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Institut Français d'Archéologie Orientale <al-Qāhira> [Hrsg.]; Mission Archéologique Française <al-Qāhira> [Hrsg.]
Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l'archéologie égyptiennes et assyriennes: pour servir de bullletin à la Mission Française du Caire — 33.1911

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Nr. 1-2
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Marestaing, Pierre: Le passage de Clément d'Alexandrie relatif aux écritures égyptiennes
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https://doi.org/10.11588/diglit.12680#0024
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11

LE PASSAGE DE CLÉMENT D'ALEXANDRIE

Autour dos mots xopioXoYtxTj Stà twv Trpwxwv a-cot^stwv s'est livrée une longue bataille,
dont nous avons rappelé plus haut la principale phase1.

Le sens de jtuptoXoy^, terme très rare, on peut même dire qu'il n'a été employé
qu'ici, ne fait pourtant aucun doute. Grâce à plusieurs mots de la même famille2, on
est unanime à conclure qu'il rend l'idée « d'exprimer en propre ». Or avec un tel sens,
il est bien à sa place dans notre passage : Clément veut faire une opposition entre deux
sortes d'hiéroglyphes : ceux qui emploient les mots dans leur sens propre, et ceux qui
les emploient dans un sens symbolique. . . Sur ce point donc, aucune discussion.

Elle commence à propos de 8ià xwv Trpwxwv Œtoi^efwv. Letronne dépensa beaucoup
d'érudition et de talent pour prouver qu'il y avait là une allusion « aux premières
lettres de l'alphabet». —Champollion3 s'empressa de le suivre : cette théorie confir-
mait sa thèse; et celle-ci, à cause de sa nouveauté vraiment trop révolutionnaire, avait
grand besoin, pour se faire accepter, d'être soutenue par les témoignages précis
de quelques anciens, « jusqu'alors mal interprétés ». Néanmoins nous estimons bien
hasardée la traduction de Letronne; et cela pour de nombreuses raisons, dont voici
les principales.

Son but est de donner à Tcoi^efcov le sens de « lettres », cle « signes alphabétiques ».
Dans cette intention, il réunit, avec la logique remarquable qu'il apportait en toute
choses, un nombre considérable d'exemples, qui ne parviennent guère à dépouiller
cruoi^eïov de son sens si général, si métaphysique, de « principes, d'éléments, etc. » ; et
qui, par contre, ne peuvent pas le revêtir de la signification particulière de «lettres».
— Sans doute, Aristote a écrit dans sa Poétique (20, 2) xo p<o zo sto^eTov; mais, comme
le fait remarquer M. Bail 1 y4, il s'agit ici d'un caractère d'écriture « non comme carac-
tère d'écriture distinct ou isolé, mais comme élément constitutif de la syllabe et du
mot ». — De plus, avec la traduction qu'il donne de <ruoi^eïov, Letronne n'arrive pas à
expliquer 7cpwTiov. Il est inadmissible de le rendre par « premiers », car que voudraient
dire « les premières ou principales lettres »? — Si ce sens était le réel, comment expli-
quer que Clément, si soucieux, — ici du moins, — de l'exactitude et de la clarté, n'ait
pas pensé de nous parler des « secondaires » ? — Enfin, comment rendre compte des
raisons qui l'auraient poussé à négliger le terme de yoa^uaTa, qui se serait si bien adapté
à sa pensée ?

Pour ces diverses raisons, nous estimons donc vains les efforts intéressants de
Letronne pour justifier sa traduction. Il a trop « sollicité » les textes, ce qui est la plus
grave faute dans laquelle un historien peut tomber.

Et c'était là une faute inutile. Tenons-nous au strict mot à mot. Nous obtenons
alors pour xop 10X071x7] 8tà x&v upotaiov axotyziw la phrase suivante : « l'écriture hiérogly-
phique est cyriologique, c'est-à-dire, elle consiste à exprimer au propre les objets, en

1. Voir, p. 3, la note.

2. Voir le Thésaurus linguœ grœcœ. Grégoire de Nysse emploie le terme xvpidXexToç = employé au sens
propre.

3. Champollion, Précis....., p. 399 et sqq.

4. Bailly, Dictionnaire grec-français, au mot oroc/sïov.
 
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