suffît à imprimer à la figure antique infiniment plus de grâce et de souplesse. — La
jeune fille du XV8 siècle, avec son étrange coiffure cornue et ses bras posés l'un sur
l'autre, a aussi je ne sais quoi de gauche et de barbare, mise en regard du Poète
grec couronné de pampres et tenant des deux mains le rouleau de son manuscrit. —
Le soudard du XVe siècle représenté à la planche IX se présente dans une pose
presque identique à celle du petit guerrier grec de la planche X; mais celui-ci est
d'une proportion plus élégante comme d'un mouvement plus libre et plus senti.
L'artiste grec a tiré un meilleur parti de la ligne du javelot ; il a mis plus d'action
dans les jambes et même dans la tète.
Tournures et mouvements. — Pl. XI et XII.
La figure de Vittoria, le statuaire Vénitien, charme par la fierté de la tournure;
mais à moins de frais, c'est-à-dire avec moins de mouvements et de contrastes dans
les lignes, la bacchante grecque (1) est tout aussi pittoresque et plus élégante, d'une
proportion plus fine. — La jeune femme de Girolamo Compagna, avec sa draperie
volante que son brusque mouvement soulève, pourrait plaire, vue isolément ; le
voisinage de la Danseuse de Pompéï, si divinement svelte ei gracieuse, la rend à
l'instant épaisse et lourde. — Le sacrificateur que nous trouvons dans les loges de
Raphaël lui-même — malgré l'addition de l'animal à immoler — donne une
silhouette moins étoffée que celle du Pécheur grec du Musée Britannique.
Attitudes. — Pl. XIII et XIV.
Mêmes observations que ci-dessus. La Femme assise des peintures de Pompéï
remporte sur la Joueuse de harpe du XV'' siècle, par la souplesse du mouvement
comme par l'élégance de la ligne. — Avec autant do simplicité et de bonhomie que
son pendant du moyen-âge, le Philosophe antique assis de la glyptotèque de Munich
a plus de majesté dans l'attitude, plus d'ampleur dans l'ajustement.
Attitudes. — Pl. XV et XVI.
On ne peut mieux voir qu'ici combien peuvent différer dans l'antique et le
moderne, des figures représentées dans la même action et presque dans la même
(i) Publié Ja:is le Mméu antique cl modorne du comte île Clarac.
8 —
attitude. — L'Ange au livre de Donatello, si simple, se pétrifie, en regard du
mouvement si souple et si élégant de la Liseuse de Pompéï. La Prudence de Raphaël,
si élégante, devient, sinon maniérée, du moins étudiée et apprêtée à côté de la
joueuse d'osselets, d'un mouvement si vrai et si spontané, qui figure dans la déli-
cieuse composition d'Alexandre l'Athénien, Latone et Niobé.
Attitudes. — Pl. XVII et XVIII.
Dans aucune des deux figures antiques qui se présentent dans l'action et presque
dans la pose du Penseroso de Michel-Ange, l'artiste grec n'a dû recourir, pour
donner du mouvement et du caractère à sa figure, à l'expédient du grand maître
Florentin, plaçant sous le coude de son guerrier une cassette fantasque qui n'est là
que pour soulever le bras. Il y a aussi, dans la seconde figure, la Mnémosyne de la
collection Giustiniani, un accessoire, un escabeau; mais du moins est-il à sa place
naturelle, c'est-à-dire, sous les pieds du personnage. Avec une simplicité absolue,
qui fait ressortir ce qu'il y a d'un peu théâtral dans la puissante figure de Michel-
Ange, la première figure grecque, une Clio méditant du Musée d'Oxford, frappe par
un style aussi grandiose, un caractère plus saisissant. La Clio d'Oxford est profon-
dément réfléchie; le Penseroso pose, si j'ose dire, pour la réflexion.
Groupes. — Pl. XIX et XX.
Pris en lui-même, le groupe de ce guerrier du XVe siècle et de son (ils, sur
l'épaule duquel il s'appuie, est fier et charmant. Mais les deux figures tournent
vaguement aux. mannequins pris du beau groupe antique du Louvre, Mercure et
VulcMii. Les mouvements ici sont mieux pondérés ; et quelle souplesse de lignes,
quelle richesse d'intentions!
Groupes. — Pl. XXI cl XXII.
