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Luca delta Robbia

proposée par M. Bode me paraît bien difficile à accepter. Si les Evangélistes, en effet, diffè-

rent des œuvres connues de Luca, c’est avec les œuvres de
sa jeunesse qu’ils présentent les plus grandes différences. Le
style des Evangélistes est si beau, le dessin est si parfait,
toutes les parties indiquent tellement la main d’un maître
parvenu au point culminant de son art, qu’il est impossible
de les considérer comme l’œuvre d’un jeune artiste; et, d’au-
tre part, cet art si nerveux, si précis, est en contradiction
complète avec l’art lourd et sommaire des premières œuvres
de Luca, telles que les premiers reliefs de la Cantoria et du
Campanile. Je pense donc qu’il convient d’éliminer l’hypo-
thèse que les Evangélistes pourraient être une œuvre de la
jeunesse de Luca et qu’il faut les classer dans les dernières


S. Thomas Apôtre

années de sa vie. C’est, à mon sens, le seul moyen de justifier leur attribution à ce maître.


«S. Mathieu Apôtre

Les Evangélistes, qui sont une œuvre d’une très
grande beauté, s’éloignent du style gracieux que nous avons
noté dans la généralité des œuvres de Luca. C’est un art
énergique et ardemment expressif, qui se rattache au na-
turalisme de Donatello. Luca montre qu’il n’est pas resté
indifférent aux admirables créations du Santo de Padoue et
des Chaires de S. Laurent. Comme Donatello, Luca, par-
venu au terme de ses jours, perd la gaieté de la jeunesse;
son âme plus détachée de la terre, plus ouverte à la dou-
leur, à la tristesse du soir de la vie, cherche des formes plus
âpres, plus nerveuses, plus violemment dramatiques. Oui,

ces Evangélistes de la Chapelle Pazzi, c’est du Donatello !

et certainement ce maître

eût admiré avec envie les figures austères des Evangélistes,
leurs mains maigres, d’un dessin si serré, et ces animaux
farouches, véritables chefs-d’œuvre d’observation forte et
pénétrante. Dans l’Ange du S. Mathieu, nous trouvons le
même sentiment de mélancolie que dans les Madones qui
appartiennent aux dernières années de la vie de Luca, les
Madones de l’Impruneta et la Mater dolorosa du Bargello.
Il ne faut pas nous étonner si nous n’avons pas ren-
contré dans l’œuvre de Luca des figures semblables à ces
Evangélistes. Remarquons en effet que les dernières œuvres
que nous avons étudiées ne dépassent guère l’année 1460
et que Luca n’est mort qu’en 1480. Par conséquent, il existe,


«S. Simon Apôtre

dans sa vie, une période de vingt ans sur laquelle nous ne savons rien ; et il n’est nullement
téméraire de supposer que son style, continuant à suivre une évolution régulière, s’est
 
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