3i8 Histoire
Et * c'est ce qui rend moins étonnant
cet excès de hardiesTe qui étoit Ton ca-
ractère particulier, & qui lui faisoit as-
fronter aveuglément les plus grands dan-
gers ; puisqu'étant toujours heureux, il
n'eut jamais Heu de soupçonner qu'il eût
été téméraire.
Le Roi aiant campé deux jours près
du sseuve , commanda que le lendemain
on se tînt prêt pour la marche. Mais
environ les neuf ou dix heures du soir,
le Ciel étant clair & sérein, la Lune per-
dit premièrement sa lumière, & parut a-
près toute souillée & comme teinte de
sang. Et parce que cela arrivoit sur le
point d'une si grande bataille, dont l'é-
vénement donnoit déjà assez d'inquiétude,
.l'Armée fut touchée d'un fèntiment de
Religion, & ensuite saille de fraieur. Ils
crioient, ,, Que le Ciel leur faisoit pa-
„ roître tes marques de son courroux, &
qu'on les traînoit, contre la volonté des
„ Dieux , aux extrémités de la Terre,
j, Que les rivières s'opposoient à leur passa-
-, ge, que îes Astres leur refusoient leur
clarté accoutumée, & qu'ils ne voioienc
„ plus que des deserts & des solitudes,
„ Que pour l'ambition d'un seul homme,
„ tant de milliers d'hommes répandoienr.
„ leur sang , & encore pour un homme
?) qui dédaignoit sa patrie^ qui desavouoit
„ son
* Audacii quoque , qna maxira* viguit , iatio
minui potest ; quia nunquaro in discriiseiî Yênit, an,
ïuu«k secijfèt, c*rt. I, 4. t. 9,
Et * c'est ce qui rend moins étonnant
cet excès de hardiesTe qui étoit Ton ca-
ractère particulier, & qui lui faisoit as-
fronter aveuglément les plus grands dan-
gers ; puisqu'étant toujours heureux, il
n'eut jamais Heu de soupçonner qu'il eût
été téméraire.
Le Roi aiant campé deux jours près
du sseuve , commanda que le lendemain
on se tînt prêt pour la marche. Mais
environ les neuf ou dix heures du soir,
le Ciel étant clair & sérein, la Lune per-
dit premièrement sa lumière, & parut a-
près toute souillée & comme teinte de
sang. Et parce que cela arrivoit sur le
point d'une si grande bataille, dont l'é-
vénement donnoit déjà assez d'inquiétude,
.l'Armée fut touchée d'un fèntiment de
Religion, & ensuite saille de fraieur. Ils
crioient, ,, Que le Ciel leur faisoit pa-
„ roître tes marques de son courroux, &
qu'on les traînoit, contre la volonté des
„ Dieux , aux extrémités de la Terre,
j, Que les rivières s'opposoient à leur passa-
-, ge, que îes Astres leur refusoient leur
clarté accoutumée, & qu'ils ne voioienc
„ plus que des deserts & des solitudes,
„ Que pour l'ambition d'un seul homme,
„ tant de milliers d'hommes répandoienr.
„ leur sang , & encore pour un homme
?) qui dédaignoit sa patrie^ qui desavouoit
„ son
* Audacii quoque , qna maxira* viguit , iatio
minui potest ; quia nunquaro in discriiseiî Yênit, an,
ïuu«k secijfèt, c*rt. I, 4. t. 9,