Le rire: journal humoristique: Le rire: journal humoristique (N.S. 1912 (Nr. 466-569))

Toute une famille est empoisonnée par
une vieille lépreuse facétieuse, Tilli (l'es-
piègle), et la lèpre qu'ils contractent à son
contact, affecte une forme heureusement
rare, mais absolument incurable : la lèpre
musicale.

Au surplus voici le récit de cette tra-
gique aventure :

Une vierge point folle, mais bretonne, lé-
preuse d'ailleurs par suite de fâcheuses hé-
rédités, rencontre un jeune fermier égale-
ment breton qui porte simplement et sans
chercher à en tirer parti, ce nom somp-
tueux : Ervoanik.

Ervoanik aime la lépreuse et veut l'épou-
ser, malgré que ses parents lui fassent à
ce sujet une musique de tous les diables
(et de M. Sylvio Lazzari, en outre).

A la suite d'un certain nombre de malen-
tendus regrettables, Ervoanik est amené à
boire dans la coupe où vient de boire sa
douce fiancée, l'héritière du 231" Arabe. Il
n'y a pas si loin qu'on le croit de la coupe
aux lèpres et une coupe suffit pourvu
qu'elle soit bonne. — Ervoanik qui avait
probablement les lèvres gercées et le
derme à vif, attrape la gale au passage,
comme un chien une mouche.

Et son corps aussitôt se couvre de pustules
Jusqu'à en faire trembler les gens sur leurs

[rotules.

Ainsi couvert de plaques, comme un chef
de protocole, il attend la venue de M. Azéma,
sénéchal des lèpres et eczémas, qui vient
le quérir, pour le conduire au Lazzari des
lépreux avant qu'il ait eu le temps de conta-
miner l'orchestre, le souffleur et les spec-
tateurs.

La cloche du starter sonne lugubrement
pour annoncer le départ de la procession,
et le couple des fiancés s'éloigne la main
dans la main pour aller s'acheter du cadum

Après l'assaut final au Gymnase, Bernstein et Guitry sont décorés, sur le champ de bataille, et dos gratte-dos. ...
du titre do surhumain. ■ ' " " Le rideau s empresse de tomber derrière

eux, accomplissant ce tour de force para-
LE RIRE AU THÉÂTRE doxal de couvrir deux lèpres à la fois.

(Dessins de Gus. Bofa.) * * *

~,~™~™' Communiqués.— De même que MM. Hertz

Au cours de sa récente assemblée géné- par toute la critique qui marche comme un et p01ueun donnèrent jadis une représen-
rale, VAssociation Syndicale des Lecteurs seul homme) donne? l'assaut, en flanc, à 'at,on du ,tral7n d,e 8. ?' 47 aux militaires de
du Rire (A.S.D.L D.R.) a émis le vœu qu'il ses adversaires. f a"s> et ,le Vaudeville une soirée aux cou-

soit fait à l'avenir cette présente page Après l'enlèvement final du bureau de turières de la rue 4e la Paix> M" ^iank
des théâtres, qui constitue, paraît-il, pour location par le public, tous les lâcheurs de con?t\e P°ur la semajne prochaine tous les
la plupart de ses membres, la seule docu- la première heure viennent offrir au vain- 'paitres a armes de la capitale a une ma-
mentation dramatique,impatiemment atten- queur l'expression de leur considération tinee de 1 Assaut. Avis aux amateurs,
due chaque semaine. distinguée. Vous pensez s'ils reçoivent de • Uirectl0n du Gymnase nous commu-

* Méritai un accueil cordial ! nique un beau trait de modestie de Lucien

* * La pièce se termine par l'apothéose de puitrv qu il convient de faire connaître a

Fortifie par cette idée que je contribue Guitry qui est enlevé aux nues par les ma- tous- a exige que son nom paraisse sur
ainsi puissamment à l'éducation théâtrale chinistes aux applaudissements d'une salle 'es a^c',es en petits caractères comme ceux
des foules, je dois désormais à mon rôle en délire'. de ses camarades et a abandonnô_ son fro-

d'abandonner le ton badin que j'ai parfois ' * mage blanc. On lui prête l'intention de ne

adopté dans le compte rendu des pièces, et * * pas s'en tenir là et d'exiger de M. Frantz

je commencerai dès aujourd'hui même. Bataille aussi à l'Opéra-Comique, avec une qu'il ne lui paie désormais que le cachet

D'ailleurs, mieux que des commentaires pièce clinico-musicale et essentiellement de ses camarades les moins favorisés,
humoristiques, le ton grave des soiristes dramatique : Le Médecin de service.

convient à l'étude des Premières de cette
semaine. Il n'y a, fichtre, pas de quoi plai-
santer ni avec l'Assaut ni avec la Lépreuse.

La pièce du Gymnase n'est rien moins
que la rentrée en scène de Bernstein, après
onze mois d'absence.

Contrairement à une information fantai-
siste annonçant qu'il donnerait, après Après
moi, le Déluge, sa p:èce s'appelle tout uni-
ment : l'Assaut.

Le sujet en est d'une simplicité clas-
sique. Le voici :

Un jeune auteur dramatique déjà célèbre,
Méritai, au moment où il va atteindre
l'apogée de sa carrière, se voit violemment
pris à partie par la concurrence jalouse,
pour des histoires de jeunesse oubliées.
Au lieu de s'en affecter et avec une science
tactique consommée, il bat en retraite, se
concentre en arrière de ses positions, exé-
cute un mouvement tournant admirable L'entrée en scène de Mm" Delna en lépreuse, provoque, à l'Opéra-Comique, certains troubles
vers la pièce à thèse, et vient enfin (appuyé physiologiques chez les spectateurs.