NOTE SUR UN GNOMON PORTATIF GRÉCO-ËGYPTIEX
A tous égards, le petit monument de Qantarah est donc curieux et intéressant
pour nous qui n'avons malheureusement que trop peu de documents sur la science
astronomique de l'Égypte ancienne. Nous ne pouvons que féliciter M. Clédat de son
heureuse trouvaille, et du soin qu'il a apporté à la publier. Espérons que les fouilles
futures rendront à la lumière d'autres instruments de ce genre, grâce auxquels on
pourra peut-être élucider ce qui reste, malgré tout, d'obscur à l'heure actuelle dans
certains détails de la gnomonique égyptienne.
Lyon, le 6 février 1916.
NOTE ADDITIONNELLE
Voici l'aspect que prend le gnomon de Qantarah, après restitution du fil à plomb :
. Or, M. Loret a l'amabilité de me signaler que le signe hiérogly-
phique de basse époque comporte, parmi ses nombreuses va-
riantes1, deux formes qui ressemblent singulièrement au gnomon
et |-|-1 . Il importe
ce qu'est le
de Qantarah" :
donc de savoir
signe (et variantes), et, pour l ,. I p ce faire, nous
n'avons qu'à rechercher dans quels ! Q cas il est em-
ployé. Il sert le plus souvent de déterminatif au mot ®, que l'on traduit
ordinairement par «cadran solaire»1'. Mais on le trouve comme déterminatif du mot
«heure» : -^s^^g^3 (Brugsch, s. v.). Il existe même un texte ptolémaïque où ce
signe, à lui seul, sert à écrire le mot . Voici ce texte, qui provient du pylône
AA/WVN O 1
1. Pour ces variantes, voir avant tout S. Levi, Vocabolario geroglijico, t. I, Elenco di tutti i segni, n° 1008;
t. II, p. 39; t. III, p. 37. Cf. encore H. Brugsch, Hierogl.-clemot. Wôrterbuch, p. 256, et Supplément, p. 619
et suiv.
2. Brugsch, op. cit., p. 256. — J'ai, d'ailleurs, corrigé les formes que Brugsch donne en cet endroit par
celles qu'il reproduit ailleurs pour les mêmes signes. C'est ainsi que, pour la seconde de ces variantes, il in-
dique (loc. cit.) le fil à plomb sous le prisme et non sous le dé : mais c'est un lapsus, dû évidemment à l'in-
fluence du signe voisin qui est tourné en sens contraire; on peut s'en convaincre en se reportant à la page 625
du Supplément, où le même signe est présenté sous sa forme rectifiée. — Je dois cependant signaler une dif-
férence de détail, d'ailleurs curieuse, qui existe entre le gnomon de Qantarah et la première des variantes
hiéroglyphiques. Dans celui-là, le plan incliné gc rencontre la face interne du dé en g (cf. supra, fig. 6) :
dans celle-ci, au contraire, le dé et le plan incliné se rejoignent non pas directement, mais par l'intermé-
diaire d'une petite surface horizontale. Ce détail ne change rien à l'économie générale de l'instrument. On se
rappelle, en effet, que, sur le gnomon de Qantarah, les points horaires situés le long du plan incliné ne des-
cendent pas jusqu'au dé (cf. fig. 8) : la partie inférieure de ce plan, entre f et g, est perpétuellement dans
l'ombre portée par le dé, même quand cette ombre a sa longueur minima. Il n'était donc pas nécessaire de
prolonger le plan incliné au delà de/1 : aussi, sur le gnomon représenté par la première variante hiérogly-
phique, le plan incliné s'arrête à ce point. Ce procédé devait avoir l'avantage de rendre l'ensemble plus
solide.
3. On a, à plusieurs reprises, et récemment encore, étudié l'instrument . Mais les gnomons dont
on s'est servi pour cette étude sont d'un type très différent de celui qui nous occupe. Le nom de
semble donc bien être un nom générique, désignant toute espèce de gnomon ou de cadran solaire. J'espère,
d'ailleurs, avoir l'occasion de revenir un jour sur cette question spéciale.
