DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.5560#0311
des Carthaginois. 279
à tout le monde les fautes qu'avoient
commis les Généraux ; & il fit voir au sii
clairement , qu'en gardant une conduite
oppofée, on pouvoit non seulement met-
tre le païs en sureté, mais en chasser l'en-
nemi. Un tel discours sît renaître dans
les esprits le courage & l'esperance. Ou
le pria, & on le sorça en quelque sorte,,
d'accepter le commandement de l'Ar-
mée. Quand on vit dans les exercices
qu'il fit faire aux troupes tout: près de la-
ville, la manière dont il s'y prenoit pour
les ranger en bataille , pour les faire a-
vancer ou reculer au premier lignai, pour
les faire défiler avec ordre & promtitude,en
un mot pour leur faire faire toutes les évo-
lutions & tous les mouvemens que de-
mande l'Art militaire; on fut tout éton-
né , & l'on avoua que tout ce que Car-
thage jusques-là avoit eu de plus habiles
Chefs, n'étoient que des ignorans en com-
paraison de celui-ci.
Officiers & soldats , tout étoit dans
l'admiration ; &, ce qui est bien rare, la
jalousie n'en empêcha point l'efset , la
crainte du danger présent & l'amour de la-
patrie étouffant sans doute dans les esprits
tout autre sentiment. A la morne con-
sternation qui s'étoit répandue dans les
troupes , succederent tout d'un coup la
joye& l'allégresTe. Elles demandoient à
grands cris & avec empreslément qu'on
les menât droit à l'ennemi, assurées, di-
soient-elles, de vaincre sous leur nouveau
Chef, & d'effacer la honte des défaites
palTées, Xanthippe ne laisfa pas refroidir
leur
à tout le monde les fautes qu'avoient
commis les Généraux ; & il fit voir au sii
clairement , qu'en gardant une conduite
oppofée, on pouvoit non seulement met-
tre le païs en sureté, mais en chasser l'en-
nemi. Un tel discours sît renaître dans
les esprits le courage & l'esperance. Ou
le pria, & on le sorça en quelque sorte,,
d'accepter le commandement de l'Ar-
mée. Quand on vit dans les exercices
qu'il fit faire aux troupes tout: près de la-
ville, la manière dont il s'y prenoit pour
les ranger en bataille , pour les faire a-
vancer ou reculer au premier lignai, pour
les faire défiler avec ordre & promtitude,en
un mot pour leur faire faire toutes les évo-
lutions & tous les mouvemens que de-
mande l'Art militaire; on fut tout éton-
né , & l'on avoua que tout ce que Car-
thage jusques-là avoit eu de plus habiles
Chefs, n'étoient que des ignorans en com-
paraison de celui-ci.
Officiers & soldats , tout étoit dans
l'admiration ; &, ce qui est bien rare, la
jalousie n'en empêcha point l'efset , la
crainte du danger présent & l'amour de la-
patrie étouffant sans doute dans les esprits
tout autre sentiment. A la morne con-
sternation qui s'étoit répandue dans les
troupes , succederent tout d'un coup la
joye& l'allégresTe. Elles demandoient à
grands cris & avec empreslément qu'on
les menât droit à l'ennemi, assurées, di-
soient-elles, de vaincre sous leur nouveau
Chef, & d'effacer la honte des défaites
palTées, Xanthippe ne laisfa pas refroidir
leur