LE TITRE
LE TITRE \\/(S&
par
Victor Loret
Ce titre se rencontre surtout à l'époque du Moyen Empire, ainsi que clans les
inscriptions de la XVIIIe dynastie. Je n'ai pu en découvrir aucun exemple datant de
l'Ancien Empire. A partir des Ramessicles, il devient d'un emploi de plus en plus
rare.
Les signes qui suivent le mot étant des signes figuratifs, on en a d'assez bonne
heure déterminé le sens. Le signe ~\ est une corne, S représente une patte antérieure
d'animal terminée par un sabot, ] figure une plume. Cette première partie du titre
signifie donc « préposé aux cornes, aux sabots et aux plumes ». Mais le dernier signe,
qui prend des positions variées, *z>, D, <2, a donné lieu à plusieurs interprétations.
Certains y ont vu l'équivalent du creuset JJ, qui sert à écrire le nom du cuivre;
d'autres, la coquille de mollusque bivalve tt, qui a la même valeur phonétique que la
feuille de lotus ^ et se lit kha. Dans le premier cas, l'ensemble du titre s'appliquerait
à des matières premières utilisées dans l'industrie : corne, sabot, plume et cuivre. Dans
le second cas, il s'agirait plutôt, semble-t-il, d'animaux : bêtes à cornes, bêtes à
sabots, bêtes à plumes et bêtes à coquilles. Pourtant, même dans ce second cas, on
pourrait encore, en donnant au signe ts. le sens de « nacre », voir dans les quatre mots
des noms de matières. C'est donc, en somme, de l'identification précise du dernier
signe que dépend l'idée que l'on doit se faire de l'ensemble du titre.
Or, j'ai eu la bonne fortune de rencontrer l'orthographe complète, en toutes
lettres, de chacun des quatre mots ^ J ^ £) et, par suite, d'être à même de proposer,
pour le tout, une traduction qui, j'espère, obtiendra l'adhésion du monde égyptolo-
gique.
Il n'existe pas, à ma connaissance, d'exemple dans lequel les quatre mots soient
écrits en toutes lettres. Mais, dans un cas, ce sont les deux premiers mots et, dans un
autre cas, les deux derniers, que j'ai trouvés écrits phonétiquement.
Une stèle de Dendérah, datant de la période qui sépare la VIe de la XIIe dynastie,
nous donne le début du titre : |^ T\l^^sfï^^^È ' L'an'ma' détermine le
mot J est un peu dégradé, mais la tête est intacte," ainsi que les pattes de devant
et la ligne du dos. Le port de la bête est donc très caractéristique et répond exacte-
ment au déterminatif du mot âne, ^7)' clue' Par un neurcux hasard, on lit clans le
même texte, à la ligne suivante. D'ailleurs, comme la seule présence d'un animal, quel
qu'il soit, suffit pour nous prouver qu'il s'agit de noms d'animaux et non pas de noms
de matières, nous pouvons, par simple raisonnement, arriver à reconnaître que le déter-
minatif du mot I v\ ne peut guère être qu'un âne. En effet, si toutes les bêtes à cornes
1. Fl. Pétrie, Denclereh, pl. XI, en haut à droite.
LE TITRE \\/(S&
par
Victor Loret
Ce titre se rencontre surtout à l'époque du Moyen Empire, ainsi que clans les
inscriptions de la XVIIIe dynastie. Je n'ai pu en découvrir aucun exemple datant de
l'Ancien Empire. A partir des Ramessicles, il devient d'un emploi de plus en plus
rare.
Les signes qui suivent le mot étant des signes figuratifs, on en a d'assez bonne
heure déterminé le sens. Le signe ~\ est une corne, S représente une patte antérieure
d'animal terminée par un sabot, ] figure une plume. Cette première partie du titre
signifie donc « préposé aux cornes, aux sabots et aux plumes ». Mais le dernier signe,
qui prend des positions variées, *z>, D, <2, a donné lieu à plusieurs interprétations.
Certains y ont vu l'équivalent du creuset JJ, qui sert à écrire le nom du cuivre;
d'autres, la coquille de mollusque bivalve tt, qui a la même valeur phonétique que la
feuille de lotus ^ et se lit kha. Dans le premier cas, l'ensemble du titre s'appliquerait
à des matières premières utilisées dans l'industrie : corne, sabot, plume et cuivre. Dans
le second cas, il s'agirait plutôt, semble-t-il, d'animaux : bêtes à cornes, bêtes à
sabots, bêtes à plumes et bêtes à coquilles. Pourtant, même dans ce second cas, on
pourrait encore, en donnant au signe ts. le sens de « nacre », voir dans les quatre mots
des noms de matières. C'est donc, en somme, de l'identification précise du dernier
signe que dépend l'idée que l'on doit se faire de l'ensemble du titre.
Or, j'ai eu la bonne fortune de rencontrer l'orthographe complète, en toutes
lettres, de chacun des quatre mots ^ J ^ £) et, par suite, d'être à même de proposer,
pour le tout, une traduction qui, j'espère, obtiendra l'adhésion du monde égyptolo-
gique.
Il n'existe pas, à ma connaissance, d'exemple dans lequel les quatre mots soient
écrits en toutes lettres. Mais, dans un cas, ce sont les deux premiers mots et, dans un
autre cas, les deux derniers, que j'ai trouvés écrits phonétiquement.
Une stèle de Dendérah, datant de la période qui sépare la VIe de la XIIe dynastie,
nous donne le début du titre : |^ T\l^^sfï^^^È ' L'an'ma' détermine le
mot J est un peu dégradé, mais la tête est intacte," ainsi que les pattes de devant
et la ligne du dos. Le port de la bête est donc très caractéristique et répond exacte-
ment au déterminatif du mot âne, ^7)' clue' Par un neurcux hasard, on lit clans le
même texte, à la ligne suivante. D'ailleurs, comme la seule présence d'un animal, quel
qu'il soit, suffit pour nous prouver qu'il s'agit de noms d'animaux et non pas de noms
de matières, nous pouvons, par simple raisonnement, arriver à reconnaître que le déter-
minatif du mot I v\ ne peut guère être qu'un âne. En effet, si toutes les bêtes à cornes
1. Fl. Pétrie, Denclereh, pl. XI, en haut à droite.