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L’affaire s’est arrangée... Il n’y aura j as de duel. Mais en
d’autres temps, deux écrivains se battirent et fort sérieusement
pour une question de jambes... Et le plus étonnant, c’est qu’il
s’agissait des jambes d’un homme, d’Hamlet, — lequel, il est
vrai, était incarné par Sarah-Bernhafdt.

- Hamlet était maigre ! affirmait Catulle Mendès.

— Hamlet était gras! soutenait Georges Vanor.

La querelle finit sur le terrain où Mendès fut très grièvement
blessé.

Tous deux sont morts depuis longtemps déjà : ils s’étaient
d’ailleurs réconciliés en se concédant réciproquement que le
héros de Shakespeare devait avoir un peu de ventre et les
jambes maigres.

Aux Etats-Unis, la taille de MllePolaire a failli provoquer, non
des duels, mais des émeutes... Dans chaque ville où descendait
la femme la plus laide et la plus mince in the loorlcl, des
reporters, des curieux et des curieuses se précipitaient,
armés de rubans, de ficelles pour lui mesurer la taille... Jamais
femme ne fut plus frénétiquement enlacée que Polaire au cours
de ce voyage à travers les Amériques.

C’est au point que la police dût s’en mêler, au nom de la
pudeur publique. A Détroit, dans le Michigan, douze gentlemen
ont été condamnés à l’amende pour avoir serré de trop près
the famous Polaire sous prétexte de lui mesurer la taille. Cette
taille, si mince cependant, a tenu une grande place dans les
conversations Américaines...

Polaire se demande si elle doit s’en montrer satisfaite ou
mécontente.

- En moi. dit-elle, on ne voit que la propriétaire de la plus
fine taille du inonde... Le nom de Polaire est associé à celui de

« taille ». Est-ce que je n’ai pas d’autres talents ? Je suis artiste.
avant tout...

Non, mademoiselle, votre renommée, vous la devez, unique-
ment, à votre taille.

Si j’ai un conseil à vous donner, n’engraissez pas, sous aucun
prétexte : c’en serait fait de votre succès à Cincinnati, à
Chicago et même à Paris.

C’est comme Jeanne Bloch; elle perdrait tout en perdant seu-
lement trente kilos... A moins cependant que Polaire et Jeanne
Bloch n’échangent ce que j’appellerais, si je l’osais, leurs dif-
formités.

* *

La science américaine fait des merveilles! Elle vient de créer
une machine qui permet de « mesurer l’amplitude des vibrations
de l’âme ».

Vous glissez une pièce de deux sous dans la petite fente après
être monté sur une petite plate-forme. Une aiguille tourne sur

Le costume de vice-président imposé à son élu par la gauche anti-
cléricale. Dessins de !.. Métivet.

un cadran, marque un chiffre et vous voilà renseigné sur les
vibrations de votre âme.

Cet appareil est très utile aux amoureux. En effet, ceux-ci
peuvent maintenant s’assurer qu’ils vibrent bien ensemble, chose
dont ils n’étaient jamais bien sûrs.

—■ Ernestine, dit Victor, monte un peu voir sur le machin...:
nous allons voir comment tu vibres.

Les deux sous sont introduits dans la petite fente... L’aiguille
tourne :

- 1681 constate Victor... Tu vibres, y a pas d’erreur! A mon
tour...

Pour Victor, l’appareil marque 170.

Voilà un couple qui vibre à l’unisson. C’est parfait... Mais
quelle déception quand les deux chiffres sont très différents!
Madame « fait » 237 et Monsieur ne dépasse pas 19... En
revanche, le petit cousin atteint 238. Voilà qui est inquiétant
pour le mari !

Au fond, elle est dangereuse, cette mécanique à mesurer les
vibrations... Elle va rendre impossibles les indispensables men-
songes de l’amour. Quand un galant dira à Ceïiméne : « je vibre
pour vous, » la coquette le mettra à l’épreuve en lui répondant:

— Placez-vous sur mon appareil.

— M’y voici...

— Avez-vous mis ce qu’il faut dans la petite fente?

— J’ai mis les deux sous.

— Eh bien, j’ai le regret de constater que l’aiguille ne marque
que 13... C’est vraiment fort au-dessous de la moyenne!

*

* *

Ainsi, l’amour devient une question de chiffres... Mais cela,
nous le savions déjà.

M. Louis-Charles-Emile Vial réduit l’amour à de simples for-
mules mathématiques. Je lis dans son savant ouvrage la Machine
humaine :

« L’analyse intime de l’acte conjugal fait connaître le méca-
nisme de ce travail... Qu’on veuille bien contempler sans effroi (?)
le couple engagé dans l’acte; le tableau n’est pas banal et il est
édifiant (??)

« Le masculin positif -j- s’actionne, il donne -f-; le féminin
négatif — subit l’action, elle reçoit —. »

C’est très clair, n’est-ce pas?

Mais l’extraordinaire, c’est que ces -(- et ces — finissent par
faire une multiplication... Et je ne parle pas des ménages
— helas! nombreux — où règne la division. Pick-me-up.
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