Reymond, Marcel: La sculpture florentine (Band 3): Seconde moitié du XVe siècle (Florence: Alinari, 1899)

Madone
du Mztsée de l’Œuvre du Dôme, par Andrea délia Roldbia

INTRODUCTION

CARACTÈRES GÉNÉRAUX

T >f.s sculpteurs de la seconde moitié du xve siècle sont les disciples fidèles des grands
maîtres de la période précédente. Sur tous les points essentiels ils pensent comme eux;
leur art a pour base le même sentiment religieux et la même observation de la nature, et
c’est par des nuances seulement qu’on peut les distinguer.
Plus encore que dans la première moitié du siècle la Ville de Florence jouit des
bienfaits de la paix et de la richesse. Dès le milieu du siècle l’œuvre.de Cosme de Médicis
a porté ses fruits, et les florentins, n’étant plus soumis à des crises sociales, à des luttes,
à des incertitudes d’organisation, voient se développer chez eux tous les caractères de
bien-être d’une civilisation parvenue à son plus haut degré de prospérité.
Au début du siècle, l’idée chrétienne, maintenue encore dans sa grandeur aus-
tère, et l’Humanisme, avec tout le zèle de son culte platonicien, avaient orienté l’art
vers l’expression du plus pur spiritualisme. Mais désormais la pensée florentine, moins
grave dans ses préoccupations, plus prompte au plaisir, se plaît surtout à l’expression
d’idées charmantes et gracieuses. Les artistes n’ont plus l’âme assez haute, ni assez in-
quiète, pour évoquer les drames de la vie du Christ, et leur cœur trop tendre ne veut
que chanter la gloire de la Vierge Marie et avec elle prier et se réjouir devant le berceau
du petit enfant Jésus. Plus de peines, plus de craintes, plus de larmes; ils sont tout amour
et sourire. Si nous avons pu dire, en parlant des premières années du xve siècle, que
jamais il n’y avait eu dans l’art plus de pensée, nous caractériserons non moins juste-
ment la fin du siècle en disant que jamais on n’a exprimé des idées plus riantes, plus de
tendresse et plus de bonheur. Et tout concourt à ce but, la forme des œuvres, le décor
si délicat qui les recouvre comme d’une moisson de fleurs, le choix des figures représen-
tant des enfants, des jeunes filles, des anges, des saints aux visages transfigurés par la foi