Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Le rire rouge: édition de guerre du journal le rire — 1915 (Nr. 7-58)

DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.25444#0489
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
corps. Chargé comme il est, le fils de la
Germanie ne va pas tarder à en avoir assez...

Mais le Boche ne semblait nullement
incommodé; prévoyant une course longue,
il avait adopté la position classique et sem-
blait au contraire prendre quelque avance.
Latreille, par surcroît, commença à sentir
dans le fond de son godillot un clou né-
faste, qu’il avait oublié de faire taper la
veille chez le bouif de la compagnie.

La situation devenait critique.

Rassemblant ses forces dans un sursaut
d’énergie, il s’arrêta à l’un des angles et,
escaladant nerveusement la meule, s’ins-
talla sans bruit sur le sommet.

L’air était pur sur la campagne ensoleil-
lée, une brise fraîche caressait agréable-
ment l’observateur cependant qu’en bas,
avec une régularité mathématique, l’autre
poursuivait le fuyard invisible.

Latreille se mit à chronométrer les tours.

Deux minutes... deux minutes quatre se-
condes... une minute cinquante-huit deux
cinquièmes... Le Boche était décidément un
crack de grand fond. Au cent cinquantième
tour l’allure faiblit cependant un peu, la

— Alors, maman, je ne devrai plus apprendre l’allemand? '

— Non, mon chéri, mais, comme compensation, tu apprendras le russe/ le serbe, le monté
négrin, l'anglais, l’italien, le flamand, le wallon, l’hindoustani et le cinghalais.

0 0 Dessin de Léo Lechevallier.

UNE CROIX DE GUERRE

Comme Latreille qui était de corvée d’eau, se disposait à rega
gner les lignes françaises, un Boche armé jusqu’aux dents surgit
de derrière la haie et le somma gutturalement de se rendre.
Latreille lâcha ses seaux et détala en cinquième vitesse dans la
direction hospitalière d’une gigantesque meule de paille. Il y
arriva juste pour entendre siffler à ses oreilles les cinq balles
imprécises d’un mauser mal ajusté et pour voir le soldat du
kronprinz s’élancer furieusement à sa poursuite.

Mais la meule était de taille et, serré de près par l’ennemi,
Latreille se mit, d’une semelle allégée, à en faire plusieurs tours
consécutifs.

— Heureusement que j’ai détenu pendant cinq ans les cham-
pionnats régionaux, soufflait le poilu en mettant les coudes au

L ARRIVEE DU
PERMISSIONNAIRE


— Ben, ma petite Lucette, t’es contente?...

— Tu parles!... Mais, dis-moi, quatre jours, combien que ça fait de

nuits ?... Dessin de Moriss.


— Bien que, vu mon âge, je n’aie jamais été au
^front, je me rends parfaitement compte..

de ce que c’est que recevoir des marmites.

Dessin de G. Pavis.

défaillance guettait le coureur. Il reprit
légèrement vers le cent quatre-vingt-cin-
quième circuit, puis l’allure faiblit à nou-
veau et sensiblement... Trois minutes. .
trois minutes trente... quatre minutes...
Au deux cent quatrième tour, la vitesse
tomba à cinq minutes. La fin approchait.
Latreille chronométra six minutes qua-
rante-huit secondes., sept minutes trois...

J’ai envie de descendre pour l’entraî-
ner, goguenarda-t-il in petto.

Enfin, au deux cent vingt-troisième tour,
le Boche, complètement à bout, s’effondra,
le visage contre terre et resta immobile, les
jambes raidies et le cœur battant.

Latreille, sautant de son observatoire, dé-
sarma son adversaire et le traîna dans les
cantonnements français.

Huit jours après, la citation paraissait à
Y Officiel :

« Latreille, Jules-Victor, soldat au .*

d’infanterie, a, quoique sans armes, fait
prisonnier un combattant ennemi et l’a ra-
mené dans nos lignes, après une poursuite
de treize heures. » René Gilly.

ancien ne GRANDE

DENTIFRICE

à la GLYCÉRINE
MARQUE FRANÇAISE
 
Annotationen