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Le rire: journal humoristique — 6.1899-1900 (Nr. 261-312)

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https://doi.org/10.11588/diglit.21881#0551
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G. Tell. — De grâce, deux mots encore.

— Soit... parlez.

G. Tell. — J’aimerais mieux viser entre la poire et le fromage que de viser entre la pomme et le petit
suisse. Dessin TAvelot.

jcsv

U N GASCON

Puisqu’il est entendu que tous les Méridionaux
s’appellent au moins Marius, j’appellerai le mien
dece doux et illustre nom. Quant à être du Midi,
celui-là, il en était à en revendre ! Tout ce qu’il
voyait, tout ce qu’il entendait, il l’exagérait dans
des proportions tellement notables qu’on aui’ait
volontiers cru à une plaisanterie — de goût dou-
teux d’ailleurs — s’il n’avait été d’une sincérité
éclatante. Il avait quelque chose comme une dou-
ble vue produite par ce coup de soleil que reçoit
en naissant tout naturel du royaume de Mistral.

Ainsi, si l’on disait devant lui qu’on avait mangé
du gras-double à déjeuner, tout de suite il renché-
rissait. Il avait fait bien mieux : il avait mangé du
gras triple ! Parlait-on d’une voiture à traction
mécanique ou simplement animale : il avait vu
plus fort. Et il vous citait un phénomène encore
inconnu, la voiture à traction végétale. Un jour
qu’on le complimentait sur sa corpulence, qui était

énorme, d’ailleurs, il eut l’audace de nous raconter
l’affreux mensonge suivant :

— « Moi, ce n’est rien, nous dit-il. Il fallait voir
mon père. Il était tellement grand qu’on n’a jamais
pu le photographier que par fragments : il ne pou-
vait pas entrer tout entier dans l’objectif.

Comme au fond c’était un excellent garçon,
nous lui faisions une guerre acharnée, dans l’es-
poir de le corriger de ce défaut qui prêtait parfois
à rire. Mais allez donc faire entendre raison à un
gaillard de cette trempe ! Il prétendait qu’il ne
faisait que voir large et que c’était nous qui exa-
gérions en ramenant les choses à de trop petites
proportions.

Et il continuait de plus belle.

Il nous soutenait qu’étant allé une fois au théâ-
tre, la jumelle dont il se servait rapprochait telle-
ment les objets, qu’il s’était heurté le front au
balcon de la galerie d’en face en voulant lorgner
une jolie fermne. Une autre fois il prétendait qu’é-
tant sorti de chez lui en retard pour aller à un
rendez-vous, il y était arrivé avec une avance de
cinq minutes, tellement il avait marché vite. C’est

ce qui s’appelle rattraper le temps perdu.
Enfin je l’ai entendu, oui entendu de
mes propres ouïes, soutenir l’invraisem-
blable aventure suivante :

Il avait eu, jadis, un chien qu’il ai-
mait. beaucoup, et qu’il avait perdu de-
puis. Son affection pour cet animal do-
mestique était telle qu’il avait fait faire
son portrait par un peintre de ses amis.
Or le portrait était tellement vivant qu’il
aboyait chaque fois qu’il entendait un
bruit insolite.

— « Voyons, mon ami, lui dis-je à la
suite de cette dernière gasconnade, tu
ne te rends pas compte que tu tiens des
propos ridicules. Ça a beau t’être égal,
c’est gênant pour ceux qui sont avec
toi. »

Il daigna en convenir :

— Oui, me répondit-il; j’ai beau faire,
je ne peux pas me débarrasser de cette
sacrée habitude. Aussi, si tu veux m’être
agréable, tu m’avertiras chaque fois que
j’exagérerai. Si nous sommes devant
des étrangers, tu n’auras tout simple-
ment qu’à me tirer par le pan de ma
jaquette. »

J’acceptai. Mission d’autant plus in-
grate que je n’étais pas payé pour rem-
plir ces fonctions. Mais que voulez-vous !
Je suis d’une nature si désintéressée !
La première fois que Marius me donna
l’occasion de m’acquitter de ma corvée
volontaire, nous étions dans le monde.
Il venait de louer un superbe apparte-
ment et il répondait à une charmante
dame qui lui demandait des renseigne-
ments sur sa nouvelle installation :

Autrefois les peaux habillaient 'les hom-
mes...
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