50 ÉTUDE SUR LES PERSONNAGES DU ROMAN DE SETNÉ-PTAH HA-M-US
ti-oué, « livre cle sorcellerie ». Le mot met a été conservé dans le copte julottc, axo^,
« Appellare, Invocare; Incantatio », peqjmoirre « Incantator »; en démotique met signifie,
comme verbe, « ensorceller » (probablement par une ou des formules magiques pro-
noncées), comme substantif « conjuration », « ensorcellement » ; ti-met, « action d'en-
sorceller », « l'action d'ensorcellement » ; ti-en-niet ou ti-met aurait la signification de
« l'acte de raconter », de « la narration de l'ensorcellement de quelqu'un1 ». Le mot
ti-en-met ou ti-met est suivi par quelques débris de signes. On croit y reconnaître ne,
l'article du pluriel, — le signe de l'enfant ou de la femme, puis un pluriel; enfin, à la
ligne suivante, vient la date.
La traduction du passage final du roman serait : a Rédaction achevée de cette
» narration de Setné Ha-m-us et de Ptah-na-nefer-[ka], et d'Ahuré, sa femme, cle
» Mer-ab, son fils; on a écrit ce conte d'ensorcellement (des personnes) en l'an XV,
» au mois de Pachons, deuxième jour2. »
Le nom du roi n'a pas été écrit, et, comme presque tous les Ptolémées ont régné
au moins quinze ans, il est difficile de déterminer auquel d'eux se rapporte la date;
mais l'hypothèse la plus plausible serait de maintenir l'idée généralement acceptée que
ce conte fut rédige sous Ptolémée Philadelphe3, protecteur des lettres. En tout cas,
la rédaction aurait eu lieu au moment où la Bible devint connue en Egypte, et à peu
près au temps des Machabées; ce sont des croyances, dont le roman fait l'écho, qui
passèrent dans la tradition juive talmudique, dans le christianisme et dans l'islamisme4.
Le Conte des Deux Frères nous montre le rôle des magiciens à la cour sous la
XIXe dynastie, et le livre de l'Exode en parle longuement, le grand magicien, le héros
de ces temps-là fut Ha-m-us. Le Roman de Setné-Ptah Ha-m-us nous fait con-
naître ce qu'en disait la légende. Il est intéressant pour nous, après trois mille ans,
de pouvoir rendre compte, par des textes contemporains, de ce qu'il fut ; cle savoir,
par le Roman démotique, comment on se le figurait un millier d'années après sa mort;
enfin, de voir ce qu'il est devenu aujourd'hui, une momie presque en ruines; mais sa
mémoire est bien vivace et florissante, et on se souviendra, pour bien des siècles à
venir, du grand magicien Setné-Ptah Ha-m-us.
Gizeh, août 1899.
1. Voyez Hess, De/- Demotisc/te Roman con Setne Ha-m-us, p. 97, 99, 148 et 161; Feyron, Lexique,
p. 110.
2. Je crois bien Lire la date de l'au XV sur le Papyrus, et Pachons, comme mois, est préférable à Tybi,
mais le mois n'est pas certain. Un fragment d'écriture parait indiquer la date du deuxième jour.
3. Au temps de Plolémée Philadelphe, d'après Riîvii.lout, Le Roman cle Setna, introduction, p. 47, et
Maspbro, Les (Joutes populaires du l'Égypte ancienne, p. 163. — Par la forme de certains caractères em-
ployés dans le texte actuel, on peut soupçonner qu'il y avait primitivement une rédaction plus ancienne en
hiératique.
4. J'espère développer ces observations et traiter plus en détail ces sujets.
ti-oué, « livre cle sorcellerie ». Le mot met a été conservé dans le copte julottc, axo^,
« Appellare, Invocare; Incantatio », peqjmoirre « Incantator »; en démotique met signifie,
comme verbe, « ensorceller » (probablement par une ou des formules magiques pro-
noncées), comme substantif « conjuration », « ensorcellement » ; ti-met, « action d'en-
sorceller », « l'action d'ensorcellement » ; ti-en-niet ou ti-met aurait la signification de
« l'acte de raconter », de « la narration de l'ensorcellement de quelqu'un1 ». Le mot
ti-en-met ou ti-met est suivi par quelques débris de signes. On croit y reconnaître ne,
l'article du pluriel, — le signe de l'enfant ou de la femme, puis un pluriel; enfin, à la
ligne suivante, vient la date.
La traduction du passage final du roman serait : a Rédaction achevée de cette
» narration de Setné Ha-m-us et de Ptah-na-nefer-[ka], et d'Ahuré, sa femme, cle
» Mer-ab, son fils; on a écrit ce conte d'ensorcellement (des personnes) en l'an XV,
» au mois de Pachons, deuxième jour2. »
Le nom du roi n'a pas été écrit, et, comme presque tous les Ptolémées ont régné
au moins quinze ans, il est difficile de déterminer auquel d'eux se rapporte la date;
mais l'hypothèse la plus plausible serait de maintenir l'idée généralement acceptée que
ce conte fut rédige sous Ptolémée Philadelphe3, protecteur des lettres. En tout cas,
la rédaction aurait eu lieu au moment où la Bible devint connue en Egypte, et à peu
près au temps des Machabées; ce sont des croyances, dont le roman fait l'écho, qui
passèrent dans la tradition juive talmudique, dans le christianisme et dans l'islamisme4.
Le Conte des Deux Frères nous montre le rôle des magiciens à la cour sous la
XIXe dynastie, et le livre de l'Exode en parle longuement, le grand magicien, le héros
de ces temps-là fut Ha-m-us. Le Roman de Setné-Ptah Ha-m-us nous fait con-
naître ce qu'en disait la légende. Il est intéressant pour nous, après trois mille ans,
de pouvoir rendre compte, par des textes contemporains, de ce qu'il fut ; cle savoir,
par le Roman démotique, comment on se le figurait un millier d'années après sa mort;
enfin, de voir ce qu'il est devenu aujourd'hui, une momie presque en ruines; mais sa
mémoire est bien vivace et florissante, et on se souviendra, pour bien des siècles à
venir, du grand magicien Setné-Ptah Ha-m-us.
Gizeh, août 1899.
1. Voyez Hess, De/- Demotisc/te Roman con Setne Ha-m-us, p. 97, 99, 148 et 161; Feyron, Lexique,
p. 110.
2. Je crois bien Lire la date de l'au XV sur le Papyrus, et Pachons, comme mois, est préférable à Tybi,
mais le mois n'est pas certain. Un fragment d'écriture parait indiquer la date du deuxième jour.
3. Au temps de Plolémée Philadelphe, d'après Riîvii.lout, Le Roman cle Setna, introduction, p. 47, et
Maspbro, Les (Joutes populaires du l'Égypte ancienne, p. 163. — Par la forme de certains caractères em-
ployés dans le texte actuel, on peut soupçonner qu'il y avait primitivement une rédaction plus ancienne en
hiératique.
4. J'espère développer ces observations et traiter plus en détail ces sujets.