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170

L'Architecture moderne en Allemagne

Extrait d'un rapport de Herr. Ernst-L. von
Ihnen, architecte de la Cour, lu à l'ouverture de
l'Institut Carnegie à Pitlsbury.

« C'est avec la plus grande timidité que j'ai entre-
pris d'exposer devant vous quelques vues per-
sonnelles sur le développement moderne de l'archi-
tecture en Allemagne, sentant que, comme il n'est
pas possible de vous donner un examen compréhen-
sible du domaine entier de la question, je dois me
contenter de vous soumettre mes conclusions sans
pouvoir vous permettre de juger si elles pourront
être suffisamment appuyées par des faits.

Je suis encouragé, pourtant, par cette croyance
qu'il peut être d'un' certain intérêt d'entendre sur
ce sujet les opinions, non pas d un historien de l'art,
mais d'un architecte qui a dû passer lui-même par
les phases de l'architecture moderne et qui a senti
les influences qui ont amené la plupart de ses
changements.

Maintenant, l'avenir de l'architecture considérée
comme un art est inséparablement lié à la troublante
question du style architectural ; et, en ce qui con-
cerne le développement du style, un examen de ce
que le siècle passé a produit ne paraît pas, à pre-
mière vue, devoir encourager un choix très brillant
pour l'avenir. Il ne fait pas de doute que la plus
grande partie du pouvoir artistique du XIXe siècle
a été perdue en recherches inutiles pour trouver un
style en architecture et dans les arts industriels qui
soit adapté à l'époque.

Bien que les grandes inventions de ce siècle aient
amené un échange plus fréquent et plus rapide de
pensées entre les nations qu'il était possible aupa-
ravant, nous avons vu, à notre propre époque,
comme conséquences de ces tentatives infructueu-
ses, une plus grande diversité dans l'aspect archi-
tectural de l'Europe qu'il n'y en avait eu au com-
mencement du XVIIIe siècle. Pas un pays n'a été
capable d'établir une suprématie reconnue en archi-
tecture comme l'avait fait la France au commence-
ment de la période gothique ou l'Italie pendant la
Renaissance et la France encore au XVIIIe siècle,
nations qui prirent la tête et furent plus ou moins
exactement suivies par le reste de l'Europe; ni
même, peut-on espérer qu'une telle suprématie
puisse paraître attendue ?

Il semble étrange qu'un siècle qui contribua
plus qu'aucun autre, dans l'histoire du monde, au
développement de la science et qui a été si l'ertile
en inventions :qui ont immensément augmenté la
prospérité et la force de l'humanité, ait été frappé
d'impuissance dans ce domaine particulier de
l'esprit inventif en architecture. Nous, les archi-
tectes, sommes fréquemment interrogés sur ce point
de savoir pourquoi notre âge n'a pas produit un style
qui lui soit propre comme l'ont l'ait les périodes an-
térieures, et il nous est dit souvent que notre art

est tombé de son état élevé alors que nous sommes
descendu, au rang dê copistes, plus ou moins, cons
ciencieux.

A mon sens, ce reproche est injuste et l'état
chaotique de l'architecture moderne doit être expli-
qué sans admettre que nos modernes architectes
manquaient des qualités inventives des époques
passées. L'état de choses peu satisfaisant du XIXe
siècle a été amené par deux causes : d'abord par la
destruction d'une ancienne société et une ancienne
accumulation de bien-être par la Révolution fran-
çaise et les guerres Napoléoniennes, et, ensuite,
par l'avènement inattendu d'une société nouvelle et
un nouveau bien-être acquis dans le monde par
l'introduction de la vapeur et des inventions qui
ont suivi dans le sillage de cette grande innova-
tion, apportant soudain une puissance de demande
après une longue tranquillité,demande à laquelle la
puissance créatrice d'aucun âge n'aurait pu répon-
dre dans les conditions données.

Au début de son règne, Sa Majesté avait décidé
que les bâtiments nouvellement édifiés à Berlin
pour la Couronne et pour l'Etat devraient être
dessinés dans un style s'harmonisant avec la noble
architecture du palais royal et de l'arsenal. Non
seulement les projets pour ces édifices, mais tous
ceux de quelque importance pour les départements
d'Etat, sont régulièrement soumis à son approba-
tion et influencés par ses désirs. La continuité dans
l'effort me paraît être la principale condition du
progrès en architecture et je considère mon pays
comme particulièrement fortuné en possédant, dans
cette période critique, un chef assez clairvoyant
en art, assez puissant pour assurer la fermeté du
but en ce qui concerne l'architecture monumentale.

C'est donc avec une heureuse perspective que j'en-
trevois le développement futur de l'architecture en
Allemagne et il ne peut y avoir aucun doute que,
chez nous, les infortunes qui ont amené le déclin
artistique du XIXe siècle ont eu un effet plus désas-
treux que dans aucun autre pays, car nul n'a si
cruellement souffert des grandes guerres européen-
nes, si ce n'est l'Angleterre et la France.

L'unité politique a amené une plus grande unité
artistique. Aussi loin que je puisse juger, le dévelop-
pement du style dans les deux pays ont suivi une
ligne parallèle au notre, le résultat d'un essai d'un
siècle donné à des styles différents ayant été une
tendance marquée vers l'architecture classique du
XVIIIe siècle, basée comme chez nous, sur une
compréhension plus complète de ce style et, par
conséquent, sur une plus grande supériorité de
traitement, sur une liberté plus vaste qu'aucun
architecte du XIXe siècle n'avait jamais atteint pour
qui voulait chercher à utiliser le style des périodes
écoulées.

Je puis résumer mes arguments en disant que
selon moi, il y a eu dans l'histoire de l'architecture
un développement progressif (bien que parfois in-
terrompu) de style comme expression des' exigences
 
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