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Le rire: journal humoristique — N.S. 1909 (Nr. 309-360)

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https://doi.org/10.11588/diglit.23996#0815
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Quelle famille! ou la démoralisation du papa, de la maman, du frère et de la sœur.

LE RIRE AL THÉÂTRE

Voici mon scalpel fort dépourvu; il pour-
rait bien, à la rigueur, s'exercer sur le cada-
vre de l'Article 301, article trop simple qui
a déterminé la mort. Mais je suis vivisec-
tionniste et je préfère me payer le Cœur du
Moulin, qui vient de battre joliment à
l’Opéra-Comique, tandis que Myrtil se dé-
battait péniblement le même soir.

Le premier ouvrage a sa part de symbole
et d’étrangeté. Un Languedocien aime une
femme mariée et se décide à l’enlover,
quand des voix sortent de partout : du puits,
qui, naturellement, emprunte, à l’orchestre,
les cordes ; de la forêt, avec le hautbois pour
interprète ; du rpoulin dont le cœur parle si
fort que l’adultère ne se consomme pas.
Cependant les ailes du moulin, moins ver-
tueuses, moins morales que le cœur prê-
cheur et gueulophone, se tendaient déjà
pour recueillir la coiffe conjugale de
l’amante. L’auteur de ce chaste poème s’ap-
pelle M. Maurice Magre, librettiste adroit ;
le compositeur s’appelle Déodat de Séverac.
Il a fait autour de cette intrigue une cer-
taine musique, sinon une musique certaine
de-ses tendances et de ses procédés. On
affirme, cependant, que M. Déodat de Séve-
rac est quelqu’un et qu’il n en restera pas
là. M. Alfred Bruneau, qui, lui aussi, s’est
attaqué victorieusement à un moulin, re-
connaît le talent de son jeune confrère.
L’harmonie règne si rarement entre ceux
qui la cultivent, que l’opinion du critique du
Matin, très sincère et très favorable au
Cœur du Moulin, valait une mention.

Myrtil est un « conte musical » non sans
charme, une partition de bonne facture
qu’un franc succès eût payée, il y a trente
ans. L’estime ne lui a pas manqué ni l’es-
timation non plus. On verra bien à la vente,
à la recette. Je ne serais pas étonné que le
public prit goût aux troisractes de MM. Au-
guste ’/illeroy et Ernest Garnier. Pour l’en-
chanter, il aura Nelly Martyl, mezzo-blond
et délicat, qui fait Myrtil, avec le plus job
sourire, épanoui en roses fraîches, et le

plus fin regard, blotti sur des pervenches,
qu’on puisse trouver à Paris.

Et, maintenant que j’ai fleuri Myrtil et
Martyl, courons à l’Opéra. Il y a un pas,
même des marches, surtout des démar-
ches. Le récent examen de danse a mis
tout le monde en mouvement :
les ballerines d’abord, leur
mère, leurs abonnés des trois
jours et des trois nuits, leur
sénateur, leur député, leur
agent de change et, enfin, leur
greluchon, qui fait les yeux
doux à l’étoile et à qui celle-ci
fait l’œil pour... les rayons.

Ce que MM. Messager et
Broussan ont reçu de recom-
mandations est inimaginable.

« Ils n’ont tenu compte que de
mon talent », disait une des con-
currentes, qu’une camarade
accusait d’avoir largement usé
du piston (rien de l’orchestre).

MUes M. P., B. L., G.F., J.K.,
ont quitté les coryphées pour
passer petits sujets. M. P. et
B.L., les deux premières — lés
autres aussi peut-être — sont
deux jolies filles, pleines d’es-
prit des pieds à la tête. Devant
ses aînées, une petite du deu-
xième quadrille cherchait quel
abonné elle pourrait connaître,
elle rêvait d’un député :

— Un député, — fit M. P., à
moins que ce ne fut B. L. —
c’est à peine la Chambre a
toucher ; prends plutôt un
banquier : la Bourse est la vie.

Ah ! si M. Gailhard voulait
publier les Mémoires qu’il con-
tinue à écrire, nous aurions
sur la danse, son foyer— et ses
flammes — de bien curieux
chapitres! Il assistait à la re-
présentation d'Aida où MUcJane
Marignan sut faire applaudir
son beau tempérament et son

généreux organe de tragédienne lyrique.

— Eh bien, mon cher directeur, quelle
nouvelle ?

•— En voici une, stupéfiante : On m’a
supprimé mon service, je paie ma place,voici
le coupon du fauteuil que j’occupe ce soir.

Le fait est exact — m’assure-t-on d’autre
part. MM. Messager et Broussan croient-
ils agir bien parisiennement en agissant
ainsi? Espérons que Gailhard m’a... tou-
lousé?

Comme l’examen de danse à l’Académie
de musique, les élections au sociétariat
agitent l’Académie de tragi-comédie qu’ad-
ministre si généralement M. Jules Claretio?

Leloir ayant lâché la rampe et sa part
entière, chacun en veut des douzièmes,
chacun en demande. Pour Huguenet, c’est
couru, c’était d’ailleurs promis ; pour Ravet,
c’est dû, pour Brunot, c’est probable, pour
Dessonnes, c’est... dans un an.

Les nombreuses femmes qui postulent :
Mmes Louise Silvain, Géniat et Roch ont
chances pareilles : la première est avan-
tagée, son mari faisant partie du Comité.
On remarquera que sur les trois favorites,
il y a deux tragédiennes.

La comédie n’est pas gaie.

Le médecin de service.

MANUEL A PARIS

Majesté, j’ai les plus hautes références

[Ulk, Berlin).
 
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