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Rochette, Desiré Raoul [Editor]
Monuments inédits d'antiquité figurée, grecque, étrusque et romaine (Band 1): Cycle héroique — Paris, 1833

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https://doi.org/10.11588/diglit.3750#0148
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ORESTEIDE. 157

mi-corps, aussi bien que la nymphe, par un procédé qui lient sans doute aux anciennes
habitudes symboliques de l'art, dont on trouve tant d'exemples sur les vases peints1, et
auxquelles n'était peut-être pas étrangère la pratique romaine, de représenter de même,
en buste ou à mi-corps, les personnages déifiés2. L'autel, placé à la gauche du prêtre, et
qui se termine par une espèce de corne, tournée en sens contraire de la volute ionique,
peut-être avec la même intention, et en raison de la même origine que celle-ci5; et les
pierres dont le sol est semé, et qui indiquent le rivage de la mer comme le lieu de la scène,
sont encore des détails qui méritent d'être remarqués, ne fût-ce qu'à cause de la simplicité
toute homérique dont ils portent l'empreinte, et qui montre à quel point l'art, si près de sa
décadence, continuait de suivre les traditions de son premier âge.

Le costume de Calchas présente des détails neufs et curieux. ïl est vêtu d'une tunique
orthostade, à longues manches, de couleur de pourpre, par-dessus laquelle sont ajoutées
d'autres manches de couleur verte, qui ne vont que du poignet jusqu'au-dessus du coude;
c'est, je crois, la première fois qu'on trouve figurée avec autant de netteté celte singulière
partie du costume antique". Une particularité presque aussi rare est le vêtement blanc,
avec bordures de pourpre, qui est attaché autour des hanches, et qui se sépare sur le
devant du corps en deux pointes triangulaires, d'une manière qui rappelle le tablier des
victimaires romains, sous une forme qui paraît originairement égyptienne. Calchas a la
barbe et les cheveux gris, et il porte une couronne Policier, conformément au rite grec.

L'exécution de cette peinture est assez négligée, et le dessin n'en est pas très-correct:
mais l'esprit véritablement antique qui respire dans toute cette composition; la manière
large et grandiose dont sont représentés les principaux personnages ; l'expression à-la-fois
naïve et profonde qui y règne, au milieu d'une simplicité toute homérique, donneraient
encore à ce monument un assez grand prix, quand bien même il n'offrirait pas à un si
haut degré l'intérêt du sujet et le mérite des accessoires.

couronne radiée, sont trop connus, pour avoir besoin d'être sur cette observation, à mesure que j'aurai occasion de produire

cités; les témoignages à cet égard ont été recueillis par les aca- des monumens de plus en plus décisifs.

démiciens d'Herculanum, Pitture, II, x, pag. 62 , not. h, au (Zf) Ces manches postiches nous font connaître avec certitude

sujet d'une peinture qui représente probablement Artémis et le sens d'un mot assez souvent employé par les anciens, pour

Apollon, l'un et l'autre avec la tête entourée d'un nimbe étoile. désigner une pièce de la garde-robe tragique ; c'est à savoir le

Sur la peinture que j'ai publiée, Achilléide, pi. IX, la figure où mot ^e/JW, que M. Boetligcr avait cru pouvoir traduire par

j ai cru reconnaître Sëléné, a le front ceint de même de rayons gants, Furies, note 28, p. 16-17, trad. franc. Les passages où

lumineux; et le péplus voltigeant au-dessus de la tête a été il est question de ces %«p/r%, dans Pollux, Onomast. 11, i5i ,

signale comme un trait caractéristique de costume propre aux vu, 62, et dans Suidas , vv. iduçâteoi et QctM.opô&i, n'étaient

divinités de l'air, et en particulier hSdléné, Visconti, Mas. P. pas suffisamment clairs, non plus cpie celui de Lucien, Jup.

Clem. IV, xvi. Notre artiste a donc représenté ici Artémis, sous tragœd. Ai, auquel il faut joindre celui de S. Jean-Chrysostome,

les traits et avec les attributs de Séléné, comme, dans l'idole Ilomil. vnr, en admettant l'ingénieuse et certaine correction

placée sur la colonne, il l'avait figurée sous ceux d'Hécate. de M. Boettigcr, ibidem. Mais le sens du mot xwb™<> donné

(1) Il suffit de citer le beau vase de Cadmus, Millingcn, Ane. comme synonyme de nâ^mortç , pour signifier une tunique à
uned. Monum. part. I, pi. xxvn , pour me dispenser de produire longues manches, A manches qui descendaient jusqu'au poignet,
d'autres exemples. Cuper, Apolh. Homer. 180, autorisait à croire que le mot %«f><Vec

(2) Le monument le plus remarquable à cet égard est celui signifiait habituellement les manches, ainsi que le dit d'ailleurs
de l'apothéose d'Anlonin et Faustine, sur le célèbre piédestal de en termes exprès le Scholiastc de Lucien , ad loc. laud. : fc«p/«/kc,
la colonne bustuaire, Visconti, Mus. P. Clem. V, XXIX, où Antonin t* utvuç teyifuva./uuriiuct, et que ce mot s'appliquait particulière-
et Faustine sont représentés en buste. A la même intention se ment aux manches postiches des vêtemens tragiques. Un curieux
rapporte sans doute l'usage qui s'établit, de placer sur les tom- passage de Xénophon ne laisse pas le moindre doute sur cette
beaux, nommés abusivement busta , l'image à mi-corps de la signification, Kyropœd. vm, 8, 17 : Âm* ^ mfi Zxfcuç -n»{ ^8p«
personne ensevelie, d'où l'on sait qu'est venu le nom de buste, XEIPIAAZ Jkaiim x, iMy*>A0W ï%vm, où l'on voit que les
donné à ces sortes d'images. manches fourrées sont désignées par x^P'^s <W*ç, et les gants,

(3) J'ai déjà indiqué ailleurs, p. , 10, not. 3, l'intention sym- par Jtofl«A»Î3p*«. Ce dernier mot, dont la signification indubitable
bohque de l'ordre ionique ; je reviendrai plus d'une fois encore résulte à-la-fois de son élymologie et de son emploi, suffit, du
 
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