monde,
nous avons été obligés de charger à la baïonnette et
nous l'avons fait avec un élan, une vigueur, dignes d'un
plus grand théâtre. Livrés à nos propres ressources, nous
avons fait des miracles, et cela nous a donné de la fierté
dans l'âme. Ma compagnie a enlevé des positions cou-
vertes de Kabiles qui se battent corps à corps, qui mor-
dent à terre et meurent en frappant. Juge du combat
par la perte. Dans les journées du 15 et du 17, j'ai perdu
vingt voltigeurs. Mon sous-lieutenant est blessé... Ces Ka-
biles sont les soldats les plus braves de toute l'Afrique. Il
y en a qui sont venus sur nos pièces, et qui ont été tués
par la mitraille à dix pas. Le cadavre du père était tombé;
les deux fils se sont fait tuer dessus à coups de baïon-
nettes. Ce n'est déjà pas si sauvage; en civilisation, on ne
fait pas mieux que cela..... A l'exception de l'assaut de
Constantine, je n'ai rien vu de comparable aux combats
que nous livrons ici.
Depuis le 13, je ne me suis pas couché, je n'ai pas