d'Alexandre. 239
écrivit à Alexandre qu'il étoit prêt de
lui remettre entre les mains tout l'argent
& tous les meubles de Darius. Mais
voulant couvrir sa trahison d'unspécieux
prétexte, il feignit de ne se tenir pas as-
iuré dans la place, fie charger dès le
point du jour sur des porte-faix tout l'ar-
gent, avec ce qu'il y avoit de plus pré-
cieux dans la ville, & se mit en fuite a-
vec ses richeiïes, en apparence pour les
sauver , mais en effet pour les livrer à
l'ennemi, comme il en étoit convenu a-
vec Parménion , qui avoit ouvert la Let-
tre écrite au Roi. A la première vûe des
troupes que conduisoit ce Général, ceux
qui portoient ces fardeaux prenant l'é-
pouvante, les jettérent, & se mirent à
fuir, auffî bien que les soldats qui les e£
cortoient, & le Gouverneur même, qui
parut plus effraié que tous les autres.
On voioit des richeiïes immenses éparses
çà & là dans la campagnes tout l'or &
l'argent destiné pour le paiement d'une si
grande Armée; les superbes équipages
ae tant de grands Seigneurs &. de tant
de Dames;les vases d'or, les freins d'or,
les tentes magnifiques, les chariots aban-
donnés de leurs condu&eurs. En un
mot, tout ce que la longue prospérité &
l'épargne de tant de Rois avoient amasTé
depuis plulîeurs siécles, étoit abandonné
au Vainqueur.
Mais ce qu'il y aveit de plus touchant
dans ce desastre, étoit de voir les fem-
mes des Satrapes & des grands Seigneurs
de
écrivit à Alexandre qu'il étoit prêt de
lui remettre entre les mains tout l'argent
& tous les meubles de Darius. Mais
voulant couvrir sa trahison d'unspécieux
prétexte, il feignit de ne se tenir pas as-
iuré dans la place, fie charger dès le
point du jour sur des porte-faix tout l'ar-
gent, avec ce qu'il y avoit de plus pré-
cieux dans la ville, & se mit en fuite a-
vec ses richeiïes, en apparence pour les
sauver , mais en effet pour les livrer à
l'ennemi, comme il en étoit convenu a-
vec Parménion , qui avoit ouvert la Let-
tre écrite au Roi. A la première vûe des
troupes que conduisoit ce Général, ceux
qui portoient ces fardeaux prenant l'é-
pouvante, les jettérent, & se mirent à
fuir, auffî bien que les soldats qui les e£
cortoient, & le Gouverneur même, qui
parut plus effraié que tous les autres.
On voioit des richeiïes immenses éparses
çà & là dans la campagnes tout l'or &
l'argent destiné pour le paiement d'une si
grande Armée; les superbes équipages
ae tant de grands Seigneurs &. de tant
de Dames;les vases d'or, les freins d'or,
les tentes magnifiques, les chariots aban-
donnés de leurs condu&eurs. En un
mot, tout ce que la longue prospérité &
l'épargne de tant de Rois avoient amasTé
depuis plulîeurs siécles, étoit abandonné
au Vainqueur.
Mais ce qu'il y aveit de plus touchant
dans ce desastre, étoit de voir les fem-
mes des Satrapes & des grands Seigneurs
de