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du Maghreb, et j'ai vu des gens qui ont tenté de les
découvrir.
Il y a à Tanger une grande rivière qui se jette dans
la mer et que remontent les navires; elle provient
des montagnes à l'ouest de cette ville et subit de
fortes crues qui enlèvent des maisons. Dieu sait mieux
la vérité +.
Açila était une grande et ancienne ville, florissante,
populeuse, bien fournie en produits de la terre, avec
un port fréquenté. Mais elle fut ruinée par l'attaque
des Madjoûs (Normands) qui, en sortant de la Grande
mer, trouvèrent cette ville en premier lieu et, débar-
quant dans le port, y détruisirent tout ce qu'ils purent.
Les Berbères alors se réunirent pour les combattre,
et la lutte dura jusqu'à ce qu'il ne restât rien de la
ville, d'autant plus que les indigènes étaient en proie
à des luttes intestines. Les Madjoûs, à ce qu'on
raconte, arrivèrent en cet endroit une (première) fois,
et comme les Berbères se réunissaient pour les com-
battre, ils leur tinrent ce langage : « Nous ne sommes
pas venus avec des intentions belliqueuses; mais
nous avons dans votre pays des biens et des trésors
qui nous appartiennent. Ecartez-vous donc jusqu'à
ce que nous les ayons déterrés, et nous les partage-
rons avec vous. » Les Berbères souscrivirent à cette
proposition et s'éloignèrent de l'endroit désigné. Les
Madjoûs y opérèrent des fouilles, [P. 26] ouvrirent
des silos remplis de millet et se mirent à l'en tirer.
Les Berbères, qui voyaient de loin la couleur jaune
de ce grain, crurent que c'était de l'or vierge et,
malgré l'engagement qu'ils avaient pris, s'empres-
sèrent d'accourir. Les Madjoûs s'enfuirent vers leurs
navires, et les indigènes, en ne trouvant que du millet,
du Maghreb, et j'ai vu des gens qui ont tenté de les
découvrir.
Il y a à Tanger une grande rivière qui se jette dans
la mer et que remontent les navires; elle provient
des montagnes à l'ouest de cette ville et subit de
fortes crues qui enlèvent des maisons. Dieu sait mieux
la vérité +.
Açila était une grande et ancienne ville, florissante,
populeuse, bien fournie en produits de la terre, avec
un port fréquenté. Mais elle fut ruinée par l'attaque
des Madjoûs (Normands) qui, en sortant de la Grande
mer, trouvèrent cette ville en premier lieu et, débar-
quant dans le port, y détruisirent tout ce qu'ils purent.
Les Berbères alors se réunirent pour les combattre,
et la lutte dura jusqu'à ce qu'il ne restât rien de la
ville, d'autant plus que les indigènes étaient en proie
à des luttes intestines. Les Madjoûs, à ce qu'on
raconte, arrivèrent en cet endroit une (première) fois,
et comme les Berbères se réunissaient pour les com-
battre, ils leur tinrent ce langage : « Nous ne sommes
pas venus avec des intentions belliqueuses; mais
nous avons dans votre pays des biens et des trésors
qui nous appartiennent. Ecartez-vous donc jusqu'à
ce que nous les ayons déterrés, et nous les partage-
rons avec vous. » Les Berbères souscrivirent à cette
proposition et s'éloignèrent de l'endroit désigné. Les
Madjoûs y opérèrent des fouilles, [P. 26] ouvrirent
des silos remplis de millet et se mirent à l'en tirer.
Les Berbères, qui voyaient de loin la couleur jaune
de ce grain, crurent que c'était de l'or vierge et,
malgré l'engagement qu'ils avaient pris, s'empres-
sèrent d'accourir. Les Madjoûs s'enfuirent vers leurs
navires, et les indigènes, en ne trouvant que du millet,