Après renseignements, nous apprîmes que les couvreurs s'étant mis en grève,
on avait renversé les nouveaux immeubles, pour garantir des ondées messieurs les
locataires.
Partout les volets étaient clos et les portes soigneusement fermées. Les concierges
n grève, nous dit-on, ils ont emporté les clés, et forcés nous sommes de
er à la belle étoile.
hommes, les femmes et les enfants vaguaient par les rues sans autre costume
peau que Dieu leur avait offerte en un jour de naissance.
est comme chez moi, remarqua S. M. La-Grande-Écume-de-l'Eau-Salée, vos
Heurs sont en grève?
- Hélas!
nuit venue, l'âme des mineurs ne trembla pas dans sa prison de verre; pas
un bec allumé, rien, l'obscurité complète : on assommait dans les
coins de pauvres diables dont les pieds étaient gantés de chaus-
sures. Ils avaient beau crier : « Mais je suis cordonnier, il faut bien
que j'use ma marchandise! » A coups de poing, la foule répondait :
« Vive la grève générale ! »
— Curieux pays! dit Sa Majesté. Je voudrais bien rendre visite à
votre roi.
— Il est en grève, répondis-je. C'est un président de république
qui dort sur son trône.
Sa Majesté réfléchit un instant, puis :
— J'ai bien envie de civiliser mon peuple. Viens avec moi, tu seras
mon conseiller.
De retour dans ses états, Sa Majesté La-Grande-Écume-De-TEau-
Salée n'eut qu'à
se mettre en grève
pour avoir des su-
jets aussi civilisés
que ceux de Paris.
J'en profitai pour
me nommer Prési-
— Pouvez-vous me dire le jour que madame reçoit? tient de 1 lie.
— La nuit, Monsieur. Dessin de A. faivue. Et La-Grande-
Éeume-De- l'Eau -
LOUFOQUERIES Salée vit, pour la
première fois, ;i
quoi pouvaient ser-
III. — MA PRÉSIDENCE vir les grèves.
A six cents kilomètres de la Terre de Feu se baigne une île G. Brandimbourg.
presque inconnue. Les encyclopédies l'ignorent et les
géographies n'en parlent pas.
Étant en villégiature dans cette île, un marchand de
taupes me présenta au maître de l'endroit, S. M. le roi
La-Grande-Eeume-De-1'Eau-Salée. mÊffl%ÊBm
Le dîner que S. M. nous offrit fut convenable : un v /CJ, . A
plat national, que dans les grandes circonstances on ^\ r^L)j§ l^^Ê»
sert à la reine, tous les vingt-cinq ans, eut l'honneur JÉR^-^W /^-^PÉl^ \
de notre appétit; c'était une superbe cuisse du jeune WBm.A^nm. '"'^•îVSaSL
Caraïbe sur nageoires de phoques. Conuno jÉramm 'ïjj ir^^^^
entrée, des mamelles de baleines à la graisse JHHbK. JJ ■ ■ / / Y,
fKnHnilM if BBMBBf / / h / !• sJ» jb
de pélican me rappelèrent vaguement un ^^""^^mgrMff Ç mB*/Aï { m. €
plat de nouilles à la margarine. Il jf^S' Jh^EBL x yjHr /^Mj \ jmsM
Au dessert nous causâmes de la France. 1/ /ÉfpvH^K vL^M r'fnraE ml
La-Grande-Écume-De-l'Eau-Salée me de- ifmf*& J, Jr-'-K^^È raK-
manda : \) ' Y K l faf \. wBBBK
— Est-ce un pays civilisé? \/^V/ 1 Jm|Î/
Je lui répondis : ■ J^y\^^^^!\\ jl/"S jM
— Oui, Majesté, on y parle même anglais. / iff? "^V <
Son Altesse fit une grimace, et, pour dé- Sbmff M ^Éa
tourner la conversation, daigna me dire
qu'Elle serait très heureuse de m'accompa-
gner jusqu'à Paris.
Le lendemain, j'allai baiser les pieds de
la reine, puis nous nous embarquâmes sur le
vaisseau royal : le Globule des Mers, en par-
tance pour la capitale française.
Paris était bien changé. Nous vîmes avec
stupéfaction des maisons toit par dessus tête.
— Veux-tu tenir la lampe droite ! Ta mère ne voit pas ce qu'elle fait. Dessin de A. Faivre.
on avait renversé les nouveaux immeubles, pour garantir des ondées messieurs les
locataires.
