SAINT-DENIS.
5o9
LES FILLES DE LA CHARITE-
La maison principale des Filles de la Charité, également instituée par saint
Vincent-de-Paule, étoit vis-à-vis celle de Saint-Lazare. Quoique cet établisse-
ment ne fut pas fort ancien, les historiens de Paris ne paroissen t cependant pas
d'accord sur l'époque de son institution j cette discordance vient sans doute
des différentes manières dont chacun d'eux a considéré cet établissement
comme projeté, naissant ou consolidé par l'autorité civile et ecclésiastique.
En effet, dom Félibien et l'abbé Lebeuf placent l'institution des Filles
de la Charité en 1642 ; Piganiol en i633; La Caille et l'auteur des
Tablettes parisiennes en i653. On en pourroit faire remonter l'origine
jusqu'à l'an 1617 , dans laquelle ce saint prêtre institua en province l'Asso-
ciation de la Charité' des Servantes des Pauvres. Cette louable et pieuse
institution avoit pour objet de rendre aux pauvres malades les soins qu'exi-
geoit leur état. Elle se répandit dans les provinces voisines, e^t fut même
adoptée à Paris dans la paroisse de Saint-Sauveur ; mais une telle asso-
ciation n'étoit alors que ce que nous appelons encore aujourd'hui des
Assemblées de Dames de Charité. Le zèle et la prévoyance ne suf-
fîsoient pas; il falloit des forces et une certaine activité qu'on ne peut
guère trouver dans des personnes délicates et élevées dans toutes les
habitudes de l'aisance et de la mollesse : Louise de Marillac, veuve de
M. Legras, secrétaire des commandements de la reine Marie de Médicis,
se distinguoit alors par son ardente charité envers les pauvres , au service
desquels elle s'étoit particulièrement dévouée ; l'exercice des vertus chré-
tiennes augmentant de jour en jour l'ardeur de son zèle , cette vertueuse
personne désira de s'y consacrer encore d'une manière plus spéciale, c'est-
à-dire par un vœu solennel. Vincent-de-Paule, sous la direction duquel elle
s'étoit placée , l'ayant soumise aux épreuves réitérées que la prudence
exigeoit, lui permit enfin d'entreprendre l'utile établissement qu'elle
projetoit. Madame Legras commença, le 21 novembre iG33 , à en faire
5o9
LES FILLES DE LA CHARITE-
La maison principale des Filles de la Charité, également instituée par saint
Vincent-de-Paule, étoit vis-à-vis celle de Saint-Lazare. Quoique cet établisse-
ment ne fut pas fort ancien, les historiens de Paris ne paroissen t cependant pas
d'accord sur l'époque de son institution j cette discordance vient sans doute
des différentes manières dont chacun d'eux a considéré cet établissement
comme projeté, naissant ou consolidé par l'autorité civile et ecclésiastique.
En effet, dom Félibien et l'abbé Lebeuf placent l'institution des Filles
de la Charité en 1642 ; Piganiol en i633; La Caille et l'auteur des
Tablettes parisiennes en i653. On en pourroit faire remonter l'origine
jusqu'à l'an 1617 , dans laquelle ce saint prêtre institua en province l'Asso-
ciation de la Charité' des Servantes des Pauvres. Cette louable et pieuse
institution avoit pour objet de rendre aux pauvres malades les soins qu'exi-
geoit leur état. Elle se répandit dans les provinces voisines, e^t fut même
adoptée à Paris dans la paroisse de Saint-Sauveur ; mais une telle asso-
ciation n'étoit alors que ce que nous appelons encore aujourd'hui des
Assemblées de Dames de Charité. Le zèle et la prévoyance ne suf-
fîsoient pas; il falloit des forces et une certaine activité qu'on ne peut
guère trouver dans des personnes délicates et élevées dans toutes les
habitudes de l'aisance et de la mollesse : Louise de Marillac, veuve de
M. Legras, secrétaire des commandements de la reine Marie de Médicis,
se distinguoit alors par son ardente charité envers les pauvres , au service
desquels elle s'étoit particulièrement dévouée ; l'exercice des vertus chré-
tiennes augmentant de jour en jour l'ardeur de son zèle , cette vertueuse
personne désira de s'y consacrer encore d'une manière plus spéciale, c'est-
à-dire par un vœu solennel. Vincent-de-Paule, sous la direction duquel elle
s'étoit placée , l'ayant soumise aux épreuves réitérées que la prudence
exigeoit, lui permit enfin d'entreprendre l'utile établissement qu'elle
projetoit. Madame Legras commença, le 21 novembre iG33 , à en faire