I&f fflSTOIRE
ïraisons avec la Grèce & avec les nations
les plus policées, elle ne s'étoit pas mile
en peine d'en emprunter les belles con-
noilïances , dont l'acquisition n'entroit
point dans les vues de son commerce.
L'Eloquence, la Poësie, l'Histoire, sem-
blent y avoir été peu connues. Un Phi-
losophe Carthaginois, parmi les Savans,
paiseroit presque pour un prodige. Que
fcroit-ee d'un Géomctre ou d'un Astro-
nome ? Je ne sai s'ils faisoient quelque
cas de la Médecine si utile à la vie , &
de la Jurisprudence si nécessaire à la so-
cieté.
Au milieu d'une indifférence si mar-
quée pour tous les ouvrages d'esprit, l'é-
ducation de la jeune/Te ne pouvoit être
que fort imparfaite & fort grossiere. A
Carthage, toute l'étude, toute la science
des jeunes-gens se bornoit, pour le grand
nombre, à écrire & chiffrer, àdresser un
registre, à tenir un comptoir, en un mot
à ce qui regarde le trafic. Belles-Lettres,
Histoire , Ph'.losophie , c'étoient toutes
choses peu eltimées à Carthage. Elles fu-
rent même dans la suite des tems inter-
dites par les Loix, * qui défendoient ex-
pressément à tout Carthaginois d'appren-
dre la Langue Grecque, de peur que par-
là il ne se mît en état d'entretenir com-
merce , ou par lettres , ou de vive voix,
avec les ennemis.
Que
* Faftum Senatuiconsultum ne quis postea Cartha-
gincnsis, aut iitteris graecis , aut sermoni studeret;
ne aut loqui cum hoste, aut saibeie line intergietc
pQsset. Jvfttii, l. a.-*, j.
ïraisons avec la Grèce & avec les nations
les plus policées, elle ne s'étoit pas mile
en peine d'en emprunter les belles con-
noilïances , dont l'acquisition n'entroit
point dans les vues de son commerce.
L'Eloquence, la Poësie, l'Histoire, sem-
blent y avoir été peu connues. Un Phi-
losophe Carthaginois, parmi les Savans,
paiseroit presque pour un prodige. Que
fcroit-ee d'un Géomctre ou d'un Astro-
nome ? Je ne sai s'ils faisoient quelque
cas de la Médecine si utile à la vie , &
de la Jurisprudence si nécessaire à la so-
cieté.
Au milieu d'une indifférence si mar-
quée pour tous les ouvrages d'esprit, l'é-
ducation de la jeune/Te ne pouvoit être
que fort imparfaite & fort grossiere. A
Carthage, toute l'étude, toute la science
des jeunes-gens se bornoit, pour le grand
nombre, à écrire & chiffrer, àdresser un
registre, à tenir un comptoir, en un mot
à ce qui regarde le trafic. Belles-Lettres,
Histoire , Ph'.losophie , c'étoient toutes
choses peu eltimées à Carthage. Elles fu-
rent même dans la suite des tems inter-
dites par les Loix, * qui défendoient ex-
pressément à tout Carthaginois d'appren-
dre la Langue Grecque, de peur que par-
là il ne se mît en état d'entretenir com-
merce , ou par lettres , ou de vive voix,
avec les ennemis.
Que
* Faftum Senatuiconsultum ne quis postea Cartha-
gincnsis, aut iitteris graecis , aut sermoni studeret;
ne aut loqui cum hoste, aut saibeie line intergietc
pQsset. Jvfttii, l. a.-*, j.