Partout les volets étaient clos et les portes soigneusement fermées. Les concierges
n grève, nous dit-on, ils ont emporté les clés, et forcés nous sommes de
er à la belle étoile.
hommes, les femmes et les enfants vaguaient par les rues sans autre costume
peau que Dieu leur avait offerte en un jour de naissance.
est comme chez moi, remarqua S. M. La-Grande-Écume-de-l'Eau-Salée, vos
Heurs sont en grève?
- Hélas!
nuit venue, l'âme des mineurs ne trembla pas dans sa prison de verre; pas
un bec allumé, rien, l'obscurité complète : on assommait dans les
coins de pauvres diables dont les pieds étaient gantés de chaus-
sures. Ils avaient beau crier : « Mais je suis cordonnier, il faut bien
que j'use ma marchandise! » A coups de poing, la foule répondait :
« Vive la grève générale ! »
— Curieux pays! dit Sa Majesté. Je voudrais bien rendre visite à
votre roi.
— Il est en grève, répondis-je. C'est un président de république
qui dort sur son trône.
Sa Majesté réfléchit un instant, puis :
— J'ai bien envie de civiliser mon peuple. Viens avec moi, tu seras
mon conseiller.
De retour dans ses états, Sa Majesté La-Grande-Écume-De-TEau-
Salée n'eut qu'à
se mettre en grève
pour avoir des su-
jets aussi civilisés
que ceux de Paris.
J'en profitai pour
me nommer Prési-
— Pouvez-vous me dire le jour que madame reçoit? tient de 1 lie.
— La nuit, Monsieur. Dessin de A. faivue. Et La-Grande-
Éeume-De- l'Eau -
LOUFOQUERIES Salée vit, pour la
première fois, ;i
quoi pouvaient ser-
III. — MA PRÉSIDENCE vir les grèves.
A six cents kilomètres de la Terre de Feu se baigne une île G. Brandimbourg.
presque inconnue. Les encyclopédies l'ignorent et les
géographies n'en parlent pas.
Étant en villégiature dans cette île, un marchand de
taupes me présenta au maître de l'endroit, S. M. le roi
La-Grande-Eeume-De-1'Eau-Salée. mÊffl%ÊBm
Le dîner que S. M. nous offrit fut convenable : un v /CJ, . A
plat national, que dans les grandes circonstances on ^\ r^L)j§ l^^Ê»
sert à la reine, tous les vingt-cinq ans, eut l'honneur JÉR^-^W /^-^PÉl^ \
de notre appétit; c'était une superbe cuisse du jeune WBm.A^nm. '"'^•îVSaSL
Caraïbe sur nageoires de phoques. Conuno jÉramm 'ïjj ir^^^^
entrée, des mamelles de baleines à la graisse JHHbK. JJ ■ ■ / / Y,
fKnHnilM if BBMBBf / / h / !• sJ» jb
de pélican me rappelèrent vaguement un ^^""^^mgrMff Ç mB*/Aï { m. €
plat de nouilles à la margarine. Il jf^S' Jh^EBL x yjHr /^Mj \ jmsM
Au dessert nous causâmes de la France. 1/ /ÉfpvH^K vL^M r'fnraE ml
La-Grande-Écume-De-l'Eau-Salée me de- ifmf*& J, Jr-'-K^^È raK-
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Je lui répondis : ■ J^y\^^^^!\\ jl/"S jM
— Oui, Majesté, on y parle même anglais. / iff? "^V <
Son Altesse fit une grimace, et, pour dé- Sbmff M ^Éa
tourner la conversation, daigna me dire
qu'Elle serait très heureuse de m'accompa-
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Le lendemain, j'allai baiser les pieds de
la reine, puis nous nous embarquâmes sur le
vaisseau royal : le Globule des Mers, en par-
tance pour la capitale française.
Paris était bien changé. Nous vîmes avec
stupéfaction des maisons toit par dessus tête.
— Veux-tu tenir la lampe droite ! Ta mère ne voit pas ce qu'elle fait. Dessin de A. Faivre.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum
um 1898
Entstehungsdatum (normiert)
1893 - 1903
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
In Copyright (InC) / Urheberrechtsschutz
Creditline
Le rire, 4.1897-1898, No. 208 (29 Octobre 1898), S. 3
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg