78 Histoire
amis de Lylandre s'étant oppofés à ce
Décret, & aiant mis tout en œuvre pour
faire retenir cet or & cet argeut à Spar-
te, l'affaire fut mise de nouveau en déli-
bération. Il semble que naturellement il
n'y avoit que deux partis à propoier,
qui étoient de donner un libre cours aux
espëces d'or & d'argent , ou de les dé-
crier absolument & de les proscrire. Les
prudens, les politiques , en trouvèrent
un troisiéme, qui, sélon eux , concilioit
les deux autres par un heureux tempé-
rament , en prenant un sage milieu en-
tre les deux excès vicieux de trop desé-
vérité, ou de trop de relâchement. Il
fut donc ordonné que la nouvelle mon-
noie d'or & d'argent ne seroit emploiée
que par le trésor public, qu'elle n'au-
roit cours que pour les seules affaires de
l'Etat, & que tout particulier qui s'en
trouveroit saisi, seroit mis à mort sur
l'heure.
Etrange expédient, s'écrie Plutarque !
Comme si Lycurgue avoit craint les es-
péces d'or & d'argent, 6c non pas l'a-
varice que ces espéces font naître : ava-
rice , que l'on éteignoit bien moins en
défendant aux particuliers d'en avoir ,
qu'on ne l'enssammoit en permettant à
la ville entière d'en amasser & de s'en
servir. Car il étoit imposhble qu'en
voiant cette monnoie en honneur & en
estime dans le public, on la méprilât en
particulier comme inutile, &: que cha-
cun regardât comme denulle valeur pour
les
amis de Lylandre s'étant oppofés à ce
Décret, & aiant mis tout en œuvre pour
faire retenir cet or & cet argeut à Spar-
te, l'affaire fut mise de nouveau en déli-
bération. Il semble que naturellement il
n'y avoit que deux partis à propoier,
qui étoient de donner un libre cours aux
espëces d'or & d'argent , ou de les dé-
crier absolument & de les proscrire. Les
prudens, les politiques , en trouvèrent
un troisiéme, qui, sélon eux , concilioit
les deux autres par un heureux tempé-
rament , en prenant un sage milieu en-
tre les deux excès vicieux de trop desé-
vérité, ou de trop de relâchement. Il
fut donc ordonné que la nouvelle mon-
noie d'or & d'argent ne seroit emploiée
que par le trésor public, qu'elle n'au-
roit cours que pour les seules affaires de
l'Etat, & que tout particulier qui s'en
trouveroit saisi, seroit mis à mort sur
l'heure.
Etrange expédient, s'écrie Plutarque !
Comme si Lycurgue avoit craint les es-
péces d'or & d'argent, 6c non pas l'a-
varice que ces espéces font naître : ava-
rice , que l'on éteignoit bien moins en
défendant aux particuliers d'en avoir ,
qu'on ne l'enssammoit en permettant à
la ville entière d'en amasser & de s'en
servir. Car il étoit imposhble qu'en
voiant cette monnoie en honneur & en
estime dans le public, on la méprilât en
particulier comme inutile, &: que cha-
cun regardât comme denulle valeur pour
les