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Le rire: journal humoristique — 3.1896-1897 (Nr. 105-156)

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https://doi.org/10.11588/diglit.16952#0014

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LA DEMOISELLE A MARIER

{Suite et fin.)

d.wiel, seul. — Elle me plaît; premier point. Second point, elle
possède les qualités qui ornent les deux modèles d'épouse souhai-
table. Reste à ne pas me laisser rouler par le père; troisième point.

m. lhomme, entrant. — On me dit que vous me demandez. M. Da-
niel Langoureux, n'est-ce pas?

daniel. — Et je m'en vante.

m. lhomme. —■ Vous venez pour un achat de terrain?

daniel. — Non, je viens pour votre fille.

m. lhomme, étonné. — Ah? Comme ça? Brutalement?

daniel. — Je n'ai pas besoin de terrain, mais de votre fille. Je l'ai
vue tout à l'heure.

m. lhomme, inquiet. — Eh bien? Comment la trouvez-vous? Un
peu libre, n'est-ce pas ?

daniel. — Au contraire; modeste, réservée, bien élevée.

m. lhomme. — Vous êtes bien sûr que c'est à ma fille que vous
avez parlé?

daniel. — Sûr. En principe elle me plaît beaucoup. Maintenant,
parlons chiffres.

m. lhomme. — Les chiffres seront les mêmes : deux L entrelacés.
daniel. — Je parle du chiffre des apports. C'est 300,000, m'a-t-on
dit?

m. lhomme. — Oui : les rentes de 200,000, c'est-à-dire 10,000, plus
100,000 net.

daniel. — Heuh ! Enfin, le tiers comptant, c'est déjà quelque
chose. En quoi les 100,000?

Voilà; je suh un homme prévoyant.

m. lhomme. — Voilà; je suis un homme prévoyant, moi. Toul pe-
tit, je songeais à ma future famille, à la fille que j'aurais plus tard,
et à la dot que je lui donnerais. Et je mettais de côté les pièces du
Pape, les Suisses assises, les monnaies argentines et brésiliennes,
les sous chinois; mes amis m'en apportaient. Ça finit par faire une
somme: vingt mille francs.

daniel. — Vraiment?

m. lhomme. — Pas un sou de moins. Vous aurez peut-être un peu
de mal à faire passer tout ça; ce sera un intérêt dans votre exis-
tence; il est bon qu'un jeune homme ait une occupation. Quant au
reste, ce sont des actions de journaux, des titres avec des images
très curieuses, des obligations devenues introuvables, des assignats
de la Ire République. J'ai eu ça au poids du papier; une affaire ex-
ceptionnelle. Vous tirerez parti du tout.

daniel. — En effet. Et la rente des 200,000?

m. lhomme. — Je ne consentirai pas à me séparer de ma fille. Je
vous donne le logement, un joli appartement qui vaut dans les 3,000,
plus les contributions qui font 200. Je vous offre le couvert; l'ordi-
naire delà maison est excellent; il vous coûterait 20 francs par jour
et par tête dans un hôtel ; moi, je vous passe cela pour 500 francs.
On vous blanchira chez nous; avec le chauffage et l'éclairage, vous
voyez que cela fait juste les 10,000 francs de rente annoncés.

daniel. — Monsieur Lhomme, me prenez-vous pour une poire?

m. lhomme. — Ah ! j'oubliais; ma fille est légataire universelle de
sa tante Germaine.

daniel. — ... dont le bien est en viager. Vous oubliez aussi que
vous avez un fils.

m. lhomme, abasourdi. — Ah ! çà, vous êtes joliment renseigné,
vous !

daniel. — Pas mal, merci. Et vous?

m. lhomme. — Moi aussi; je connais vos fredaines. Vous menez la
vie, mon bon.

daniel. — J'ai jeté ma gourme, comme tout le monde.
m. lhomme. — N'empêche que vous n'êtes plus de la première fraî-
cheur.

daniel. — J'ai de l'expérience, aussi. Enfin, vous êtes résolu à ne
pas lâcher un sol ?

m. lhomme. — Ah ! fi, jeune homme! Vous marchandez? Si vous
épousez ma fille, c'est pour ses beaux yeux.

daniel. — Mais ce n'est pas pour les vôtres.

