Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
— 302 —

la rouille et déchirées par les clous qui les suspendent
aux piliers de la mosquée.

Les épées sont noircies, non par le temps et l'oxyda-
tion, mais par la flamme et la fumée, pour cette cause
qu'il est de bonne dévotion, au temple des Ouled-Sidi-el-
Djoudi, de se servir des lames sacrées comme de broches
à rôtir les béliers et les boucs, lors des ouzea ou grands
festins religieux donnés solennellement en ce saint lieu.
Sur ma demande, et à la vue d'une gratification offerte
aux tolbas (car, en pays musulman, les accommodements
ne sont pas autrement faits avec le ciel), il m'a été fait
don de quatre des épées. Deux d'entre celles-ci sont des
glaives minces et effilés, de la longueur d'un mètre, non
compris la poignée à coquille, dont la forme appartient
aux siècles du moyen-âge. La troisième, fort simple et
très longue, est aussi une arme de cavalier : elle n'offre
que le médiocre intérêt de porter, près de la soie et sur
chaque plat de la lame, une légende latine indiquant,
d'un côté, la fabrique française de Klingenthal, et de
l'autre côté, le nom de l'armurier; ayant fait cadeau de
cette épée à M. l'interprète Ahmed Tounsi, et négligé de
prendre copie de ces légendes, je n'ose les fournir de
mémoire, dans la crainte de les tronquer. Quant à la
quatrième épée, représentée par la planche IV, je la
conserve très-soigneusement, avec l'intention de la re-
mettre à la famille de France qui me la réclamera comme
portant ses armoiries et sa devise; et ce jour, je serai
heureux d'avoir signalé et rappelé à la mémoire de notre
patrie le nom d'un vaillant guerrier qui, en 4664, a
combattu devant Djidjeli, pour la croix et la liberté de la
Méditerranée.
 
Annotationen