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APRÈS LE BAIN

UN HOMME CALME

— Dépêchons-nous de rentrer : je suis trempée jusqu’aux os.
Est-ce possible ? Dessin de Pierpik

— Comment, le baron vous insulte, vous gifle, et vous n’allez pas sur
le terrain ?

—; Oh! il me gifle tous les huit jours, soi-disant parce que j’ai une
tete a claque .. C est un maniaque ! Dessin de Nollat

LES BONS CONSEILS

Ne me parlez jamais des donneurs de
bons conseils, déclara Panuzeau soudaine-
ment hors de lui. Ah! les conseils des amis,
des parents : c’est du propre!

Tenez, moi qui vous parle, j’ai connu un
brave homme, un bien digne savant, dont
la vie a été gâchée, littéralement gâchée,
parce qu’il fut assez naïf pour suivre les-
avis des autres.

— C’est toujours la même chose : quand un
souverain est venu à Paris, à sa rentrée il com-
mande directement dix mille bouteilles de
Dubonnet !...

Panuzeau essuya une larme, et reprit :
— C’était une des gloires de l’Académie de
médecine : le célèbre professeur Ganglion ;
l’homme du devoir et de la science, austère
s’il en fût. Sa réputation était universelle.
Cependant ses amis s’inquiétaient :

« Vous travaillez trop, mon cher maître,
vous vous surmenez, vous vous usez; aban-
donnez vos travaux, votre Académie; chan-
gez d’habitudes, de vie, sinon vous vous
tuerez;... et patati et patata... » Si bien
qu’un jour le professeur Ganglion, docile,
quitta son Académie de médecine et, pour
changer, entra donc dans une autre : une
Académie de billards qui lui faisait des pro-
positions tentantes. Et cela fut le commen-
cement de sa dégringolade.

Dans sa nouvelle situation, il travaillait
surtout le soir et se couchait vers les mi-
nuit, ce qui, somme toute, n’était pas exa-
géré. Mais il se trouva encore une parente
de province aux mœurs casanières qui crut
devoir le morigéner : « Faites donc comme
« moi, conseilla-t-elle, vous vous en trou-
« verez bien : tous les soirs je me couche
« avec les poules; c’est excellent pour la
« santé. »

Et Ganglion, bon garçon, se coucha avec
les poules. Malheureusement, les poules
avec lesquelles il se couchait avaient des
habitudes déplorables, lui faisaient faire la
noce à Montmartre tant et si bien qu’il de-
vint tout bonnement une vieille vadrouille.

Mais enfin, sauf l’honneur, rien n’était
perdu et, redevenu vert sur ses vieux jours,
longtemps encore il aurait pu mener sa
joyeuse vie de bâton de chaise.

Un dernier conseil que lui donna sa fa-
mille fut pour lui le coup de grâce : c’était
ni plus ni moins qu’un conseil judiciaire.

Alors, ne jouissant plus que d’une minime
pension, il se vit en butte aux sollicitations
de tous ceux qui s’intéressaient à lui et qui
le supplièrent de mettre fin à ses débor-
dements — comme ils disaient —- et d’a-
cheter une conduite. D’abord il fit la sourde
oreille; puis, comme ils insistaient, il s’en
procura une à bon compte à la « Compa-
gnie parisienne du gaz ».

Hélas! huit jours après, une fuite s’y
déclara et le professeur Ganglion mourut
asphyxié.

Et voilà, conclut Panuzeau tout en larmes,
voilà à quoi ça vous mène d’écouter les
bo%s conseils. Gem.

— La fumée vous dérange, madame ?

— Oh! non, monsieur.., du moment que vous
fumez du vrai Zig-Zag !!

ü

BENEDICTINE

Exquise Digestive
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