de C y r u S1. 177
racle de Delphes, avoient beaucoup con-
tribué à engager Crésus dans cette guer-
re, qui lui tut li funeite. L'une étoit,que
Cre'sus devok se croire en danger lors-
qu'un mulet regneroit sur les Medes.
L'autre, que quand il passeroit le sseuve
Halys pour faire la guerre aux Medes, il
détruirois un grand Empire. Le premier
de ces Oracles lui sit conclure que , vû
l'impossib'lité de la chose, il étoit en plei-
ne sureté. Le sécond lui laiUbit esperer
qu'il renverserok l'Empire des Medes.
Quand il vit que les choses avoient tour-
né tout autrement , il dépêcha , avec la
permilîion de Cyrus, des Couriers à Del-
phes, qu'il chargea de présenter au Dieu
de sa part des chaînes d'or, & de lui faire
en même tems des reproches de ce que,
malgré les présens insinis qu'il lui avoit
faits, il l'avoit lî indignement trompé par
ses Oracles. Le Dieu n'eut pas de peine
à justiner sa réponse. Cyrus étoit le mu-
let dont l'Oracle avoit voulu parler , par-
ce qu'il tiroit fa nailsance de deux dirfe-
rens Peuples, étant Persan par ion Pere,
& Mede par sa Mere. A l'égard de l'Em-
pire qu'il devoit renverser, ce n'étoitpas
celui des Medes, mais le sien propre.
C'est par ces sortes d'Oracles saux &
trompeurs, que le Démon, cet Espritde
mensonge qui en étoit l'Auteur , abusoit
le genre-humain dans ces tems de ténè-
bres & d'ignorance, répondant à ceux qui
le consaîtoient en des termes si douteux
& si ambigus 3 que ouel que fût l'évene-
H s ment 3
racle de Delphes, avoient beaucoup con-
tribué à engager Crésus dans cette guer-
re, qui lui tut li funeite. L'une étoit,que
Cre'sus devok se croire en danger lors-
qu'un mulet regneroit sur les Medes.
L'autre, que quand il passeroit le sseuve
Halys pour faire la guerre aux Medes, il
détruirois un grand Empire. Le premier
de ces Oracles lui sit conclure que , vû
l'impossib'lité de la chose, il étoit en plei-
ne sureté. Le sécond lui laiUbit esperer
qu'il renverserok l'Empire des Medes.
Quand il vit que les choses avoient tour-
né tout autrement , il dépêcha , avec la
permilîion de Cyrus, des Couriers à Del-
phes, qu'il chargea de présenter au Dieu
de sa part des chaînes d'or, & de lui faire
en même tems des reproches de ce que,
malgré les présens insinis qu'il lui avoit
faits, il l'avoit lî indignement trompé par
ses Oracles. Le Dieu n'eut pas de peine
à justiner sa réponse. Cyrus étoit le mu-
let dont l'Oracle avoit voulu parler , par-
ce qu'il tiroit fa nailsance de deux dirfe-
rens Peuples, étant Persan par ion Pere,
& Mede par sa Mere. A l'égard de l'Em-
pire qu'il devoit renverser, ce n'étoitpas
celui des Medes, mais le sien propre.
C'est par ces sortes d'Oracles saux &
trompeurs, que le Démon, cet Espritde
mensonge qui en étoit l'Auteur , abusoit
le genre-humain dans ces tems de ténè-
bres & d'ignorance, répondant à ceux qui
le consaîtoient en des termes si douteux
& si ambigus 3 que ouel que fût l'évene-
H s ment 3