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Le rire rouge: édition de guerre du journal le rire — 1914 (Nr. 1-6)

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https://doi.org/10.11588/diglit.25443#0012
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Bordeaux par la télégraphie sans fil, au moyen des rails de
tramways.

1er novembre. ■— Il paraît que toute la population parisienne a
été envoyée en Allemagne, que l’on a enrôlé de force les hommes
pour grossir notre glorieuse armée, et que les femmes et les
enfants sont employés dans nos omnibus, ou à faire de la bijou-
terie fausse. Si bien que ce qui reste de Paris donne tout à fait
l’impression d’un simple village.

2 novembre. — J’ai demandé où était la Seine. On a été obligé
de la combler pour établir des assises bétonnées nécessaires à
nos magnifiques pièces de 420. Quant à la tour Eiffel, elle a déjà
été détachée du sol et expédiée à Potsdam.

3 novembre. — 11 nous est interdit, sous peine d’être fusillés,
de causer avec les quelques personnes qui restent de la popula-
tion parisienne et qui ont été oubliées ici. Ces gens, pour abuser
les braves soldats allemands et pour amollir leur courage, leur
racontent qu’ils sont Flamands. Comme nous serions trompés,
sans la vigilance de nos admirables chefs !

Alors que j’étais tout seul, ce matin, avec Rudolf Stein, tam-
bour, il m’a dit, à voix basse :

— On nous raconte que nous sommes à Paris. On ne nous
apprend pas toute la vérité, car on a peur que nous ne nous lais-
sions aller à une joie trop exubérante. En réalité, nous sommes
bien plus loin que Paris. Nous sommes tout près de Grenoble,
puisque nos avant-gardes, hier, ont franchi l’Yser.

Et Stein m’a expliqué que ce nom de rivière s’écrit en fran-
çais : « Isère ».

Bientôt, nous occuperons toute la France.

4 novembre. — Hier, nous avons, à notre tour, traversé l’Yser,
ou l’Isère, comme on voudra. Il y avait, sur les deux rives, beau-
coup de cadavres des nôtres. L'oberleutnant m’a détrompé en
m’apprenant que c’étaient des corps 'de soldats français. Les

Quand on a comme tête une gueule d’obusier, l’âme est naturelle-
ment -« le vide intérieur d’une bouche à feu ». (Larousse.)

EMBUSCADIN DE CABARON

— Blessé ?

— Oui, sur l’Isère..., à Grenoble..., en débouchant une bouteille de

champagne. Dessins de L. Métivet.

ennemis déloyaux, en effet, n’ont pas honte de revêtir nos uni-
formes pour nous surprendre et essayer de nous massacrer. On
leur a fait la réception qu’ils méritaient.

5 novembre. — Chose curieuse! Hier, au soir, après m’être
roulé dans ma couverture, je m’étais endormi sur la terre ferme.
Ce matin, je me suis réveillé dans l’eau. Mes chefs m’ont obligé
à pousser trois « hourras », parce que notre empereur a eu
l’idée d’inonder le pays, pour noyer les Français, les Anglais et
les Belges. La campagne est terminée ; nous reculons pour
rentrer dans notre pays.

6 novembre. — J'ai fait prisonnier un soldat belge, et je lui ai
immédiatement donné l’ordre de me conduire au Havre. Il a
obéi sans discuter.

P. e. c. :

Adrien Véi.y.

LE RIRE DE LA SEMAINE

Nous comptions redonner à nos lecteurs, dès ce premier
numéro, notre habituelle chronique : Le Rire de la semaine,
pour laquelle un de nos littérateurs les plus illustres avait
accepté de remplacer notre collaborateur ordinaire, Clément
Vautel (Pick-me-up), actuellement sur le front. Cet écrivain,
que sa santé retient en province, dans une région où la vie est
absolument normale, nous a expédié mardi matin son article
qui ne nous était pas parvenu trois jours après. Nous nous
excusons donc et remplaçons aujourd hui cette chronique pai
une fantaisie. N. D. L. R.
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