LE PASSAGE DE CLÉMENT D'ALEXANDRIE
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se servant de leurs principaux éléments. » — S'agit-il, par exemple, de rendre l'idée de
« barque », on se servira du signe qui exprime bien ce qu'il y a d'essentiel dans
le concept « de bateau, de navigation ». Tout cela n'est ni compliqué, ni obscur.
A cette catégorie de signes, Clément semble opposer la [fxéôoSoç] *upioXoYtxT| >caxà
fjLL^a-.v qu'il range dans l'espèce symbolique. Ici il a jugé nécessaire d'illustrer sa défi-
nition d'un exemple : $)Xtov yoùv ypâtyau fîouXofxevov xo*Xov —oioocrt, lùd^n^t 8é T/r/j.y. fnrivoEi8é<;. Le
rond et le croissant représentant le soleil et la lune seront des hiéroglyphes symbo-
liques et cyriologiques par imitation. On ne voit pas trop, au premier abord, la subtile
distinction que tente notre auteur entre ces deux sortes d'hiéroglyphes. Elle existe
cependant : le >-J*i est un bateau, et ne peut être interprété autrement, tandis que 0
n'évoque pas nécessairement l'idée du soleil. Il peut représenter, avec quelques légères
variations, d'autres objets. M. Loret1 a donné l'explication de plusieurs signes dont le
cercle est la base principale et dont les sens sont très différents. On peut se rapporter
aux nos 617-623 de son a tableau général des hiéroglyphes ». Le simple coup d'œil
qu'on y jettera, sera plus clair que toutes les explications2.
Les hiéroglyphes « tropiques » sont constitués par la représentation d'objets, dont
le sens ne correspond plus exactement à celui que cet objet exprime. Il s'agit ou
bien d'un objet défiguré par l'usage, ou bien d'un caractère dont le sens lui-même a
dévié. Il n'y a là rien d'étonnant. Avec le temps, les hiéroglyphes perdirent leur
signification primitive, que Ton oublie vite, pour en revêtir une autre très éloignée
parfois de la première. C'est le cas de tous les hiéroglyphes, qu'ils soient égyptiens,
hébreux, mexicains, etc. . . Les exemples sont si nombreux qu'il est inutile d'en citer.
Etendons-nous plutôt sur ces « anaglyphes » que Clément rattache aux «tro-
piques », et dont le problème n'est peut-être pas encore résolu. Voici ce qu'il en dit :
Ce que je traduis : « Quand (les Égyptiens) veulent transmettre sous formes de mythes
les louanges de leurs rois, ils gravent ces louanges au moyen de sculptures. »
Naturellement la plupart des commentateurs, — pour ne pas dire tous, — se sont
comportés vis-à-vis de àvayXucpwv comme vis-à-vis cle a-o-.ydwv. Us ont voulu attribuer
au premier mot un sens spécial auquel il n'a pas droit : de là des efforts considérables,
et bien inutiles, pour rechercher une « écriture » anaglyphique.
Nous estimons d'abord complètement erronée l'opinion de Champollion3, qui veut
voir dans les anaglyphes « des lettres », « une écriture cachée », si l'on peut tout à fait
donner le nom d'écriture à des tableaux qui n'expriment que des ensembles d'idées
1. Dans son Manuel de la langue ét/rjptlenne, Leroux, 1889.
2. Champollion avait adopté, à propos des «caractères figuratifs», une théorie qui confirmait celle du
savant Père de l'Église (Précis....., p. 327 et suiv.) 11 avait, très bien compris que « le degré d'exactitude et de
réalité dans l'imitation des objets qu'ils expriment» pouvait varier; de là trois clauses : les caractères a) figura-
tifs propres, b) figuratifs abrégés et c) conventionnel*. Les deux premières espèces correspondaient aux deux
premières distinctions de Clément, que nous venons d'étudier.
L'exemple que ce dernier apporte est exact : O est bien le déterminatif du «soleil», du «jour», du
«temps», entre dans le mot aak — ( ■ | a *^=r» = la lune.
