Histoire
CHAPITRE CINQUIEME.
Des Laboureurs, des Pajîeurs, des Artisans*.
LEs Laboureurs, lesPasteurs, «lesAr-
tisans, qui formoient les trois condi-
tions du bas étage en Egypte, ne laissoient
pas d'y être fort cstimés, sur-tout les La-
boureurs & les Pasteurs. Il faloit qu'il y
eût des emplois & despersonnes plus con-
iiderables , comme il faut qu'il y ait des
yeux dans le corps : mais leur éclat ne
fait pas mépriler les pieds , ni les parties
les plus balles. Ainsï, parmi les Egyp-
tiens , les Prêtres, les Soldats, les Savans,
avoient des marques d'honneur particu-
lières : mais tous les métiers , jusqu'aux
moindres, étoknt enéliime; parce qu'on
ne croyoit pas pouvoir sans crime mépri--
ser des citoyens dont les travaux , quels-
qu'ils fussent , contribuoient au bien pu-
blic.
Une autre raison superieure leur avoit
pu d'abord inspirer ces sentimens d'équité
& de modération , qu'ils conserverent
longtems. Comme ils deseendoient tous
d'un même pere , qui étoit Cham ; le
sou venir de cette origine commune, en-
core récente , étant présent à l'esprit de
tous dans les prémiers siecles, établit par-
mi eux une espece d'égalité, qui leur fai-
soit dire que toute l'Egypte étoit noble.
En effet, la différence des conditions, &
le. mépris qu'on fait de celles qui parois-
sent
CHAPITRE CINQUIEME.
Des Laboureurs, des Pajîeurs, des Artisans*.
LEs Laboureurs, lesPasteurs, «lesAr-
tisans, qui formoient les trois condi-
tions du bas étage en Egypte, ne laissoient
pas d'y être fort cstimés, sur-tout les La-
boureurs & les Pasteurs. Il faloit qu'il y
eût des emplois & despersonnes plus con-
iiderables , comme il faut qu'il y ait des
yeux dans le corps : mais leur éclat ne
fait pas mépriler les pieds , ni les parties
les plus balles. Ainsï, parmi les Egyp-
tiens , les Prêtres, les Soldats, les Savans,
avoient des marques d'honneur particu-
lières : mais tous les métiers , jusqu'aux
moindres, étoknt enéliime; parce qu'on
ne croyoit pas pouvoir sans crime mépri--
ser des citoyens dont les travaux , quels-
qu'ils fussent , contribuoient au bien pu-
blic.
Une autre raison superieure leur avoit
pu d'abord inspirer ces sentimens d'équité
& de modération , qu'ils conserverent
longtems. Comme ils deseendoient tous
d'un même pere , qui étoit Cham ; le
sou venir de cette origine commune, en-
core récente , étant présent à l'esprit de
tous dans les prémiers siecles, établit par-
mi eux une espece d'égalité, qui leur fai-
soit dire que toute l'Egypte étoit noble.
En effet, la différence des conditions, &
le. mépris qu'on fait de celles qui parois-
sent