m. lhomme. — Vous êtes riche pour deux. D'ailleurs, vous trouve-
rez ma fortune après ma mort.

daniel. — Oui, on dit ça! Et vous traînerez en longueur. Je ne
veux pas que l'on m'accuse de désirer votre mort.

m. lhomme. — Vous désirez ma ruine, monsieur; ou ma fille vous
plaît, et alors les affaires d'argent ne comptent pas pour vous; ou
elle ne vous plaît pas, et alors, arrêtons-nous là. Réfléchissez; à tout
à l'heure. (Il sort.)

daniel. — Ah ! c'est dégoûtant de tenir ainsi à son argent. Ce
vieil Arabe me soulève le cœur. Tant pis pour la petite, j'aurais fait
son bonheur.

agnès, entrant. — Vous avez vu mon père ?

daniel. — Oui; ça ne marche pas, ou plutôt je ne marche pas.

agnès. — Vous n'épousez plus?

daniel. — Non. Votre père a des prétentions inabordables. Je le
regrette, car vous me plaisiez.
agnès. — Si ce n'est que ça ! Vous n'allez pas partir ainsi.
Daniel. — Comment?

agnès. — Tant que vous avez eu des idées sur moi, j'étais tenue à

une certaine réserve.

daniel. — Et maintenant?

agnès, l'embrassant. — Maintenant que la chose est ratée, je ne
suis plus tenue. Tiens ! tiens 1! {Baisers.)

daniel. — Oh ! mais ! oh !! mais !!!

agnès. — Vous ne pouviez pas avoir fait le voyage pour rien. Ve-
nez par là, je connais un petit coin où on ne nous dérangera pas.

daniel. — Vous êtes bien aimable, mais... je crains d'abuser.

agnès. — De rien, de rien, c'est moi qui offre. {Ils sortent.)

m. lhomme, entrant. — Qu'est-ce qu'elle me chante, la tante Ger-
maine, avec son sifflet ? Je n'ai rien compris. Elle est un peu folle,
la brave femme.

mme lhomme, entrant. — Il n'accepte pas, hein ? Quand je te le di-
sais !

m. lhomme. — Il se décidera. {On entend un coup de sifflet.) Tiens?
Tu entends? On siffle.

m"16 lhomme. — C'est le chien, sans doute. Et alors, ce monsieur
s'en va?

m. lhomme. — Il s'en va. Je ne le retiens pas, tu penses" un mon-
sieur qui discute...

mme< lhomme. — Tu as tort, il ne s'en présentera peut-être plus
d'autre.

m. lhomme. — Alors j'augmenterai la dot. (On siffle.) Qui est-ce
qui siffle comme ça, c'est insupportable !

mme lhomme. — Laisse, c'est le chien. Et si, d'ici là, la petite fait
des bêtises?

m. lhomme. — J'augmenterai encore le chiffre de la dot. Voici la
tante Germaine, demand,e-lui son avis.
ïante germaine, entrant. — Il a réfléchi, où est-il?
m. lhomme. — Le prétendu? Il est avec la petite ; en ce moment,
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Werk/Gegenstand/Objekt

Titel

Titel/Objekt
La Demoiselle à marier (Suite et fin.)
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Grafik

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Aufbewahrung/Standort

Aufbewahrungsort/Standort (GND)
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Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES

Objektbeschreibung

Maß-/Formatangaben

Auflage/Druckzustand

Werktitel/Werkverzeichnis

Herstellung/Entstehung

Entstehungsdatum
um 1897
Entstehungsdatum (normiert)
1892 - 1902
Entstehungsort (GND)
Paris

Auftrag

Publikation

Fund/Ausgrabung

Provenienz

Restaurierung

Sammlung Eingang

Ausstellung

Bearbeitung/Umgestaltung

Thema/Bildinhalt

Thema/Bildinhalt (GND)
Karikatur
Satirische Zeitschrift

Literaturangabe

Rechte am Objekt

Aufnahmen/Reproduktionen

Künstler/Urheber (GND)
Universitätsbibliothek Heidelberg
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Alle Rechte vorbehalten - Freier Zugang
Creditline
Le rire, 3.1896-1897, No. 105 (7 Novembre 1896), S. 2
 
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