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Le rire: journal humoristique — N.S. 1908 (Nr. 257-308)

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https://doi.org/10.11588/diglit.25440#0663
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CONFITURE ET DECONFITURE

« L’Assistance publique vient de faire une commande de quatre-vingt-trois
mille kilos de confitures et de trente-cinq mille kilos de poires au jus. »
Pardon, m sieu l’marmeladier, si ça s’rait un effet d’vot’ bonté de m’changer mes poires au jus contre une paire de croquenots...

A BATONS ROMPUS

Que les personnes nerveuses se bouchent un instantles oreilles;
je vais pousser un cri d’alarme :

— A h a h h ah h h a h h h h !

Voilà qui est fait.

Et maintenant, écoutez-moi, lecteurs, lectrices, de qui les fil s
et les filles viennent de reprendre.le chemin du lycée, et vous,
chroniqueurs badins, qui, tous les ans, pondez deux cents lignes
joyeuses à propos de la rentrée des classes, prètez-moi, avec
intérêt, une oreille attentive!

Apprenez que, s’il n’est pas inutile de donner aux enfants
quelque instruction - on se trouve, en général, assez bien, dans
le cours de la vie, de savoir un peu lire, un peu écrire, et beau-
coup compter — les « lauriers », que vos phrases encourageantes,
parents bavards, plumitifs frivoles, engagent ces enfants à con-
quérir, ces lauriers leur peuvent coûter la vie. Je tiens ce ren-
seignement du docteur Esculape en personne.

Dissimulé sous ce pseudonyme trop modeste, le médecin d’un
lycée de Paris communique le résultat de ses observations sur
deux cent quarante-quatre aspirants bacheliers, pendant les deux
mois précédant l’examen. Symptôme indéniable de l’altération
de l’organisme, tous ces élèves ont perdu de leur poids : cette
diminution a atteint, pour certains sujets, jusqu’à 5.130 grammes,
soit plus que le poids d’un colis postal a vingt et un sous (à domi-
cile). Le docteur conclut de là qu’il y a vraiment une « maladie
des examens ».

Reste à trouver le remède et, pour cela, à découvrir, d’abord,
le microbe du baccalauréat. Dès maintenant, il n’est pas malaisé
de deviner à quel genre il appartient : le microbe du » bacc »
ne peut être qu’une « bacctérie ».

*

* *

En attendant que l’Institut Pasteur imagine un sérum appro-
prié, je pense qu’on supprimerait ce mal redoutable en suppri-
mant le baccalauréat lui-même, ainsi que le demandent, d’ail-
leurs, plusieurs universitaires, et non des moindres, parmi les-
quels, sauf erreur, M. Ernest Lavisse.

Cependant, tout en approuvant sa compassion pour les mal-
heureux potaches, je reste sceptique quant à l’eflicacité des
moyens proposés par M. Lavisse « pour mettre un sourire sur le
«euil lu collège » :

— Il y aurait, disait-il, dans une cour, sous la tente, une grande
assemblée de tous les élèves et de tous les maîtres. Le ministre
et le recteur y seraient représentés. Il y aurait une estrade ornee
de drapeaux, de guirlandes, de la musique, naturellement, et
(naturellement aussi) des discours... des chansons, une comédie,
un prestidigitateur, etc.

Combien je regrette d’être venu trop tard dans un siècle trop
vieux pour qu’il me soit permis d’expérimenter ces innovations!
J’aurais pris un bien vif plaisir à cette fête étrange, verres de
champagne choqués contre ceux de Virgile, allocutions univer-
sitaires panachées de couplets de Polin.

Trop heureux, sua si bona norint, les lycéens auxquels il sera
donné de savourer les joies du programme complexe et, j'ose le
dire, séduisant, que je soumets, en toute conliance, à la haute
approbation dë M. Lavisse :

Entrez dans cet établissement :

Chœur d’ouverture interprété par MM. les professeurs à l’unisson.

Discours de bienvenue,
prononcé par M. le proviseur.

Scène de « l’Enéide »

Adaptation par M. le professeur de rhétorique latine; Mm' Jeanne
Bloch, de La Scala, interprétera Didon et M. Coquelin Enée.

Salut, collège chaste et pur...e !

Cavatine chantée par M. X..., de la classe de rhétorique (vétéran).

Stances du « Poète mourant »

« Au banquet de Lavisse, infortuné convive »
dites par M. l’économe.

Car, bien entendu, cet apéritif littéraire sera suivi d’une
» collation classique », dont voici le menu :

Potage de santé

Pieds de compagnons d’Ulysse à la Sainte-Menehould
Têtes de minotaure à la vinaigrette
Homère à l’américaine
Castaneæ molles
et

Pressi copia lactis.

Que ce programme réussisse ou non, messieurs les collégiens
n’en devront pas moins témoigner leur reconnaissance au péda-
gogue intelligent, qui s'occupe de les distraire le jour de la ren-
trée, alors qu’autrefois, la porte du “bahut ’ à peine refermée
sur eux. on ne s’occupait que de leur serrer « la visse ».
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