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Le rire: journal humoristique: Le rire: journal humoristique — N.S. 1914 (Nr. 570-600)

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https://doi.org/10.11588/diglit.25471#0145
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DECLARATION

— Vous m’adorez?... Allons donc! c’est pas sérieux..,

— Pas sérieux?... Est-ce que vous croyez que j'abîme mon

graphe sur le sol. A présent,
le torse avantageusement bom-
bé, la main sur le cœur, les
yeux langoureusement levés
vers nous, il s’apprête à mimer
ses plus beaux chants d’amour.

Tous les locataires de l’im-
meuble sont aux fenêtres! Le
fort ténor aphone va triom-
pher! [Le phonographe chante
un grand air d'opéra. Le fort
ténor aphone mime la scène.)

CHŒUR DES LOCATAIRES DE

l’immeuble. — Bravo ! C’est
exquis! C’est l’opéra à domi-
cile! (Une abondante pluie de
gros sous tombe dans la cour.)

l’épouse du banquier positif.

— Qu’il est troublant ! Mais
chut! Voici mon mari le Ban-
quier positif!

le banquier positif, entrant
et ricanant. — Je vois chère
amie que votre enthousiasme pour ce
misérable chanteur de cour n’a pas di-
minué! Vous venez, si je ne me trompe,
de lui lancer une pièce de vingt-cinq cen-
times! Peste, madame I

l’épouse du banquier positif. — Eh bien,
oui ! J’ai lancé vingt-cinq centimes à ce
grand artiste! Ce n’est certes pas vous qui
encourageriez les arts ! Jamais vous n’avez
lancé la moindre obole à ce pauvre mais
remarquable chanteur!

le banquier positif, à part. — Oh ! rage!
Plus de doute! ma femme est amoureuse
du fort ténor aphone! Veillons!

DEUXIEME ACTE
l’obole du mari

fLa scène représente l'appartement
du Banquier positif.)

l’épouse du banquier positif. — Chère
amie confidente, voilà déjà trois semaines
que je suis la maîtresse du fort ténor
aphone. Tous les jours dans le petit entre-
sol que j’ai loué à son intention, le grand

pantalon pour rien ?

Dessin de Manfreeini

artiste vient me retrouver. Ah ! les inou-
bliables minutes de volupté! Contrairement
aux véritables ténors qui doivent se ména-
ger pour conserver leur voix, mon cher
ténor aphone me prodigue sans compter
ses plus effarantes étreintes !

l’amie confidente. —- Soyez prudente.
Depuis quelques jours votre mari semble
plus sombre que d’habitude. Peut-être se
doute-t-il que le ténor aphone vous a donné
le grand frisson?

l’épouse du banquier positif. — Chut!
Pariez bas, mon mari travaille dans son
bureau. Mais c’est aujourd’hui le jour où
mon cher ténor vient chanter dans la cour.

l’amie confidente. — Justement le voici.
Ecoutez! Les notes puissantes du phono-
graphe montent jusqu’à nous.

l’épouse du banquier positif. — Oh !
ouvrons la fenêtre pour l’admirer !

l’amie confidente. — Non, mieux vaut
feindre l’indifférence pour endormir les
soupçons de votre mari. Les fenêtres de son
bureau donnent sur la cour. S’il nous
voyait écouter le fort ténor aphone cela
exaspérerait sajalousie. Soyez prudente.

l’épouse du banquier positif.— Soit! (Tres-
saillant soudain.) Oh! mais
quel est ce bruit formidable?
Et ce terrible cri d’agonie qui
vient de fendre l’air? [Elle ou-
vre la fenêtre.) Oh! c’est hor-
rible ! Mon amant, mon cher
ténor aphone, git complète-
ment écrabouillé au milieu de
la cour !

le banquier positif, à la fe-
nêtre de son bureau, d'une
voix sinistre. — Eh bien 1
chère épouse, me reprocherez-
vous encore de ne jamais lancer
la moindre obole à votre chan-
teur favori ? Voyez, j’ai été gé-
néreux ! Je viens de lui lancer
mon coffre-fort! [Par la force
de l'habitude, le chanteur de
cour, écrasé sous le co ffre-fort,
murmure : « Merci bien, Mes-
sieurs dames » et meurt.)

Dessin de J. Diiaam.

CHARMANTE SOIREE

Pourriez-vous me dire ce qu’elle
Ce doit être la sonate au clair de

joue !
lune ! !

Dessin de R. Pallier.

IliWmiHMIi!

Exquise Digestive

te-—
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