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Le rire: journal humoristique — N.S. 1908 (Nr. 257-308)

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https://doi.org/10.11588/diglit.25440#0775
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CHASSE A RAMBOUILLET. - LE PRÉSIDENT A TUÉ UN CERF

— Ah! sire! cxcusez-moi de ne pas vous avoir laissé l’honneur de tirer cette superbe pièce : c’est Clemenceau qui m’a fait une blague en me
disant que c’était un faisan...

A BATONS ROMPUS

Voict une nouvelle qui réjouira, nous en sommes convaincus,
la totalité de nos lecteurs, comme elle comble de joie notre émi-
nent maître et ami le sénateur Bérenger et nous-mème : la pros-
titution est virtuellement et sera bientôt effectivement abolie!

Oui, mesdames, oui, messieurs. Cet heureux résultat sera
obtenu grâce à M. Alfred Pichon, ingénieur, membre de la So-
ciété de Sociologie de Paris, et fondateur, en outre, d’une autre
association, l'Elite, dont le siège est à Paris, 28, rue Serpente.

Dans une brochure qui vient de paraître chez Giard et B ri ère,
M. Pichon publie son programme dont nous tenons à citer le
passage principal :

<« L'Elite prendra sous son patronage les jeunes filles inaptes
« au mariage par leur tempérament et par leurs penchants
<• marqués vers les relations sexuelles fréquentes et passagères.
« Ces filles feront vœu de pauvreté (sinon de chasteté) et Y Elite
<i se chargera de pourvoir à tous leurs besoins et de leur assurer
O une existence heureuse et exempte de soucis jusqu’à leur
« mort. Elles seront installées dans de vastes établissements de
« l'Elite, où, en dehors de leurs occupations journalières, elles
c seront, sous le nom d'hospitalières, autorisées à recevoir, à
« leur volonté et à leurs convenances, les visites des Elus, qui
« seront admis à ces établissements. Elles s’appliqueront à ren-
<i dre agréables et non déprimants les rapports sexuels, et elles
<i y trouveront pour elles-mêmes la satisfaction de leurs instincts
t. amoureux, sans aucune préoccupation étrangère au don de
<i leur personne, sans aucune arrière-pensée de lucre à l’égard
U de l’amant qu’elles auront volontairement accueilli.

« Les hospitalières pourront aussi être confiées temporaire-
» ment à un jeune homme, ou placées comme gouvernantes au-
o près d’un homme veuf, de personnes âgées, etc... »

Il convient d’ajouter que les hospitalières seront « de bonne
compagnie et leurs discours exempts de propos grossiers. Elles
cultiveront les arts, comme la musique, la peinture, le dessin, la
broderie, la tapisserie, etc. ». Elles seront « des compagnes très
agréables, affectueuses, désintéressées », et, en outre, « très
sûres », car elles seront soumises au « contrôle paternel de l’ins-
titution... L'Elite n’englobera que des sujets sains... »

M. Alfred Pichon ne doute point que, grâce aux débouchés,
si j’ose m’exprimer ainsi, ouverts j>&tI' Elite à l’activité physique
des jeunes gens « et des hommes mariés dans certains cas »
(sic), la prostitution, vaincue par une concurrence dont la gra-

tuité et la sécurité ne sont pas les moindres avantages, doive
disparaître à bref délai.

Nous le croyons aussi, et nous espérons bien que tous les
hommes qui disposent de quelque influence, tous ceux qui tien-
nent une plume, sans distinction de partis, auront à cœur de
favoriser une entreprise si intéressante. C’est le cas ou jamais
de faire montre de... tolérance!

*

îfc *

C’est si gentil la femme !

Une dame, plus très jeune, commandite à la fois un petit théâ-
tre « à côté » et le directeur artistique de cette scène minus-
cule. Mais celui-ci, récemment, fit une fugue avec une acteuse,
Italienne de nom : appelons-la Aida, pour ne désobliger per-
sonne.

La délaissée emplit l’air de clameurs malsonnantes, et, pre-
nant un machiniste à témoin de l’indignité de l’amant volage :

— Voyons, Ernesse, lui dit-elle, est-ce que ce n’est pas dégoû-
tant? Un garçon qui me doitjusqu’à ses chaussettes! C’est un...

Ici, le nom d’un poisson qui abonde dans les eaux de Dieppe.

Le machino Ernesse, lui, par déférence, abonda dans le sens
de sa patronne, et répondit :

— Probable que c’en est un!

Mais, le soir même, l’inconstant directeur artistique, s’étant
complètement décavé aux courses d’Auteuil, reparut et fit, pour
rentrer dans les bonnes grâces de la dame — euphémisme, que
me veux-tu? — tout ce qu’on attendait de lui.

Et, reconquise, la commanditaire lui murmura tendrement ;

— Cher amour, il faudra flanquer Ernesse à la porte : il a dit
que tu étais un poisson!

C’est ainsi que le machino Ernesse perdit une belle occasion
de se taire — et sa place.

Il y a des gens qui ne doutent de rien. Le tenancier d’une de
ces maisons que Y Elite précitée vise à remplacer avantageuse-
ment intente une action en dommages-intérêts contre un de ses
confrères qu’il accuse d’avoir débauché une de ses pensionnaires
(par « débauché » il faut entendre, simplement, que le défen-
deur a décidé la galante personne à quitter l’établissement du
demandeur).

Très probablement, le tribunal écartera de piano cette éton-
nante requête, parce qu’immorale. Si, pourtant, il jugeait « au
fond », le plaignant, croyons-nous, n’aurait pas davantage gain
de cause, car il y a un arrêt rendu par M. Magnaud, avant qu’ou
l’eût nommé député, arrêt qui nous semble fixer la jurispru-
dence sur ce point délicat.
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