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Institut Français d'Archéologie Orientale <al-Qāhira> [Editor]; Mission Archéologique Française <al-Qāhira> [Editor]
Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l'archéologie égyptiennes et assyriennes: pour servir de bullletin à la Mission Française du Caire — 1.1870

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Nr. 4
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Maspero, Gaston: Notes sur différents points de grammaire et d'histoire, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.12056#0178
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158 Notes sue différents points de grammaire et d'histoire.

transmis, en les arrangeant, dans son pamphlet trop peu connu Sur, VEgyptien. «Voici com-
» ment en Egypte les rois sont élus. Près de la grande ville de Thèbes est une montagne
» sacrée; en face s'élève une autre montagne, et le Nil coule entre les deux. Cette seconde
» s'appelle la montagne libyenne et c'est là, ainsi le prescrit la loi, que doivent rester, pen-
»dant tout le temps de l'élection, les candidats à la royauté, afin qu'ils ne sachent rien de
»ce qui se passe dans l'assemblée. Sur le sommet de la montagne sacrée qu'on nomme
» l'Egyptienne, est la tente du roi; tout près de lui sont les prêtres les plus éminents en
» sagesse, les plus distingués par leurs fonctions, placés suivant le rang qu'ils occupent dans
»la hiérarchie sacerdotale : autour du roi, qui est au centre, ils forment un premier cercle,
» immédiatement après s'étend un second cercle, celui des guerriers. Tous entourent ainsi le
» mamelon qui s'élève sur la montagne comme une autre montagne, et permet aux plus
» éloignés d'apercevoir le roi. Au bas se tiennent ceux qui ont le droit d'assister aux
» élections comme témoins; mais ils ne s'associent que par leurs applaudissements à ce qui
»se passe. Quand arrive le moment où l'on doit voter, le roi commence, avec l'aide de
» ceux qui sont désignés pour ce ministère, par accomplir les cérémonies sacrées. Tout le
» collège sacerdotal est en mouvement; on croit que la divinité est présente et concourt à
» l'élection. On propose le nom d'un des candidats à la royauté: les guerriers lèvent la main,
»les gardiens des temples, les sacrificateurs, les prophètes apportent leurs suffrages. Quoique
»peu nombreux, ils ont une grande influence, car un prophète compte comme cent guerriers,
»un sacrificateur comme vingt, un gardien comme dix. Puis vient le tour d'un second can-
»didat: de nouveau on lève la main, et l'on vote. Si les deux partis se balancent, le roi
» assure la prépondérance à celui en faveur duquel il se prononce. Il lui suffit de se joindre
»au plus faible pour rétablir l'égalité. Dans ce dernier cas, il n'y a plus d'élection; c'est
»aux dieux qu'on s'adresse, on les invoque sans relâche dans un religieux recueillement,
»jusqu'à ce qu'ils se manifestent sans voiles, et viennent, non plus par signes, exprimer
» leur volonté : le peuple entend ainsi de ses propres oreilles les dieux décider qui sera roi1.»

Il ne faut pas oublier que Synésios écrit un vrai roman satirique dans lequel l'élec-
tion du roi est dirigée par le roi précédent vivant encore et pressé d'abdiquer pour remonter
au ciel. Il écrivait de seconde main, et l'auteur inconnu dont il se servait n'avait peut-être
fait lui-même que copier un ouvrage antérieur. De là, cette description fantastique de Thèbes,
et la supposition d'une intervention personnelle des dieux eux-mêmes. Il me semble pourtant
que l'ensemble du récit reproduit les traits généraux d'une élection royale dans le royaume
égyptien d'Ethiopie. La montagne sacrée de Kapata J, à laquelle s'appuyait le temple

d'Ammon, comme le montrent les planches de Cailliaud '2, devait devenir aisément la montagne
sacrée du récit de Synésios où s'élève le tente du roi-dieu. C'est devant elle que l'armée et
le peuple s'assemblent pour faire entendre leurs lamentations et choisir la députation chargée
de collaborer avec les prêtres à l'élection. Le récit de ce qui se passe dans le temple, où
la statue d'Ammon saisit celui des frères royaux qu'elle choisit pour régner, diffère du récit
grec, en ceci surtout que Synésios, ou son auteur, remplace la statue mouvante par les dieux
eux-mêmes. Dans la stèle d'Aspalout, il n'y a pas vote préalable, mais défilé des prétendants:

1) Œuvres de Synésius, traduites par H. Druon, Paris, Hachette, 1878, in-8°, p. 244 à 245.

2) Voyage à Méroé, Atlas, pl. XLIX à L, lviii sqq.
 
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