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NOTE SUR UN GNOMON PORTATIF GRÉCO-ÉGYPTIEN
septentrional de Karnak (Bab-el-cabcl), et qui a été publié par Brugsch (Thésaurus,
p. 195); le dieu Thot s'adresse en ces termes à Ptolémée Evergète Ier et à Bérénice :
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« Le dieu Kaouiti1 dit aux deux Évergètes : « Aussi longtemps qu'il y aura un
» infini de périodes, une éternité de triacontaétérides, des dizaines de millions d'an-
)) nées, des millions de mois, des centaines de mille de jours, des myriades d'heures,
» des milliers d'instants, des centaines de . .., des dizaines de ..., et l'unité, — aussi
» longtemps vous serez deux faucons perchés sur la bannière, devant les ka des vivants,
» à jamais. »
Cette suite curieuse d'unités de temps de plus en plus petites rend certaines la
lecture et la traduction «heures)) proposées par Brugsch2 pour le mot [=5L
A/VW« O I III
Nous avons donc, ici, un nouvel exemple du procédé qui consiste à écrire le nom de
l'action ou de son résultat à l'aide du signe de l'instrument. C'est ainsi que n>è\, qui
représente l'attirail du scribe et qui, dans ce sens, se lit sert à exprimer le
mot «écrire, écriture» , u , ; de même encore ^j, qui figure l'équipement d'un voyageur:l,
rend l'expression « mener la vie nomade », et Q^^, une charrue, s'emploie pour écrire
le verbe « labourer ». Dans le cas présent, le signe «==CP, qui est la représentation d'un
cadran solaire et qui se lit habituellement, dans cette acception, , est utilisé
pour rendre le mot « heure » ^.
De tout cela il résulte que l'objet de Qantarah est bien un instrument qui indique
« l'heure », 0c\ que c'est un gnomon du même type que les gnomons reproduits
AAAAAA
par les deux variantes hiéroglyphiques étudiées. Brugsch avait tort de voir dans celles-
ci la représentation d'une clepsydre, « Wasserstundenuhr » ''. — D'autre part, l'hypo-
thèse de l'existence d'un fil à plomb pour le gnomon de Qantarah se trouve confirmée
par la présence d'un fil à plomb au même endroit sur les deux signes hiéroglyphiques.
— Enfin, puisque ces signes sont de basse époque, la date approximative que j'ai cru
devoir adopter pour le monument de Qantarah s'accorde parfaitement avec ces nou-
velles données, dont, encore une fois, je remercie vivement M. Loret de m'avoir fait
part.
Lyon, le 1er avril 11)16.
1. Probablement «le travailleur»; c'est un surnom du dieu Thot.
2. Thesaurue, p. 197-198.
3. Cf. V. Loret, Horus-le-Faucon, p. 12, n. 2.
4. Hierogl.-demot.Wôrt., p. 256; Die Mgyptologie, p. 363. Brugsch a été suivi par S. Levi,Vocab. gerogl.
t. II, p. 39, et t. III, p. 37 : « 1' orologio, la clessidra ».
NOTE SUR UN GNOMON PORTATIF GRÉCO-ÉGYPTIEN
septentrional de Karnak (Bab-el-cabcl), et qui a été publié par Brugsch (Thésaurus,
p. 195); le dieu Thot s'adresse en ces termes à Ptolémée Evergète Ier et à Bérénice :
&îi®iffliîf1i1fffîisurrni)1^
i \
0 I Ç H 0 I flû 0
m
/ Vo. V\ |f-1 '-1
i i i _m I i ^ m
« Le dieu Kaouiti1 dit aux deux Évergètes : « Aussi longtemps qu'il y aura un
» infini de périodes, une éternité de triacontaétérides, des dizaines de millions d'an-
)) nées, des millions de mois, des centaines de mille de jours, des myriades d'heures,
» des milliers d'instants, des centaines de . .., des dizaines de ..., et l'unité, — aussi
» longtemps vous serez deux faucons perchés sur la bannière, devant les ka des vivants,
» à jamais. »
Cette suite curieuse d'unités de temps de plus en plus petites rend certaines la
lecture et la traduction «heures)) proposées par Brugsch2 pour le mot [=5L
A/VW« O I III
Nous avons donc, ici, un nouvel exemple du procédé qui consiste à écrire le nom de
l'action ou de son résultat à l'aide du signe de l'instrument. C'est ainsi que n>è\, qui
représente l'attirail du scribe et qui, dans ce sens, se lit sert à exprimer le
mot «écrire, écriture» , u , ; de même encore ^j, qui figure l'équipement d'un voyageur:l,
rend l'expression « mener la vie nomade », et Q^^, une charrue, s'emploie pour écrire
le verbe « labourer ». Dans le cas présent, le signe «==CP, qui est la représentation d'un
cadran solaire et qui se lit habituellement, dans cette acception, , est utilisé
pour rendre le mot « heure » ^.
De tout cela il résulte que l'objet de Qantarah est bien un instrument qui indique
« l'heure », 0c\ que c'est un gnomon du même type que les gnomons reproduits
AAAAAA
par les deux variantes hiéroglyphiques étudiées. Brugsch avait tort de voir dans celles-
ci la représentation d'une clepsydre, « Wasserstundenuhr » ''. — D'autre part, l'hypo-
thèse de l'existence d'un fil à plomb pour le gnomon de Qantarah se trouve confirmée
par la présence d'un fil à plomb au même endroit sur les deux signes hiéroglyphiques.
— Enfin, puisque ces signes sont de basse époque, la date approximative que j'ai cru
devoir adopter pour le monument de Qantarah s'accorde parfaitement avec ces nou-
velles données, dont, encore une fois, je remercie vivement M. Loret de m'avoir fait
part.
Lyon, le 1er avril 11)16.
1. Probablement «le travailleur»; c'est un surnom du dieu Thot.
2. Thesaurue, p. 197-198.
3. Cf. V. Loret, Horus-le-Faucon, p. 12, n. 2.
4. Hierogl.-demot.Wôrt., p. 256; Die Mgyptologie, p. 363. Brugsch a été suivi par S. Levi,Vocab. gerogl.
t. II, p. 39, et t. III, p. 37 : « 1' orologio, la clessidra ».