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Saint-Victor, Jacques-Benjamin de
Tableau historique et pittoresque de Paris: depuis les Gaulois jusqu'à nos jours (Band 2) — Paris, 1809 [Cicognara, 4099-2; 4110-2]

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https://doi.org/10.11588/diglit.7590#0305
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288 QUARTIER

Les désordres et l'esprit de licence qui marquèrent ih fin de ce siècle
introduisirent peu k peu le relâchement dans cette maison. L'ordre et
l'esprit monastique se perdirent; on 'vit s'affoiblir par degrés la ferveur et
la piété des premiers temps ; et le relâchement en vint au point que les
divins offices, d'abord négligés, y cessèrent enfin tout-à-fait. Aux religieuses,
dont le nombre diminuoit de jour en jour, succédèrent des victimes infor-
tunées du libertinage, qui, bien différentes de celles pour lesquelles cet asile
avoit été fondé, cherchèrent moins à y cacher la honte de leurs désordres
qu'à se préserver de l'indigence, qui en est la suite ordinaire ; et ce lieu,
suivant l'expression d'une ordonnance de Charles VIII, fut appliqué à
pécheresses qui, toute leur vie, avoient abusé de leur corps, et à laf
fin étoient en mendicité. Résolu de faire cesser un tel scandale, ce mo-
narque ordonna qu'on fit venir des religieuses réformées de Fonte-
vrault pour occuper ce monastère ; mais quoique les lettres-patentes
données par lui à cet effet soient du 27 décembre i483, cependant quel-
ques discussions sur les droits que l'évêque exerçoit précédemment dans
cet hôpital, droits qui sembloient contraires aux constitutions de l'ordre
de Fontevrault (1) , apportèrent du retard à l'exécution des ordres
de Charles VIII. L'obstacle fut enfin levé par le sacrifice que le prélat
fît de ses privilèges, en considération de l'avantage qui devoit résulter
de ce changement5 et, dans l'année i494 ou I49^5 huit religieuses de
cet ordre célèbre (2) furent installées dans cette maison, où il ne restoit
plus que trois ou quatre des anciennes religieuses , et à peu près autant
de soeurs converses , qui négligeoient même de s'acquitter des devoirs de
l'hospitalité qui leur étoit confiée.

Les nouvelles religieuses, quoique toujours soumises à la règle de Fonte-
vrault, prirent le nom de Filles-Dieu, qu'elles ont conservé jusqu'à la des-
truction des ordres religieux, et continuèrent à exercer l'hospitalité prescrite
par le fondateur de la maison jusque vers l'an 1620, où l'hôpital et la
chapelle furent détruits. On ignore par quelle raison ce changement eut
lieu , et si elles y furent autorisées par les supérieurs ecclésiastiques ;

(1) Personne n'ignore que toute l'autorité, dans l'ordre de Fontevrault, résidoit dans l'abbesse, dont
les religieux mêmes dépendoienl immédiatement.

(2) On les avoit tirées du monastère de la Magdelaine , près d'Orléans, et de celui de Fontaine, près

de Meaux.
 
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