3. Précis...... p. 427.
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se servant de leurs principaux éléments. » — S'agit-il, par exemple, de rendre l'idée de
« barque », on se servira du signe qui exprime bien ce qu'il y a d'essentiel dans
le concept « de bateau, de navigation ». Tout cela n'est ni compliqué, ni obscur.
A cette catégorie de signes, Clément semble opposer la [fxéôoSoç] *upioXoYtxT| >caxà
fjLL^a-.v qu'il range dans l'espèce symbolique. Ici il a jugé nécessaire d'illustrer sa défi-
nition d'un exemple : $)Xtov yoùv ypâtyau fîouXofxevov xo*Xov —oioocrt, lùd^n^t 8é T/r/j.y. fnrivoEi8é<;. Le
rond et le croissant représentant le soleil et la lune seront des hiéroglyphes symbo-
liques et cyriologiques par imitation. On ne voit pas trop, au premier abord, la subtile
distinction que tente notre auteur entre ces deux sortes d'hiéroglyphes. Elle existe
cependant : le >-J*i est un bateau, et ne peut être interprété autrement, tandis que 0
n'évoque pas nécessairement l'idée du soleil. Il peut représenter, avec quelques légères
variations, d'autres objets. M. Loret1 a donné l'explication de plusieurs signes dont le
cercle est la base principale et dont les sens sont très différents. On peut se rapporter
aux nos 617-623 de son a tableau général des hiéroglyphes ». Le simple coup d'œil
qu'on y jettera, sera plus clair que toutes les explications2.
Les hiéroglyphes « tropiques » sont constitués par la représentation d'objets, dont
le sens ne correspond plus exactement à celui que cet objet exprime. Il s'agit ou
bien d'un objet défiguré par l'usage, ou bien d'un caractère dont le sens lui-même a
dévié. Il n'y a là rien d'étonnant. Avec le temps, les hiéroglyphes perdirent leur
signification primitive, que Ton oublie vite, pour en revêtir une autre très éloignée
parfois de la première. C'est le cas de tous les hiéroglyphes, qu'ils soient égyptiens,
hébreux, mexicains, etc. . . Les exemples sont si nombreux qu'il est inutile d'en citer.
Etendons-nous plutôt sur ces « anaglyphes » que Clément rattache aux «tro-
piques », et dont le problème n'est peut-être pas encore résolu. Voici ce qu'il en dit :
Ce que je traduis : « Quand (les Égyptiens) veulent transmettre sous formes de mythes
les louanges de leurs rois, ils gravent ces louanges au moyen de sculptures. »
Naturellement la plupart des commentateurs, — pour ne pas dire tous, — se sont
comportés vis-à-vis de àvayXucpwv comme vis-à-vis cle a-o-.ydwv. Us ont voulu attribuer
au premier mot un sens spécial auquel il n'a pas droit : de là des efforts considérables,
et bien inutiles, pour rechercher une « écriture » anaglyphique.
Nous estimons d'abord complètement erronée l'opinion de Champollion3, qui veut
voir dans les anaglyphes « des lettres », « une écriture cachée », si l'on peut tout à fait
donner le nom d'écriture à des tableaux qui n'expriment que des ensembles d'idées
1. Dans son Manuel de la langue ét/rjptlenne, Leroux, 1889.
2. Champollion avait adopté, à propos des «caractères figuratifs», une théorie qui confirmait celle du
savant Père de l'Église (Précis....., p. 327 et suiv.) 11 avait, très bien compris que « le degré d'exactitude et de
réalité dans l'imitation des objets qu'ils expriment» pouvait varier; de là trois clauses : les caractères a) figura-
tifs propres, b) figuratifs abrégés et c) conventionnel*. Les deux premières espèces correspondaient aux deux
premières distinctions de Clément, que nous venons d'étudier.
L'exemple que ce dernier apporte est exact : O est bien le déterminatif du «soleil», du «jour», du
«temps», entre dans le mot aak — ( ■ | a *^=r» = la lune.
3. Précis...... p. 427.