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Le rire: journal humoristique — N.S. 1905 (Nr. 101-152)

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https://doi.org/10.11588/diglit.23870#0819

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c'est une façon de paju.er le grenier. Sa femme ne se trouvait donc pas seule, là-haut?

Grimpé au sommet d'une échelle, Pic s'arrêta. Aumoitte tenait
compagnie à Jeanne.

Si Aumoitte avait été un gentilhomme, vu l'instant auquel
Pic était survenu, quoique tout couvert de fétus de paille, il
aurait cérémonieusement proféré : » Je suis à vos ordres, mon-
sieur ». Il se contenta de marmotter :

— Ah ! c'est toi, Pic. J'étions passé pour les huit écus. Je t'at-
tendions.

Pic se gratta le front. Il manquait de présence d'esprit.

— Tu m'attendions... tu m'attendions point si tôt. Les v'ià, tes
vingt-cinq francs.

Inlassablement, jusqu'au soir, Pic confia ses sentiments aux
arbres, aux poules, à sa bêche, au cochon. Il s'exprimait en ces
termes :

— La garce! La garce des garces ! Moi, j' possédions seule-
ment point le sou pour la tromper. Et elle s'amuse à m' faire
des traits, à c'te heure !

*

* *

Aumoitte craignit, le lendemain et le surlendemain, que Pic
vînt lui reprocher sa conduite. Pic ne parut point.

Un matin de la semaine suivante, il aperçut les Pic qui, dans
la cour de la ferme, charriaient péniblement une brouette de
fumier. Sous prétexte de leur donner un coup de main, il se
hasarda à franchir le seuil. Il s'attendait à ce que, pendant toute
la durée de sa visite, Pic montât la garde auprès de sa femme.
Son étonnement fut vif. La besogne terminée, Pic disparut, et
resta deux heures absent du logis.

■— C'est-y qu'il n'aurait ren vu, l'aut' jour? s'étonna la
Jeanne.
— Faut croire.

Rassuré, Aumoitte revint à la ferme le 8, sous prétexte d'em-
prunter à Pic une bêche, puis le 11, sous prétexte de la lui rap-
porter, puis le 14, puis le 20. Si Pic avait, un moment, nourri des
soupçons, ils devaient à présent se trouver dissipés. Il réservait

— Où c'est qu'vous avez pu l'placer, c'mons>'eur? à son voisin un accueil cordial. Sans méfiance, il tolérait qu'il

— Tout à fait au fond, dans nia raie du milieu... demeurât en tête-à-tête avec Jeanne.

Aumoitte, suivant l'usage, se comporta comme un ingrat. Au

- lieu de témoigner à son ami quelque reconnaissance pour cette marque de con-

Très éprouvé par un deuil cruel, notre col- fiance, il ne connut à cet égard que du mépris : « Est-y bête! Nous prenons seu-
laborateur « Snob » se voit dans l'obligation iement point soin de nous cacher! »
d interrompre momentanément ses Potins
de Paris. Nous adressons nos sincères con-
doléances à notre ami et nous espérons qu'il
reprendra bientôt sa spirituelle collaboration
qui trouve un si grand succès auprès de nos
lecteurs. Le Rire.

LE TARI F

Le 30 de chaque mois, Pic versait à Au-
moitte, son voisin, vingt-cinq francs, prix de
la location d'un champ. Pour parfaire la somme
il était venu au village vendre des volailles.

Le marché conclu, Pic s'arrêta au cabaret.
Catherine, la fille d'auberge, était séduisante.
Sa poitrine tendait traditionnellement la toile
du corsage. Depuis deux mois il lui faisait
une cour assidue. Sans fatuité, il pouvait s'a-
vouer qu'il ne lui déplaisait pas. Elle ne sem-
blait pas intéressée, mais la générosité réus-
sit toujours avec les femmes. Il déplora que
la modicité de ses revenus ne lui eût jamais
permis de vaincre, par d'adroites libéralités, -
ses dernières résistances.

Catherine lui versait une chopine. Il l'em-
brassa.

— Lâchez-moi, tuait' Pic. Point de polisson-
neries. D'abord si la Jeanne, vot' femme,
elle vous voyait? Allons, ouste !...

De retour à la ferme, Pic, en attendant l'ar-
rivée d'Aumoitte, ajoutait les trois francs,
produit de sa vente, à vingt-deux francs dissi-
mulés au fond d'une vieille boîte à sardines, chanson des rues
qui lui servait de coffre-fort. Il enveloppait „ , . 9
les monnaies, grandes et petites, dans un " gomment, cocher, vousreta^

morceau de papier. 11 entendit des voix dans Dessins d'Albert Guillaume.
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