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Luca délia Robbia

gue argumentation. Et si je me suis trompé, ma discussion servira au moins de point de
départ pour de nouvelles études qui éclaireront un des points les plus obscurs de l’art
italien. J’espère que le lecteur voudra bien me tenir compte de la sincérité que j’apporte
dans ces recherches, n’ayant d’autre préoccupation que de découvrir la vérité; mais vrai-
ment il m’est impossible de ne pas éprouver quelque hésitation lorsque je vois les plus
éminents critiques d’art, et notamment M. Bode, que je tiens en si profonde estime, ac-
cepter, sans faire la moindre réserve, la date de la Madone Drury Fortnum et son attri-
bution à Luca délia Robbia. «L’analogie de cette Madone, dit M. Bode,h) avec la Madone
de S. Pierino, avec celle de la Via dell’Agnolo, avec celle du Musée de Berlin, est si ma-
nifeste, tant dans la composition que dans le sentiment, tant dans les types que dans les
draperies, que l’on ne saurait douter que Luca n’en soit l’auteur. Dans cette composition,
dont une reproduction en stuc avait déjà été faite en 1428, nous avons donc la plus an-
cienne œuvre de Luca que l’on connaisse, et cette opinion est confirmée encore par le
caractère particulièrement archaïque de cette œuvre qui rappelle Ghiberti. »

Le palais Frescobaldi possédait une Madone qui a été acquise par M. Bardini, le
célébré antiquaire de Florence. - Je reproduis cette Madone qui, comme la Madone Drury
Fortnum, mais pour d’autres raisons, est bien faite pour provoquer une intéressante discus-
sion. J’ai dit que la Madone Drury Fortnum ne ressemblait pas aux Madones authentiques
de Luca, et que ce n’était que par suite d’hypothèses très


Madone Frescobaldi

téméraires que l’on pouvait en proposer l’attribution à ce
maître. Ici il en est tout différemment, car la Madone Fre-
scobaldi a les plus grands rapports avec certaines Madones
de Luca, et la seule question qui se pose est celle de savoir
si elle a été faite par Luca lui-même, ou si elle n’est pas
simplement une œuvre d’imitation.
La Madone Frescobaldi rappelle de très près la
Madone de la Porte du Dôme et plus encore la Madone
aux roses du Bargello. C’est la même attitude de la Vierge
et de l’enfant Jésus. Mais si, d’autre part, nous examinons
le détail des draperies dans la partie qui recouvre les jam-
bes, nous trouvons un style beaucoup plus avancé, tout à
fait analogue au style des Apôtres de la Chapelle Pazzi.
Nous devrions donc nécessairement conclure que cette
Madone est postérieure à la Vierge aux roses et qu’elle

appartient à la même époque que la Madone d’Or S. Michèle. Mais alors il est impossible
de s’expliquer la naïveté et la maladresse des nus de l’enfant Jésus. En particulier la tête

(1) Archivio storico dell’Arte, 1889, p. 7. Pour l’intelligence de ce texte, je rappelle que M. Bode considère la Ma-
done de S. Pierino et la Madone de la Via dell’Agnolo comme étant les plus anciennes œuvres de Luca, tandis que je les classe
moi-même dans la décade de 1450.
 
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