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Institut Français d'Archéologie Orientale <al-Qāhira> [Hrsg.]; Mission Archéologique Française <al-Qāhira> [Hrsg.]
Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l'archéologie égyptiennes et assyriennes: pour servir de bullletin à la Mission Française du Caire — 1.1870

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Nr. 2
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Grébaut, Eugène: Des deux yeux du disque solaire, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.12056#0092
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Des deux yeux du disque solaire.

l'âme mystérieuse), principe de lumière, qui anime l'Univers, et reposait avant
la création sur les eaux de l'Abyssus. Les interprètes s'accordent à isoler Ptah, au moins
originairement, du mythe solaire ; il figure au premier rang- parmi ces dieux qui ont le Soleil et la
Lune pour yeux. L'hymne panthéistique traduit par M. Pierret reconnaît en Ptah l'âme qui veillait
seule dans le repos primordial, qui vint, débrouillant le chaos, placer le ciel et la terre, en
assignant leurs places à ses chairs, qui traça les voies pour la circulation de ses deux yeux. Sans
nous surprendre, le texte peut ajouter: «Est son œil droit le disque, son œil gauche, la Lune.» Ptah
ne personnifie ici ni le Soleil, ni le ciel; ni astre, ni partie de l'Univers: il représente l'âme du
Monde. Mais des yeux désignent des objets qui diffèrent selon les personnes. Ceux du disque per-
sonnifié, regardant au Midi et au Nord, diffèrent nécessairement des yeux de l'âme du monde.
M le disque, dans son rôle mythologique, n'est l'âme universelle des textes panthéistiques, ni
les yeux du disque ne sont les yeux de cette âme. L'âme, invisible et unique, tantôt vient,
navigue, dans le disque, tantôt entre dans la Lune, ou revêt bien d'autres formes l; mais ni
le disque, ni la Lune, ni ces formes multiples, ne sont l'âme. Toutefois comme l'âme universelle,
le^^^^^^j^j Jjî, ayant le monde pour chair, le Soleil et la Lune pour yeux2, sub-
siste en toutes les apparences du Panthéon, comme les textes les plus précis nous habituent
â voir à travers le moindre dieu solaire l'Etre suprême, le père des dieux, l'auteur incréé
de toute existence, celui qui a soulevé le ciel, le créateur même du disque solaire, il en
résulte que les astres du jour et de la nuit peuvent être les yeux de la Divinité nommée
d'un nom solaire. Le scribe n'ayant pas en vue la course mythologique, n'arrêtait pas
alors sa pensée sur le disque personnifié. La stèle de Naples même, qui semble placer les
deux yeux divins en rapport avec les deux régions terrestres, fait sortir le vent des narines
de celui dont le Soleil et la Lune sont les yeux. Le disque ne donne que la lumière: le maître
universel est donc ici désigné, appelé Chnum-Kâ % ailleurs Ptah. Il ne s'ensuit pas que le
Soleil personnifié considéré dans sa forme mythologique, individuelle, ne se serve jamais de
ses propres yeux4. Et si les scribes en parlent, le groupe (mer-ti), les exprime.

Le disque personnifié, avec un corps, une tête, a deux yeux pour regarder le monde
qu'il traverse. « Râ dans son arche, seigneur de la barque Sek, ■— dit la grande inscription
d'Abydos traduite par M. Maspero 5 — ses deux yeux contemplent ce que tu as fait, lorsqu'il

traverse le ciel.........dans le courant du jour.» Image bien naturelle6, ses regards

dardent la lumière vivifiante, elle jaillit de ses yeux. D'après la stèle de Metternich, «dans

1) La terre {Sel, sur le dos duquel croissent les plantes); le Nil, (Hâpî)\ etc.

2) V. l'hymne à Ptah, traduit par M. P. Piebbet, Et. égypt., I, p. 6, 1. 9.

3) L. 4, dans Reiniscii, Chrestomathie I, pl. XVI.

4) Dans toute composition religieuse il y a nécessité de distinguer les titres que j'ai appelés
primordiaux, des titres purement solaires, sous peine de ne rien comprendre aux développements de la pensée
du scribe, sous peine aussi de tomber à chaque instant dans les erreurs les plus graves touchant les con-
ceptions religieuses de l'Egypte antique.

5) V. Essai, etc. p. 64.

6) Je cède au plaisir de rappeler ces vieux vers français, cités par Montaigne (L. II, ch. XII):

.........et si Dieu au chef porte des yeulx

Les rayons du Soleil sont ses yeux radieux,

Qui donnent vie à touts, nous maintiennent et gardent ....

Et les faits des humains en ce monde regardent:

Ce beau, ce grand Soleil.......

L'esprit, l'âme du monde, ardent et flamboyant, etc.
 
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