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point rare que les cavaliers d'un douar revinssent à l'im-
provisle en poussant des cris et en tirant des coups de
fusil; aussitôt que la poussière était aperçue au loin, les
bergers rentraient en hâte; on consultait les vieillards;
vite on abattait les tentes et l'on disposait tout pour la
fuite, jusqu'à ce que les arrivants fussent reconnus.

Ce n'est pas que l'indigène n'ait un grand attachement
pour sa tribu, s'il est nomade; pour la contrée qui l'a
vu naître, s'il est Tellien ; pour sa montagne, s'il est
Kabile : bien au contraire. Les indigènes craignent les sé-
parations, les voyages, plus qu'on ne saurait l'imaginer.
Séparés des leurs, ils ne lardent pas à souffrir de ce
mal incurable et indéfini, la nostalgie. Ils s'affaissent, se
démoralisent et, pour peu que la séparation continue, ils
meurent.

Depuis le commencement de cet ouvrage, nous n'avons
fait que constater des dissemblances entre le peuple con-
quis et le peuple conquérant.

Ces dissemblances, il faut les connaître et les étudier.

Le peuple conquérant s'est donné la glorieuse mission
de régénérer le peuple indigène. Pour cela, il faut qu'il
procède lentement, avec mesure, en tenant compte des
crises inévitables, des mécomptes, des malentendus, et
surtout, en évitant de bouleverser l'existence indigène
par un radicalisme exagéré. Il faut se défier des progrès
que le temps ne consacre pas, et craindre que cette
société, menacée dans les institutions, les usages qu'elle
considère comme sa force et la condition de son exis-
tence, n'aille se reformer ailleurs et amonceler sur nos
frontières la haine et la vengeance.

Semblable à une île, l'Algérie est isolé» au milieu du
 
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