LES BUVEURS
Dessin ae burret.
l'acte de divorce non signé. Betsy reprit son nom de jeune femme
au vestiaire.
Ce fut une autre lune de miel, mais d'un miel raffiné, dépouillé
de la cire vierge des gaucheries initiales. Mais quand ils eurent
achevé de parcourir ces acquêts moraux et physiques qu'ils
apportaient l'un à l'autre, ils se sentirent déjà las. Après six mois,
On avait dit de Sam et de Betsy « qu'ils étaient faits l'un pour lfi d& Ja fpanchise marqua Ia fin de leur nouveau bonheur;
l'autre». On les maria donc, comme si c'était une raison suffisante. deg querelles d.argent, ainsi que jadis, achevèrent de les désunir.
C'est pourquoi, après six mois d une union parfaite, ils s'impatien- u séparation> cette fois définitive, leur parut le meilleur moyen
tèrent de retrouver sans cesse leurs défauts l'un chez l'autre; on en ^, ■ fjn;r
vint à des appréciations aigres; et les questions d'argent amenèrent ,lg s-oublièrent; elle> fut de n0Uveau Betsy Boka. Des intrigues
l'échange de vérités toujours de plus en plus féroces. Par dépit, formèrent leurs caractères diversement. Souhaitant la liberté, ils
Sam et Betsy s'efforcèrent à l'adultère; enfin, après explication, ils mirent encore leurg avoués en campagne. 0n les réunit chez le
se séparèrent. Elle, reprit son nom de jeune fille : Betsy Boka. précédent notaire. Fut-ce la mélancolie d'un jour de pluie? Fut-ce
Ils s'oublièrent; au bout de quelques années, on leur conseilla de plutôt la nostalgie de leur passé? Betsy et Sam causèrent. Leur
régulariser leur situation et de divorcer; des avoués s'entremirent, attente ne fut pag déçu6) car gelon leurs secrètes prévisions ils se
et, d'un commun accord, les formalités furent réglées en peu de retrouvaient encore différents, un peu tristes, un peu las, avec une
temps. Pour les dernières signatures, une entrevue était nécessaire expérience de souffrir qui nuançait plus vivement leur entretien;
et, comme après tout, ayant autant à se reprocher, ils n'avaient une certaine maturité du corps, une certaine âpreté du caractère
rien à se reprocher, ils consentirent à se voir seul à seule chez le de la figure; c>en était assez pour souhaiter un supplément d'infor-
notaire. mations. Le même divan leur fut un terrain de conciliation. Ils
Fut-ce le recueillement du meuble en moleskine verte dans ce ajournèrent encore de signer l'acte de divorce,
cabinet où on les réunit, la paix des lourds rideaux qui les porta à _ Et depuis, m'a dit le notaire, la chose est réglée. Pour un
l'analyse et au regret des premières joies? Fut-ce l'étonnement de temps, {\s s'adorent; puis se fatiguent et se quittent et errent à
se retrouver et l'envie d'en savoir plus long sur cette aventure? i'aventure, chacun de son côté. Puis ils se retrouvent, ici, à mon
Sam et Betsy causèrent; l'un et l'autre admirèrent les acquisitions étude> au bout de quelqUes mois ou de quelques années, et toujours
nouvelles qu'ils découvraient l'un chez l'autre : aisance, embonpoint, ge reprennent au moment de signer.
gaieté, assurance, goût dans l'habillement. Ils s'assirent sur le divan De telle sorte ces deux âmes spéciales, ces deux cœurs inquiets
de moleskine, et le silence agité d'une réconciliation succéda à ont trouvé dans le divorce un moyen de varier sans cesse la mono-
1 entretien. tonie de vivre ensemble.
Une heure après, en sortant du cabinet, ils rendirent au notaire Pierre Veber.
Dessin ae burret.
l'acte de divorce non signé. Betsy reprit son nom de jeune femme
au vestiaire.
Ce fut une autre lune de miel, mais d'un miel raffiné, dépouillé
de la cire vierge des gaucheries initiales. Mais quand ils eurent
achevé de parcourir ces acquêts moraux et physiques qu'ils
apportaient l'un à l'autre, ils se sentirent déjà las. Après six mois,
On avait dit de Sam et de Betsy « qu'ils étaient faits l'un pour lfi d& Ja fpanchise marqua Ia fin de leur nouveau bonheur;
l'autre». On les maria donc, comme si c'était une raison suffisante. deg querelles d.argent, ainsi que jadis, achevèrent de les désunir.
C'est pourquoi, après six mois d une union parfaite, ils s'impatien- u séparation> cette fois définitive, leur parut le meilleur moyen
tèrent de retrouver sans cesse leurs défauts l'un chez l'autre; on en ^, ■ fjn;r
vint à des appréciations aigres; et les questions d'argent amenèrent ,lg s-oublièrent; elle> fut de n0Uveau Betsy Boka. Des intrigues
l'échange de vérités toujours de plus en plus féroces. Par dépit, formèrent leurs caractères diversement. Souhaitant la liberté, ils
Sam et Betsy s'efforcèrent à l'adultère; enfin, après explication, ils mirent encore leurg avoués en campagne. 0n les réunit chez le
se séparèrent. Elle, reprit son nom de jeune fille : Betsy Boka. précédent notaire. Fut-ce la mélancolie d'un jour de pluie? Fut-ce
Ils s'oublièrent; au bout de quelques années, on leur conseilla de plutôt la nostalgie de leur passé? Betsy et Sam causèrent. Leur
régulariser leur situation et de divorcer; des avoués s'entremirent, attente ne fut pag déçu6) car gelon leurs secrètes prévisions ils se
et, d'un commun accord, les formalités furent réglées en peu de retrouvaient encore différents, un peu tristes, un peu las, avec une
temps. Pour les dernières signatures, une entrevue était nécessaire expérience de souffrir qui nuançait plus vivement leur entretien;
et, comme après tout, ayant autant à se reprocher, ils n'avaient une certaine maturité du corps, une certaine âpreté du caractère
rien à se reprocher, ils consentirent à se voir seul à seule chez le de la figure; c>en était assez pour souhaiter un supplément d'infor-
notaire. mations. Le même divan leur fut un terrain de conciliation. Ils
Fut-ce le recueillement du meuble en moleskine verte dans ce ajournèrent encore de signer l'acte de divorce,
cabinet où on les réunit, la paix des lourds rideaux qui les porta à _ Et depuis, m'a dit le notaire, la chose est réglée. Pour un
l'analyse et au regret des premières joies? Fut-ce l'étonnement de temps, {\s s'adorent; puis se fatiguent et se quittent et errent à
se retrouver et l'envie d'en savoir plus long sur cette aventure? i'aventure, chacun de son côté. Puis ils se retrouvent, ici, à mon
Sam et Betsy causèrent; l'un et l'autre admirèrent les acquisitions étude> au bout de quelqUes mois ou de quelques années, et toujours
nouvelles qu'ils découvraient l'un chez l'autre : aisance, embonpoint, ge reprennent au moment de signer.
gaieté, assurance, goût dans l'habillement. Ils s'assirent sur le divan De telle sorte ces deux âmes spéciales, ces deux cœurs inquiets
de moleskine, et le silence agité d'une réconciliation succéda à ont trouvé dans le divorce un moyen de varier sans cesse la mono-
1 entretien. tonie de vivre ensemble.
Une heure après, en sortant du cabinet, ils rendirent au notaire Pierre Veber.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum
um 1897
Entstehungsdatum (normiert)
1892 - 1902
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)