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Le rire: journal humoristique — N.S. 1908 (Nr. 257-308)

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https://doi.org/10.11588/diglit.25440#0664
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Le résultat du Grand Prix d’Automne a causé une bien vive
satisfaction : la majorité des parieurs a pris la forte culotte,
grâce à la favorite Sauge Pourprée, qu’une légende mensongère,
mise en musique par M. Massenet dans le Jongleur cle Notre-
Dame, disait apte à faire des prodiges. Mais la défaite de l’Anglais
Radium par notre Biniou national a pallié cette déception. Cher
Biniou, toi qui consoles 1

Il n’est guère que les partisans de l’Inconnu, qui, voyant leur
poulain jeté dans les cordes par un de ses concurrents, ont
trouvé le procède un peu fort de café : il est vrai que le bouscu-
leur s’appelle Procope.

Les sommes encaissées par le « Mutuel », aussi, ont réjoui le
cœur des gens à qui une diminution passagère des recettes fai-
sait craindre la disparition prochaine du jeu d’Etat. Que devien-
drions-nous sans les courses? Tous les citoyens amis de l’ordre
ne peuvent songer sans frémir aux conséquences redoutables
qu’entraînerait pour eux la disparition des hippodromes : il fau-
drait donc qu’ils allassent perdre, désormais, leur argent dans
les tripots clandestins!

Qu’on se rassure ! Même si les éleveurs renonçaient à produire,
pour les matcher les uns contre les autres, de coûteux pur-sang,
il ne serait pas difficile de trouver, tout de suite, un autre sport
satisfaisant ce goût bien légitime qu’éprouve le public de dissi-
per rapidement sa bonne galette.

Il suffirait, par exemple, de créer des « courses de lapins »,
semblables à celles qu’on vient d’innover à La Havane, et qui
font fureur, paraît-il, au pays des cigares de luxe.

A l’extrémité d’une arène sont placées six niches. A l’autre
bout, une cage contient six lapins. La cage ouveite, les lapins
lâchés, on lance sur les rongeurs un chien muselé : pout suivis
par lui, les lapins se sauvent dans la direction des niches et celui
qui pénétre le premier dans un de ces refuges est déclaré vain-
queur. On affiche son numéro et l’on recommence.

Les gens intelligents qui me lisent ont tout de suite compris
qu’il est facile d’augmenter le nombre des lapins, des niches et,
par suite, l’intérêt et l’aléa de ces passionnantes « épreuves ».

Ils ont également remarqué qu’au contraire du sport hippique,
celui-ci n’entraîne qu’à des frais préalables insignifiants : un
lapinodrome, si je puis ainsi dire, peut facilement s’établir
n’importe où; l’entretien n’en coûtera presque rien. En outre,
on peut avoir dix mille lapins pour le prix d’une seule saillie du
célèbre étalon Flying Fox.

Notez encore que les canassons de courses sont générale-
ment trop coriaces pour être livrés à la consommation, tandis
que les lapins qui n’auront pas réussi dans la carrière sportive
pourront toujours finir, littéralement, et non pas en vertu de la
métaphore chère aux pelousards, “dans les choux”.

l’abonné du téléphone

— Sacrebleu! on vous a donné un numéro beaucoup plus élevé que
celui que vous aviez auparavant; on vous fait, à titre gracieux, passer
par la Roquette, et vous vous plaignez encore?

UN BON BOURGEOIS DANS SA CASERNE

Maintenant qu’il a des pantoufles, Lidoire réclame une robe de chambre,
une chaufferette et une lectrice. Dessins de Métivet.

Et, tout comme sur les chevaux, on peut très bien, sans aucune
préparation spéciale, se ruiner en pariant sur des lapins.

En vérité, je vous le dis : voilà le sport de demain. C’est le
lapin qui a commencé, c’est par lui que l’on finirai

*

* *

Du Japon, d’excellentes nouvelles nous parviennent de Mme Sada
Yacco : le Conservatoire d’Art dramatique qu’elle a fondé donne,
nous dit-on, des résultats admirables. Encore quelques années,
et les Nippons, dès maintenant, supérieurs aux Européens sur
le théâtre de la guerre, les vaincront sur le théâtre... du théâtre.

Et dire qu’il n’y a pas plus de dix-sept ans que le Mikado, par
un décret dont s’effarèrent les descendants des Samouraïs, auto-
risa les acteurs et les actrices à paraître simultanément sur la
scène, ce qui jusqu’alors était interdit pour des raisons de haute
moralité! Avant cette réforme importante, les scènes d’amour,
où se pâmait la sensible Mme Chrysanthème, n’étaient que des
manières de monologues alternés, quelque chose dans ce goût :

to-gu-ta-wa, seul en scène. — Eh bien! chère Kao-li-li-lu,
je puis enfin devenir votre époux; vos parents m’accordent
votre main. Ah! ma chérie, quel bonheur! (Il s'éloigne par le
côté cour.)

kao-li-li-lu, entrant par le côté jardin. — Ah ! moi aussi,
cher To-gu-ta-wa, lumière de mon matin, je suis bien heureuse 1
(Elle disparait.)

to-gu-ta-wa, reparaissant. — Ahl merci, fleur parfumée...
mais, maintenant, me refuserez-vous ce que je vous demanderai?
(Il s'en va.)

kao-li-li-lu, après s'être assurée que personne n'est plus en
scène. — Que souhaitez-vous, soleil bienfaisant, dont les paroles
oulent sur mon âme comme une eau bienfaisante? (Elle se
retire.)

to-gu-ta-wa, s’avançani vers le souffleur.— Ah! je ne me
possède plus; je me livre en aveugle au désir qui m’entraîne ;
ma colombe dorée, me refuserez-vous un baiser de fiançailles?
(Il se sauve.)

kao-li-li-lu, se dirigeant vers un fauteuil. — Maman m’a
donné la permission : le voilà! (Elle embrasse le vide avec un
émoi tout virginal et s'enfuit.)

to-gu-ta-wa, se précipitant en scène. — Ah! ma bien-aimée,
ma vie, mon rossignol, ma calandre! (Il ouvre les bras et les
referme pasionnèment. La salle est haletante. Tonnerre d.'ap-
plaudissements.)

Je sais un jeune premier qui ne serait pas fâché de voir s’ac-
climater chez nous les us de l’ancien théâtre japonais; car
son destin est de représenter, dans toutes les pièces, l’amoureux
d’une étoile, pleine de talent, certes, mais qui foudroie les
mouches, à quinze pas, et au commandement. Willy.
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