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Rochette, Desiré Raoul [Editor]
Monuments inédits d'antiquité figurée, grecque, étrusque et romaine (Band 1): Cycle héroique — Paris, 1833

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https://doi.org/10.11588/diglit.3750#0163
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MONUMENS INÉDITS.

ou pilastres ioniques, avec un fronton. Cette même forme se retrouve en effet aux tombeaux
grecs taillés dans les rochers de Telmissus1 ; et c'est celle qui correspond à la disposition
intérieure de la plupart des sépultures de la Grande-Grèce2.

Ce serait 1 objet d'une digression beaucoup trop longue, et d'ailleurs déplacée en cet en-
droit , que d indiquer les nombreuses variétés de tombeaux qui durent exister chez les
Grecs, aux différentes époques de la civilisation, et telles qu'on peut s'en faire une idée,
à-la-fois d après les écrivains et d'après les monumens. Les vases peints offriraient une
foule d exemples, dans lesquels on puiserait sans doute plus d'un élément architectonique.
C'est une recherche qui n'a pas encore été essayée, et qui ne devait peut-être pas être
aussi négligée qu'elle l'a été jusqu'ici par les historiens de l'art antique3.

Dans le nombre de ces représentations de monumens funèbres qu'offrent si fréquem-
ment les vases peints, j'en publie une dont la forme m'a paru neuve et curieuse4. Ce
monument consiste en une base qui pose sur deux degrés, et qui est couronnée d'une
espèce de corniche ornée d'oves. Sur cette base s'élève Yédicule, dépourvue de porte et de
façade, et dont le plafond, décoré intérieurement de caissons, supporte à l'extérieur un
massif de cinq assises disposées en retraite l'une derrière l'autre, de manière à affecter une
forme pyramidale. Cette disposition très-remarquable doit avoir été empruntée primitive-
ment de celle du bûcher funèbre, puisque l'origine du mot s'accorde ici avec l'analogie de la
forme5; et ce qui n'est pas moins digne de considération, c'est que cette même sorte de
couronnement s'est retrouvée sur des tombeaux romains d'époque consulaire et impériale6,

ces termes : d bu/A A'ïJhv ^ Titpmipôvtiç ; ce qu'Horace appelle,
Carm. i, 4, 17 : Domus exilis platonia. Le plus souvent, on voit
figuré, dans l'intérieur de ces édicules, tantôt un héros debout et
armé, ou seul, ou avec un cheval, tantôt une femme assise, avec les
instrumens propres à son sexe, tels que le talaros, ou les symboles
de l'initiation. Quelquefois, il ne s'y voit qu'un candélabre, ou un
vase cinéraire, ou même une stèle , d'ordre ionique : cette dernière
particularité, curieuse sur-tout par la présence de l'ordre ionique
au sein même du tombeau, se rencontre sur un vase du musée
de Naples, Panofka, Neapels ant. Bildwerke, I, 3o9~3io. Cette
chambre sépulcrale s'appelait na/ua.^., ôapdiiuov, Ivcrietw; le sar-
cophage , qui y était déposé ( -mç àr *Ùtu cnn»ui(Mvii{ <rô&v, et dont
l'usage remontait aux siècles héroïques, à en juger d'après la
découverte de l'unie d'Oreste, Aincài- àpufjia), Herodot. 1, 68, de
celle de Thésée, Piutarch. m Thés. 36, et de l'urne en terre cuite,
xxecttMw o*èv ■> ou Ariane avait été déposée, et qui fut trouvée à
Argos dans la construction d'un temple, Pausan. 11, 23, 3),
s'appelait indistinctement Ôxkh', o-opôç, ou même tafla-riç, Lucian.
Philops. 27; c'est dans un vase de cette dernière sorte, et en
bronze, mQ^to; %aX>tti, qu'avaient été recueillis les restes de Pé-
lops, Pausan. vi, 22, 1. Voyez, au sujet de ces diverses dénomi-
nations, et de leur emploi dans les inscriptions sépulcrales, les
Marbres d'Oxford, part. II, tab. lxix-c, p. 111.

(1) Choiseul-Gouffier, Voyage pittoresque, t. I, pi. 67, 68,
p. 120. On a voulu voir, mais à tort, dans ces monumens,
grecs de forme, et grecs aussi par les inscriptions qui les ac-
compagnent, des monumens persépolitains, Hammer, Topograph.
Ansichten ges. auf ein. Reise in die Levante, 91-117; Heeren,
ldeen, etc. I, 263; et peu s'en faut même qu'on n'ait attribué à
l'ordre ionique une origine persane, sur la seule foi de ces tom-
beaux, d'une époque incertaine et d'une autorité équivoque,
Ott. Mûlier, deMde Minervœ Poliadis, vi, 33-34. Je me suis
déjà expliqué sur ce sujet, Journal des Savans, novembre 1826 ,
6/19 - 651 ; et je me borne à dire ici que, quelque opinion

qu'on adopte à l'égard de ces tombeaux , l'origine de l'ordre
ionique devra certainement se chercher ailleurs qu'à Telmissus,
ou à Persépolis.

(2) Les tombeaux de Canosa, de Pœstum, de Capoue, de Nola,
de Cumes, tels qu'ils sont figurés dans les ouvrages de Millin,
d'Hamilton, de Jorio, et que j'ai été dans le cas de les observer
moi-même, ont la forme d'un carré long, terminé le plus sou-
vent par un plafond ou toit à deux plans inclinés l'un contre
l'autre; forme qui correspond de tout point à celle d'un petit
temple à fronton. C'est cette même forme qu'offraient, par la
même raison, les armoires ou édicules en bois, vctÏJîa. Çvxiva.,
Polyb. vi, 56, armarium distegum, Gruter. ccclxxxiii, 4, où les
Romains renfermaient les images de leurs ancêtres. On trouve
beaucoup de renseignemens curieux, sur la disposition des tom-
beaux grecs de la Campanie, dans l'ouvrage du chan. Jorio,
Metodo per rinvenire e frugare i sepolcri degli Jntichi, Napoli,
1824, 8°.

(3) Stieglitz, Archaeol. der Baukunst, III, 45-66, et Hirt lui-
même , Geschichte der Baukunst, II, 1 34-136, se bornent à une
énumération des principaux monumens funéraires décrits par les
anciens ou observés par les modernes. Encore cette partie de
leur ouvrage paraîtra-t-elle bien incomplète et bien superfi-
cielle , à quiconque aura lu attentivement les anciens et consulté
les monumens.

(4) Voy. planche XXX. Ce vase est tiré du recueil inédit de
Millin, déjà cité plusieurs fois.

(5) Voy. plus haut p. 151, la note 1, sur le sens du mot mpi.
La forme du bâcher, telle qu'elle est représentée, entre autres
exemples, sur la Table iliaque, Schorn, Homer nach Jntiken,
vu, Taf. 11, conspire avec celle du monument figuré sur notre
vase, pour donner l'idée que l'une a servi de modèle à l'autre;
et les monumens cités dans la note suivante, ajouteront un
nouveau degré de vraisemblance à cette conjecture.

(6) Un des plus remarquables de ces tombeaux romains est
 
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