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Rocznik Historii Sztuki — 29.2004

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Merle Du Bourg, Alexis: Les Rubens et duc de Richelieu: nouveaux documents, nouvelles perspectives
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https://doi.org/10.11588/diglit.14537#0016
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ALEXIS MERLE DU BOURG

en arrière. J. Bergin a montré comment les dettes exigibles de la maison du cardinal de Richelieu, les legs
prévus par ce dernier et plus généralement le passif de la succession que venaient grossir d'énormes intérêts
se révélèrent d'un poids écrasant pour son héritier. La prodigalité du duc que Saint-Simon qualifie de « panier
percé »29 et une mauvaise gestion de son patrimoine achevèrent de le mettre en grande difficulté. L'érosion
de la fortune de Richelieu avait par conséquent été continue au cours des années 1660 et 1670. Les années
1680 n'allaient guère lui être plus favorables même si l'on peut supposer que la plus grande partie des dettes
résultant de la succession du cardinal devait être éteinte à cette date30. En 1687, précisément, le duc de
Richelieu, aux abois, dut quitter la cour pendant deux ans et s'installer dans son château du Poitou « pour

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y subsister... avec moins de dépense » .

Au début des années 1680 au plus tard, Richelieu était entré en relation avec un personnage à qui il
confia progressivement la gestion de l'ensemble de son patrimoine immobilier. En mars 1682, le duc avait,
en effet, concédé à Philippe Millieu (1646- ?) le bail des terres de son duché de Richelieu32. Le 18 avril
1687, il lui cédait pour neuf ans le bail général de l'ensemble de ses domaines33. Millieu, dans le contrat,
ne figurait pas en tant que preneur mais comme caution d'un certain Léon Guyot, « bourgeois de Paris
demeurant rue du Grand chantier, paroisse St. Nicolas-des-champs » qui lui servait de prête-nom. Le même
jour, Richelieu vendait apparemment à Léon Guyot douze tableaux « originaux de Rubens » pour l'énorme
somme de 100 000 1. soit une moyenne de plus de 8 300 1. par tableau34. Ces tableaux, « garnys de leurs
bordures de bois sculptées et dorées » étaient « un neptune sur les eaux » sur toile, « un Combat d'hommes
et de lions » sur toile, « le massacre des innocents » sur bois, « la madeleine chez les Pharisiens » sur bois,
« un saint georges combattant le Dragon avec paysage » sur toile, « le port de Cadix » sur bois, « la décolation
de saint Jean » sur toile, « un Silvain tenant une corbeille de fruits » sur bois, « une Suzanne et les deux
vieillards » sur bois, « une déesse ouvrant (?) une corbeille de fleurs » sur toile, « une femme assise resvant »
sur toile et enfin, un tableau dont le support n'est pas précisé, représentant « un paysage de Flandres ».

Sur les douze tableaux décrits dans le Cabinet de Mgr le Duc de Richelieu, pas moins de dix sont donc
cités dans l'acte de 1687 et l'on retrouve ici neuf (dix si l'on admet que le paysage « représentant la vue de
Malines » cité dans l'inventaire de la duchesse est identique avec le « paysage de Flandres » de 1687) des
tableaux inventoriés en 1684. Les concordances et les variantes entre ces trois états de la collection laissent
fort perplexe. On a ainsi la surprise de constater qu'un tableau aussi important que « Le Massacre des
Innocents », probablement identifiable avec le chef-d'œuvre de l'Alte Pinakothek de Munich (Fig. 4), qui
ne fut pas inventorié après la mort de la duchesse de Richelieu mais qui faisait partie du Cabinet de Mgr le

la même année dans son Paris ancien et nouveau..., est, elle aussi, étroitement liée à celle de Roger de Piles et ne reflète sans doute
pas davantage l'état de la collection en 1685. Il est même vraisemblable que Le Maire ne vit jamais les tableaux en question. Il ne
comprit d'ailleurs pas que le texte du duc de Richelieu consacré à la « Chute des reprouvez » dans la Dissertation et la description
du tableau par Roger de Piles qui le suivait, concernaient une seule et même œuvre et se figura, par conséquent, que le duc possédait
deux tableaux du même sujet (III, p. 245-252). De même, les passages concernant le cabinet Richelieu, plus ou moins laconiques,
figurant dans les différentes éditions de la Description de la ville de Paris... de G. В r i с e en 1684, 1687, 1698 et, enfin en 1701,
ne témoignent pas, selon nous, de manière exacte de la composition du cabinet Richelieu dans la deuxième partie des années 1680
et dans la décennie suivante.

29 Cité par В e r g i n, (cité note 2), p. 256.

30 Ibidem, p. 256 et s.

31 Ibidem, p. 262.

32 Arch. nat. M.C., CV, 897, 17 mars 1682. La cote du document est citée par Bergin (cité note 2, p. 323, note 141). Dans le
contrat de bail, Millieu n'apparaît pas en tant que bailleur mais en tant que caution d'un certain Jacques Drouard « bourgeois de
Paris ». Voir aussi les papiers dans l'inventaire après décès de la première duchesse de Richelieu (Arch. nat., M.C., CV, 904, 29 mai
1684). Fils d'un avocat parisien, Millieu se spécialisa, au début de sa carrière, dans la gestion des grands domaines fonciers. C'est
ainsi qu'il fut fermier de la marquise de Sablé avant d'être celui du duc de Richelieu. U était alors receveur des tailles de l'élection
de Paris puis il prit part aux affaires extraordinaires lors de la guerre de la Ligue d'Augsbourg. Il acquit un office, sans doute très
lucratif, de receveur général des vivres. Ses activités lui vaudront, en 1716, une forte taxe pour laquelle il parvint finalement
à obtenir une transaction avantageuse. Millieu fut, par ailleurs, trésorier des parties casuelles avant 1693. Il paraît avoir été un
personnage assez trouble, soupçonné dès ses débuts d'indélicatesses et connu pour son goût des pots-de-vin (D. D e s s e r t, Argent,
pouvoir et société au Grand Siècle, Paris, 1984, p. 649). Si l'on en croit le Factum pour le Sieur Millieu Trésorier des Revenus
casuels... contre Monsieur le Duc de Richelieu..., Millieu aurait, dès mars 1682, commencé à prêter de l'argent à Richelieu (Bibl.
nat., Morel de Thoisy, 109, f. 1-4).

33 Arch. nat., M. C, LVII, 158.

34 Arch. nat., M. C, LVII, 158. Le document a été mis au jour par L. В o u b 1 i {Richelieu et le monde de l'esprit, Cat.
d'exposition, Paris, Sorbonne, 1985, p. 111).
 
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