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Le rire rouge: édition de guerre du journal le rire — 1914 (Nr. 1-6)

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https://doi.org/10.11588/diglit.25443#0049
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RÉOUVERTURE DES THEATRES

i/entrée au pas les applaudissements sont limités en cas d’incendie tout le monde reste au feu

Dessins clc Opnor.

LES PETITS PROFITS DE LA GUERRE

Le double miracle de cette guerre épique, ce sera d’avoir
ramené la concorde parmi les fils de France et délivré l’Europe
du joug des Barbares. La grandeur du but ennoblit tant de mas-
sacres.

Mais, en dehors de ces augustes fins, qui suscitent de si
magnifiques héroïsmes, la guerre aura apporté à certaines caté-
gories de gens des aises qu’ils ignoraient durant la paix.

Je connais une brave ménagère qui va jusqu’à souhaiter, dans
son égoïsme haïssable et béat, que les hostilités durent le plus
longtemps possible. Son époux, les samedis de paye, lui donnait
plus de gifles que d’écus. Depuis la mobilisation, elle touche
1 fr. 25 pour elle-même, 1 fr. 50 pour ses trois gosses, elle est
débarrassée d’un fieffé ivrogne, elle vit dans un intérieur pai-
sible et prospère, elle ne paye plus son terme, elle met de
l’argent à la Caisse d’Epargne... La guerre, pour elle, c’est le
paradis...

La profession de camelot est devenue aussi facile que lucra-
tive, à telles enseignes qu’elle a été envahie par les femmes.
Paris, comme Toulouse, comme Marseille, comme hier Bruxelles

nos galants alliés

— Souvenir ! souvenir! J’emporte! Ail rig'ht ! Dessin de Lubin de Beauvais.

et Anvers, s’est peuplé de sémillantes camelotes. Pour un sou,
on reçoit, avec le communiqué, un sourire affriolant.

Les vieux marcheurs et les jeunes embusqués profitent, eux
aussi, de la guerre. Les effets combinés du moratorium et de la
loi de l’offre et de la demande ont amené une baisse très sen-
sible sur les tarifs en usage avant le mois d’août. L’amour est
devenu à la portée de toutes les bourses, même les plus modestes.

Les faiseurs de mots et les lanceurs d’anecdotes sont à leur
affaire. Vous connaissez tous ce fâcheux qui s’approche de vous
mystérieusement, qui vous glisse son potin dans le tuyau dé
l’oreille d’un air entendu... Il le tient de bonne^source... Il a
des amis bien placés... Et il se taille son petit succès : on le
recherche, on l’invite... C’est un métier.

11 y a de jolis mots. Le dernier que j’ai entendu est charmant.
Il s’agit de cette comédienne piaffante et fastueuse dont les
magazines, naguère, nous donnaient tant de portraits, chez elle,
à la campagne, en bateau, dans les airs, en sous-marin...

Elle remplissait Bordeaux de ses caquetages prétentieux, de
son inutilité encombrante,.. Et comme elle n’est plus jeunette,
un académicien qu’elle venait de raser cruellement, soupira:

— Cette pauvre X... ! Elle a dû se tromper de guerre...

Gaston Derys.

LA MEULE
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