LA PRISON DE CASABLANCA
Tout au fond de l'impasse de Sidi Beliout, près de
la Koubba de ce saint personnage vénéré dans toute
la Ghaouïa; là où, en 1755, racontent les Meddah,
des flammes jaillirent du sein des rochers, comme
à Salé, comme à Lisbonne; près du sanctuaire res-
pecté où les Marocains, fidèles et pieux, fidèles et
pii, vont prier pour les morts, là se trouvait une
prison portugaise où gémirent et pleurèrent des
captifs, accompagnant leurs plaintes du grincement
sinistre de leurs fers et de leurs chaînes.
C'est la légende; c'est la presque-histoire.
J'allai, un jour, visiter ces lieux terribles, tout au
moins de réputation.
Je me trouvai en présence d'un portique très clas-
sique d'allure, au sens romain du mot et je compris
parfaitement, en dehors de toute considération autre,
que l'on ;ùt appelé le monument : la prison portugaise,
c'est-à-dire la prison latine, la prison construite en
grand appareil — le mot grand est peut-être exagéré
— qui tranche brutalement au milieu des mièvreries
dont l'art hispano-mauresque a parsemé la terre
maugrebine.
C'est une porte rectangulaire, fermée de deux
vantaux sur lesquels il est inutile d'insister; le bois,
n'étant pas de cèdre, a dû, plusieurs fois, se passer,
de génération en génération, le soin de clore cet
espace restreint,
Tout au fond de l'impasse de Sidi Beliout, près de
la Koubba de ce saint personnage vénéré dans toute
la Ghaouïa; là où, en 1755, racontent les Meddah,
des flammes jaillirent du sein des rochers, comme
à Salé, comme à Lisbonne; près du sanctuaire res-
pecté où les Marocains, fidèles et pieux, fidèles et
pii, vont prier pour les morts, là se trouvait une
prison portugaise où gémirent et pleurèrent des
captifs, accompagnant leurs plaintes du grincement
sinistre de leurs fers et de leurs chaînes.
C'est la légende; c'est la presque-histoire.
J'allai, un jour, visiter ces lieux terribles, tout au
moins de réputation.
Je me trouvai en présence d'un portique très clas-
sique d'allure, au sens romain du mot et je compris
parfaitement, en dehors de toute considération autre,
que l'on ;ùt appelé le monument : la prison portugaise,
c'est-à-dire la prison latine, la prison construite en
grand appareil — le mot grand est peut-être exagéré
— qui tranche brutalement au milieu des mièvreries
dont l'art hispano-mauresque a parsemé la terre
maugrebine.
C'est une porte rectangulaire, fermée de deux
vantaux sur lesquels il est inutile d'insister; le bois,
n'étant pas de cèdre, a dû, plusieurs fois, se passer,
de génération en génération, le soin de clore cet
espace restreint,