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https://doi.org/10.11588/diglit.17503#0350
« Tu sais que j'ai la passion des courses.
J'ai la prétention d'avoir un flair prodigieux
pour trouver les gagnants. Ce flair était aidé
par des tuyaux que me donnait — à raison de
cent sous l'un — le domestique du palefrenier
du jockey de l'éleveur de l'écurie Lafroussi.
ic Un .jour, muni de mon flair et d'un tuyau
tout frais, je me rendis à Auteuil et je portai
tout mon argent sur Galochard, ma certitude.
Il arriva mauvais dernier. Je courus vers
mon tuyauteur et le couvris d'invectives. Il
me répondit que si j'avais bien suivi la
course je devais m'èlre aperçu que Galo-
chard avait été tiré ; que cette manœuvre
habile lui assurait, pour la prochaine course,
une cote d'outsider et qu'alors j'empocherais
la forte somme.
« Le cheval courait huit jours après à Co-
lombes. J'avais mis ma montre au clou et ta-
pé tous les camarades ; je possédais Irois
cents francs. Je mis le tout à dix contre un :
Galochard se déroba à la première haie. Je
voulus étrangler mon homme ; il s'y opposa
en objectantavec raisonqueçane me rendrait
pas mon argent, que c'étaït un nouveau tour
de l'Ecurie et que la cote de Galochard allait
devenir fantastique : c'était la Fortune.
« Quinze jours après Galochard courait à
Nice. Il fallait y aller coûte que coûte, partir
le samedi et revenir le lundi réintégrer le
bureau. Une seule chose me manquait, mais
• <j*«j9i»»i«K««"~- elle avait son importance : c'était l'argent.
politique de désintéressement : a la buvette Je travaillais dans le cabinet du patron
— Six ans! Six ans! C'est dix ans qu'il nous faudrait pour ne pas en être de notre poche. . • , . . .
Dessin de Grandjouam. qui, connaissant mon honnêteté quasi-pro-
verbiale, s'absentait parfois, laissant la clef
UNE VICTIME DU REPORTAGE doutes sur ses vertus. Heureusement, cette sur son coffre-fort. Je profitai d'une de ses
lettre que je reçois me rassure : absences pour mettre la main sur une petite
« Cher ami, ne me condamne pas ; je suis liasse de billets bleus. Où était le mal, puis-
J'avais toujours connu Hippolyte Toutout la victime des journaux; à ina libération que je remboursais dans les quarante-huit
franc comme l'or et honnête comme... la (360 jours à tirer encore... je suis de la heures?
comparaison me manque; mais quand j'ap- classe), je me promets de t'offrir une série de « Le patron rentra,ferma sa caisse, sortit,
pris que le Gouvernement venait de l'obliger bons dîners avec l'argent des dommages- et moi je bondis dans un fiacre qui me con-
à passer un bail d'un an pour le loger dans intérêts que je ferai verser à ces gredins de duisit à la gare de Lyon. La liasse contenait
une de ses prisons, j'avoue que j'eus des journalistes. cinq mille francs.
S"
— Ça n'est pas cher. Et puis, vous voyez, vous n'aurez pas besoin de — Ça n'est pas cher. Et puis, vous voyez, vous n'aurez pas besoin de
faire du feu. Le tuvau de poêle du voisin va chauffer votre appartement faire du feu. Le tuyau de poêle du voisin va chauffer votre appartement.
' Dessin de Depaquit.
J'ai la prétention d'avoir un flair prodigieux
pour trouver les gagnants. Ce flair était aidé
par des tuyaux que me donnait — à raison de
cent sous l'un — le domestique du palefrenier
du jockey de l'éleveur de l'écurie Lafroussi.
ic Un .jour, muni de mon flair et d'un tuyau
tout frais, je me rendis à Auteuil et je portai
tout mon argent sur Galochard, ma certitude.
Il arriva mauvais dernier. Je courus vers
mon tuyauteur et le couvris d'invectives. Il
me répondit que si j'avais bien suivi la
course je devais m'èlre aperçu que Galo-
chard avait été tiré ; que cette manœuvre
habile lui assurait, pour la prochaine course,
une cote d'outsider et qu'alors j'empocherais
la forte somme.
« Le cheval courait huit jours après à Co-
lombes. J'avais mis ma montre au clou et ta-
pé tous les camarades ; je possédais Irois
cents francs. Je mis le tout à dix contre un :
Galochard se déroba à la première haie. Je
voulus étrangler mon homme ; il s'y opposa
en objectantavec raisonqueçane me rendrait
pas mon argent, que c'étaït un nouveau tour
de l'Ecurie et que la cote de Galochard allait
devenir fantastique : c'était la Fortune.
« Quinze jours après Galochard courait à
Nice. Il fallait y aller coûte que coûte, partir
le samedi et revenir le lundi réintégrer le
bureau. Une seule chose me manquait, mais
• <j*«j9i»»i«K««"~- elle avait son importance : c'était l'argent.
politique de désintéressement : a la buvette Je travaillais dans le cabinet du patron
— Six ans! Six ans! C'est dix ans qu'il nous faudrait pour ne pas en être de notre poche. . • , . . .
Dessin de Grandjouam. qui, connaissant mon honnêteté quasi-pro-
verbiale, s'absentait parfois, laissant la clef
UNE VICTIME DU REPORTAGE doutes sur ses vertus. Heureusement, cette sur son coffre-fort. Je profitai d'une de ses
lettre que je reçois me rassure : absences pour mettre la main sur une petite
« Cher ami, ne me condamne pas ; je suis liasse de billets bleus. Où était le mal, puis-
J'avais toujours connu Hippolyte Toutout la victime des journaux; à ina libération que je remboursais dans les quarante-huit
franc comme l'or et honnête comme... la (360 jours à tirer encore... je suis de la heures?
comparaison me manque; mais quand j'ap- classe), je me promets de t'offrir une série de « Le patron rentra,ferma sa caisse, sortit,
pris que le Gouvernement venait de l'obliger bons dîners avec l'argent des dommages- et moi je bondis dans un fiacre qui me con-
à passer un bail d'un an pour le loger dans intérêts que je ferai verser à ces gredins de duisit à la gare de Lyon. La liasse contenait
une de ses prisons, j'avoue que j'eus des journalistes. cinq mille francs.
S"
— Ça n'est pas cher. Et puis, vous voyez, vous n'aurez pas besoin de — Ça n'est pas cher. Et puis, vous voyez, vous n'aurez pas besoin de
faire du feu. Le tuvau de poêle du voisin va chauffer votre appartement faire du feu. Le tuyau de poêle du voisin va chauffer votre appartement.
' Dessin de Depaquit.