NÉCROPOLE DE QANTARAII
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NÉCROPOLE DE QANTARAII
(FOUILLES DE MAI 1914)
par
Jean Clédat
Pendant le mois de mai 1914, j'exécutai divers travaux dans l'ancienne ville égyp-
tienne de Zarou, qui est située à trois kilomètres du village moderne d'El-Qantarah,
travaux que je devais reprendre pendant l'hiver si les événements tragiques qui se dé-
roulent en ce moment ne m'avaient obligé à demeurer en France. Mon but, dans cet
espace de temps très court, était de pratiquer quelques sondages dans la ville et aussi
dans la nécropole pour me rendre compte de l'état actuel du terrain. Les travaux pré-
cédents, exception faite pour ceux pratiqués par le Service des Antiquités dans la
nécropole, ont été faits clandestinement, ou bien ont manqué de direction scientifique,
et par conséquent ne peuvent nous servir; du reste, les monuments et objets recueillis
ont disparu ou sont perdus.
Les fouilles entreprises par le Service des Antiquités, sous la direction de
M. Chabân effendi, ont montré surabondamment l'intérêt que présente l'étude de la
nécropole1. Celle-ci commence dès la sortie du village moderne d'El-Qantarah, avec le
premier plateau sablonneux situé immédiatement derrière la Quarantaine, que tou-
chent les premières tombes. Du côté nord, elle se termine aux lagunes du lac Menza-
leh, aujourd'hui desséchées; de ce côté, elle est traversée par la route de Syrie et la
ligne télégraphique; de là, le cimetière se dirige vers le sud pour se terminer près
des ruines de l'ancienne Zarou. Cette nécropole peut avoir une étendue d'environ deux
à trois kilomètres de longueur. Les recherches effectuées jusqu'à ce jour n'ont porté
que sur la partie de la nécropole qui avoisine El-Qantarah ; les tombes ouvertes jusqu'à
ce jour appartiennent toutes à l'époque romaine. C'est ce qui semble résulter d'une
lettre de M. F. de Lesseps2, où il décrit des tombes identiques à celles trouvées par
M. Chabân effendi ou par moi au moment du percement du canal.
« En poussant, dit-il, un peu au delà de l'hôpital1', nous arrivâmes sur un vaste
plateau en pente, qui est littéralement couvert de tombeaux. Ils paraissent remonter à
une haute antiquité, à en juger par les stèles qui y ont été découvertes. Les corps sont
couchés dans de grands cercueils de pierre blanche; ils sont entourés d'une couche de
plâtre appliquée intérieurement sur les bandelettes, qui reproduit les traits du visage,
en une forme ébauchée du corps. Les représentations religieuses sont figurées en relief
sur la gaine; quelques enveloppes sont entièrement dorées.
1. Annales du Seroice des Antiquités, t. XII, p. 69; Daressy, Sarcophages d'El-Qantarah, dans le Bul-
letin de l'Institut français, t. XI, p. 29.
2. Dans le journal L'Isthme de Sues, 15 juillet 1860, p. 2:i0.
3. Cet hôpital n'existe plus, et les dernières pierres ont servi à construire le rnarkaz d'El-Qantarah.
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NÉCROPOLE DE QANTARAII
(FOUILLES DE MAI 1914)
par
Jean Clédat
Pendant le mois de mai 1914, j'exécutai divers travaux dans l'ancienne ville égyp-
tienne de Zarou, qui est située à trois kilomètres du village moderne d'El-Qantarah,
travaux que je devais reprendre pendant l'hiver si les événements tragiques qui se dé-
roulent en ce moment ne m'avaient obligé à demeurer en France. Mon but, dans cet
espace de temps très court, était de pratiquer quelques sondages dans la ville et aussi
dans la nécropole pour me rendre compte de l'état actuel du terrain. Les travaux pré-
cédents, exception faite pour ceux pratiqués par le Service des Antiquités dans la
nécropole, ont été faits clandestinement, ou bien ont manqué de direction scientifique,
et par conséquent ne peuvent nous servir; du reste, les monuments et objets recueillis
ont disparu ou sont perdus.
Les fouilles entreprises par le Service des Antiquités, sous la direction de
M. Chabân effendi, ont montré surabondamment l'intérêt que présente l'étude de la
nécropole1. Celle-ci commence dès la sortie du village moderne d'El-Qantarah, avec le
premier plateau sablonneux situé immédiatement derrière la Quarantaine, que tou-
chent les premières tombes. Du côté nord, elle se termine aux lagunes du lac Menza-
leh, aujourd'hui desséchées; de ce côté, elle est traversée par la route de Syrie et la
ligne télégraphique; de là, le cimetière se dirige vers le sud pour se terminer près
des ruines de l'ancienne Zarou. Cette nécropole peut avoir une étendue d'environ deux
à trois kilomètres de longueur. Les recherches effectuées jusqu'à ce jour n'ont porté
que sur la partie de la nécropole qui avoisine El-Qantarah ; les tombes ouvertes jusqu'à
ce jour appartiennent toutes à l'époque romaine. C'est ce qui semble résulter d'une
lettre de M. F. de Lesseps2, où il décrit des tombes identiques à celles trouvées par
M. Chabân effendi ou par moi au moment du percement du canal.
« En poussant, dit-il, un peu au delà de l'hôpital1', nous arrivâmes sur un vaste
plateau en pente, qui est littéralement couvert de tombeaux. Ils paraissent remonter à
une haute antiquité, à en juger par les stèles qui y ont été découvertes. Les corps sont
couchés dans de grands cercueils de pierre blanche; ils sont entourés d'une couche de
plâtre appliquée intérieurement sur les bandelettes, qui reproduit les traits du visage,
en une forme ébauchée du corps. Les représentations religieuses sont figurées en relief
sur la gaine; quelques enveloppes sont entièrement dorées.
1. Annales du Seroice des Antiquités, t. XII, p. 69; Daressy, Sarcophages d'El-Qantarah, dans le Bul-
letin de l'Institut français, t. XI, p. 29.
2. Dans le journal L'Isthme de Sues, 15 juillet 1860, p. 2:i0.
3. Cet hôpital n'existe plus, et les dernières pierres ont servi à construire le rnarkaz d'El-Qantarah.