A tous égards, le petit monument de Qantarah est donc curieux et intéressant
pour nous qui n'avons malheureusement que trop peu de documents sur la science
astronomique de l'Égypte ancienne. Nous ne pouvons que féliciter M. Clédat de son
heureuse trouvaille, et du soin qu'il a apporté à la publier. Espérons que les fouilles
futures rendront à la lumière d'autres instruments de ce genre, grâce auxquels on
pourra peut-être élucider ce qui reste, malgré tout, d'obscur à l'heure actuelle dans
certains détails de la gnomonique égyptienne.
Lyon, le 6 février 1916.
NOTE ADDITIONNELLE
Voici l'aspect que prend le gnomon de Qantarah, après restitution du fil à plomb :
. Or, M. Loret a l'amabilité de me signaler que le signe hiérogly-
phique de basse époque comporte, parmi ses nombreuses va-
riantes1, deux formes qui ressemblent singulièrement au gnomon
et |-|-1 . Il importe
ce qu'est le
de Qantarah" :
donc de savoir
signe (et variantes), et, pour l ,. I p ce faire, nous
n'avons qu'à rechercher dans quels ! Q cas il est em-
ployé. Il sert le plus souvent de déterminatif au mot ®, que l'on traduit
ordinairement par «cadran solaire»1'. Mais on le trouve comme déterminatif du mot
«heure» : -^s^^g^3 (Brugsch, s. v.). Il existe même un texte ptolémaïque où ce
signe, à lui seul, sert à écrire le mot . Voici ce texte, qui provient du pylône
AA/WVN O 1
1. Pour ces variantes, voir avant tout S. Levi, Vocabolario geroglijico, t. I, Elenco di tutti i segni, n° 1008;
t. II, p. 39; t. III, p. 37. Cf. encore H. Brugsch, Hierogl.-clemot. Wôrterbuch, p. 256, et Supplément, p. 619
et suiv.
2. Brugsch, op. cit., p. 256. — J'ai, d'ailleurs, corrigé les formes que Brugsch donne en cet endroit par
celles qu'il reproduit ailleurs pour les mêmes signes. C'est ainsi que, pour la seconde de ces variantes, il in-
dique (loc. cit.) le fil à plomb sous le prisme et non sous le dé : mais c'est un lapsus, dû évidemment à l'in-
fluence du signe voisin qui est tourné en sens contraire; on peut s'en convaincre en se reportant à la page 625
du Supplément, où le même signe est présenté sous sa forme rectifiée. — Je dois cependant signaler une dif-
férence de détail, d'ailleurs curieuse, qui existe entre le gnomon de Qantarah et la première des variantes
hiéroglyphiques. Dans celui-là, le plan incliné gc rencontre la face interne du dé en g (cf. supra, fig. 6) :
dans celle-ci, au contraire, le dé et le plan incliné se rejoignent non pas directement, mais par l'intermé-
diaire d'une petite surface horizontale. Ce détail ne change rien à l'économie générale de l'instrument. On se
rappelle, en effet, que, sur le gnomon de Qantarah, les points horaires situés le long du plan incliné ne des-
cendent pas jusqu'au dé (cf. fig. 8) : la partie inférieure de ce plan, entre f et g, est perpétuellement dans
l'ombre portée par le dé, même quand cette ombre a sa longueur minima. Il n'était donc pas nécessaire de
prolonger le plan incliné au delà de/1 : aussi, sur le gnomon représenté par la première variante hiérogly-
phique, le plan incliné s'arrête à ce point. Ce procédé devait avoir l'avantage de rendre l'ensemble plus
solide.
3. On a, à plusieurs reprises, et récemment encore, étudié l'instrument . Mais les gnomons dont
on s'est servi pour cette étude sont d'un type très différent de celui qui nous occupe. Le nom de
semble donc bien être un nom générique, désignant toute espèce de gnomon ou de cadran solaire. J'espère,
d'ailleurs, avoir l'occasion de revenir un jour sur cette question spéciale.