Voici l'un des spécimens les plus curieux de ces comparaisons. Raphaël a
certainement connu les types de ces trois Grâces antiques, qui doivent être imitées
des célèbres Grâces d'Apelles si l'on en juge par leur style exquis. Il les a connues
au moins par les trois Grâces de Sienne qui étaient aussi une imitation du même
çh3f--d'œuvre, tout comme les Grâces du Vatican et. comme les Grâces du
Louvre. Raphaël à -son tour a imité cette imitation, mais il a entrepris téméraire-
jeune fille du XV8 siècle, avec son étrange coiffure cornue et ses bras posés l'un sur
l'autre, a aussi je ne sais quoi de gauche et de barbare, mise en regard du Poète
grec couronné de pampres et tenant des deux mains le rouleau de son manuscrit. —
Le soudard du XVe siècle représenté à la planche IX se présente dans une pose
presque identique à celle du petit guerrier grec de la planche X; mais celui-ci est
d'une proportion plus élégante comme d'un mouvement plus libre et plus senti.
L'artiste grec a tiré un meilleur parti de la ligne du javelot ; il a mis plus d'action
dans les jambes et même dans la tète.
Tournures et mouvements. — Pl. XI et XII.
La figure de Vittoria, le statuaire Vénitien, charme par la fierté de la tournure;
mais à moins de frais, c'est-à-dire avec moins de mouvements et de contrastes dans
les lignes, la bacchante grecque (1) est tout aussi pittoresque et plus élégante, d'une
proportion plus fine. — La jeune femme de Girolamo Compagna, avec sa draperie
volante que son brusque mouvement soulève, pourrait plaire, vue isolément ; le
voisinage de la Danseuse de Pompéï, si divinement svelte ei gracieuse, la rend à
l'instant épaisse et lourde. — Le sacrificateur que nous trouvons dans les loges de
Raphaël lui-même — malgré l'addition de l'animal à immoler — donne une
silhouette moins étoffée que celle du Pécheur grec du Musée Britannique.
Attitudes. — Pl. XIII et XIV.
Mêmes observations que ci-dessus. La Femme assise des peintures de Pompéï
remporte sur la Joueuse de harpe du XV'' siècle, par la souplesse du mouvement
comme par l'élégance de la ligne. — Avec autant do simplicité et de bonhomie que
son pendant du moyen-âge, le Philosophe antique assis de la glyptotèque de Munich
a plus de majesté dans l'attitude, plus d'ampleur dans l'ajustement.
Attitudes. — Pl. XV et XVI.
On ne peut mieux voir qu'ici combien peuvent différer dans l'antique et le
moderne, des figures représentées dans la même action et presque dans la même
(i) Publié Ja:is le Mméu antique cl modorne du comte île Clarac.
8 —
attitude. — L'Ange au livre de Donatello, si simple, se pétrifie, en regard du
mouvement si souple et si élégant de la Liseuse de Pompéï. La Prudence de Raphaël,
si élégante, devient, sinon maniérée, du moins étudiée et apprêtée à côté de la
joueuse d'osselets, d'un mouvement si vrai et si spontané, qui figure dans la déli-
cieuse composition d'Alexandre l'Athénien, Latone et Niobé.
Attitudes. — Pl. XVII et XVIII.
Dans aucune des deux figures antiques qui se présentent dans l'action et presque
dans la pose du Penseroso de Michel-Ange, l'artiste grec n'a dû recourir, pour
donner du mouvement et du caractère à sa figure, à l'expédient du grand maître
Florentin, plaçant sous le coude de son guerrier une cassette fantasque qui n'est là
que pour soulever le bras. Il y a aussi, dans la seconde figure, la Mnémosyne de la
collection Giustiniani, un accessoire, un escabeau; mais du moins est-il à sa place
naturelle, c'est-à-dire, sous les pieds du personnage. Avec une simplicité absolue,
qui fait ressortir ce qu'il y a d'un peu théâtral dans la puissante figure de Michel-
Ange, la première figure grecque, une Clio méditant du Musée d'Oxford, frappe par
un style aussi grandiose, un caractère plus saisissant. La Clio d'Oxford est profon-
dément réfléchie; le Penseroso pose, si j'ose dire, pour la réflexion.
Groupes. — Pl. XIX et XX.
Pris en lui-même, le groupe de ce guerrier du XVe siècle et de son (ils, sur
l'épaule duquel il s'appuie, est fier et charmant. Mais les deux figures tournent
vaguement aux. mannequins pris du beau groupe antique du Louvre, Mercure et
VulcMii. Les mouvements ici sont mieux pondérés ; et quelle souplesse de lignes,
quelle richesse d'intentions!
Groupes. — Pl. XXI cl XXII.
Voici l'un des spécimens les plus curieux de ces comparaisons. Raphaël a
certainement connu les types de ces trois Grâces antiques, qui doivent être imitées
des célèbres Grâces d'Apelles si l'on en juge par leur style exquis. Il les a connues
au moins par les trois Grâces de Sienne qui étaient aussi une imitation du même
çh3f--d'œuvre, tout comme les Grâces du Vatican et. comme les Grâces du
Louvre. Raphaël à -son tour a imité cette imitation, mais il a entrepris téméraire-